Prime Minister’s Question Time : Aucun abonné épargné avec la Mass Surveillance mise en pratique

  • Rs 5,3 milliards pour les équipements et Rs 352 millions par an pour le servicing du système d’écoutes illégales

Au chapitre des écoutes téléphonique, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, s’appuyant sur un rapport préliminaire, maintient qu’aucun abonné des services de communication à Maurice n’a été épargné par le système illégal de Mass Surveillance opéré sous l’ancien gouvernement, dirigé par Pravind Jugnauth. Il ajoute que les équipements achetés à cet effet ont coûté plus de USD 110 millions (Rs 5,3 milliards). Leur entretien était confié à une compagnie basée à Dubaï pour USD 7,5 millions par an (Rs 352 millions). Il s’est interrogé au sujet de cette somme, se demandant même si une partie de ces fonds n’avait pas atterri « dans les poches de certains ».

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Navin Ramgoolam a d’abord rappelé que la protection de la liberté d’expression est inscrite dans la section 12 de la Constitution, qui stipule, entre autres, que chaque citoyen a la liberté de s’exprimer sans interférence externe, à moins qu’il n’en donne son accord. Ce qui l’amène à dire que l’écoute téléphonique constitue une atteinte aux droits fondamentaux et une intrusion à la vie privée.

« La population a été choquée – et peut-être même certains membres de l’opposition actuelle – d’apprendre, en octobre, à travers les Missie Moustass Leaks, que des conversations privées, impliquant des hauts fonctionnaires, des opposants politiques, ainsi que des membres du judiciaire et du corps diplomatique, étaient sur écoute du gouvernement MSM. Dès que j’ai assumé les fonctions de Premier ministre, j’ai demandé une enquête pour connaître les techniques et les activités utilisées par le précédent régime pour espionner les citoyens et de désactiver ce système. C’était une priorité. Je devais arrêter cette écoute téléphonique », s’est appesanti Navin Ramgoolam.

Il précise qu’il a fait appel à des experts internationaux. « Comme on le dit, le chat ne boit pas le lait chaud deux fois. Cela m’est arrivé avant. J’ai donc fait appel à des experts étrangers, de vrais experts, pour mener une investigation en collaboration avec des Senior Members de la police et du commissaire de police. Les résultats préliminaires de cette enquête sont choquants. Breathtaking », dit-il. Avant de révéler que le gouvernement MSM ne se contentait pas d’écouter les conversations téléphoniques de ses opposants, mais aussi celles de ses propres ministres et alliés, du PMSD entre autres.

« Le PMSD, entre autres, était concerné. Ce qui vous est arrivé après votre accident de voiture, ils ont tout enregistré. Qui vous a dit de faire ceci ou cela… tout. » Mais ils ne se sont pas arrêtés là, a ajouté Navin Ramgoolam. « Ils ont effectué une surveillance de masse. Ils avaient des sites multiples, où cela était pratiqué. Cela veut dire que le gouvernement avait mis en place un système pour surveiller et intercepter des appels téléphoniques et le trafic Internet dans le pays », dénonce-t-il.

« The system put in place is a highly sophisticated mass monitoring tool for State surveillance of the people of Mauritius », poursuit-il, en faisant état que chaque conversation téléphonique – sur ligne fixe ou mobile –, chaque post sur WhatsApp, Facebook, TikTok et autres…, chaque courriel… Le tout contrôlé, dit-il, par l’ancien gouvernement. « Pouvez-vous réaliser ce que cela représente ? C’est une surveillance massive ! Chaque donnée numérique provenant de n’importe quel citoyen était déroutée vers ce système pour stockage, analyse et exploitation. Quand Judas est venu approcher le leader du PMSD, il savait ce qui se passait. Le système avait la capacité d’intercepter et de stocker toutes les conversations. Toutes les conversations. Pas seulement quelques-unes; incluant les journalistes », avance-t-il.

« Quand la population souffrait et se plaignait du coût élevé de la vie ou des problèmes financiers, eux passaient leur temps à espionner tout le monde. Incluant la Speaker, même si elle n’est pas en politique. » Le Premier ministre a ainsi révélé que ce système a coûté plus de USD 110 millions, et USD 7,5 millions annuellement pour le servicing. « Et la population est en train de se plaindre du coût de la vie. L’ancien gouvernement, lui, a dépensé USD 110 M pour un système d’espionnage. Et il se peut que ce soit encore plus que cela. »

« Comment pouvez-vous dépenser des millions de dollars pour cela ? Cela veut tout simplement dire qu’il y a des millions qui sont partis dans la poche de certaines personnes. J’ai été révolté quand j’ai appris cela, et je suis sûr que tous les Mauriciens ressentiront la même chose. Voilà quelle était la priorité de l’ancien gouvernement et du leader du MSM. Maintenant, ils viennent sauter. Ils croient qu’ils seront élus à nouveau. »

Le Premier ministre a aussi indiqué que lorsque les experts et les officiers de police ont cherché à savoir quelles étaient les données qui avaient été interceptées, ils ont découvert que tout avait été effacé en parallèle à la proclamation des résultats du scrutin du 10 novembre. Mais il a aussi fait comprendre que les experts sont capables de retracer tout ce qui a été effacé. Il a également donné un avertissement à ceux qui ont détruit les preuves. « C’est un délit criminel de détruire des Evidence. Ils pensent qu’ils vont tout effacer et que nous ne saurons rien. Ils devront assumer la responsabilité de leurs actes. La loi sera appliquée et nous verrons s’il faut durcir la loi pour ce genre d’offense. »

Qualifiant l’ancien gouvernement de « régime mafieux et sans scrupule, faisant fi de la Constitution », il a assuré que l’enquête ira jusqu’au bout et dévoilera toute la vérité à la population. Le Premier ministre a donné la garantie qu’il a demandé de mettre un terme à cette surveillance, qui avait confisqué la liberté des citoyens : « All equipment have been catalogued, shut down and disconnected. The system is now disabled. Nobody will listen to what you say. »

Navin Ramgoolam a ajouté que non seulement le précédent régime utilisait la technologie de pointe pour les écoutes téléphoniques, mais avait également recours aux caméras, utilisées pour surveiller les mouvements de chaque citoyen du pays. Il a promis de tenir la population informée de l’avancée de l’enquête et est même disposé à déposer le rapport à la bibliothèque de l’Assemblée nationale.

Adrien Duval : Le PM a dit, le 20 janvier, qu’il n’a pas eu l’assurance qu’il n’y avait pas d’autres systèmes utilisés actuellement. C’est très sérieux, car non seulement il y avait tout ce système officiel que le PM a décrit, mais le téléphone de l’ancien PM lui-même était sur écoute. Étant donné que la vie privée des citoyens ainsi que le secret d’État sont concernés, n’est-il pas approprié de mettre sur pied une commission d’enquête pour faire la lumière sur toute cette affaire ? À commencer par savoir qui a commandité un tel système, l’argent dépensé pour cela, ainsi que qui a les copies ?

Le PM a dit que les données ont été effacées et il paraît que les données étaient conservées dans différents endroits. Si celles-ci ont été diffusées pendant la campagne électorale, cela veut dire qu’une ou plusieurs personnes peuvent être en présence de ces données. N’est-il pas temps de faire la lumière sur cette saga qui, il ne faut pas l’oublier, vous a conduit au pouvoir ?

Ramgoolam : Nous sommes venus au pouvoir parce que la population voyait ce qui se passait et a voté pour la liberté. La population est ce qu’elle est. Un peuple admirable, comme on dit. Je le redis, c’est pour cela que j’ai fait appel à des experts internationaux : le système a été démantelé. Mais comme vous le dites, c’est une enquête préliminaire. Nous ne pouvons dire pour l’heure qui possède quoi. Mais nous le saurons. We have to rub their face in the gutter where they belong.

Lesjongard : À vous entendre, nous comprenons que nous ne sommes pas encore arrivés à un accord. Au contraire, la situation semble de plus en plus sombre…

NR : L’accord conclu par l’ancien Premier ministre s’apparentait tout simplement à un Sell Out de l’archipel des Chagos. Ce qu’il n’était pas question d’accepter. Cela dit, la souveraineté était le plus gros problème. Il fallait que ce soit sans ambiguïté, sans dilution que nous ayons une pleine souveraineté, non seulement sur les Chagos, mais y compris Diego Garcia. Ce n’était pas dans l’accord.

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