Présence infâme du danger invisible

Il y a 40 ans de cela, l’ancien chef juge, Sir Maurice Rault, avait écarté d’un revers de la main des accusations concernant les pratiques de la table d’écoutes. La technologie de la téléphonie cellulaire ne faisait pas encore partie du paysage des télécommunications. Le rapport de la commission d’enquête Rault en témoigne.

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Durant tout ce temps, le law-abiding citizen a accepté cette logique d’État avec une pincée de sel. Toutefois, y a-t-il un professionnel de la presse qui peut dire que jamais un de ses interlocuteurs ne lui a dit : “Eh! Pa kapav koz lor telefonn sa. Nou zwenn laba pou koze.” Pourtant, les sources, qu’elles soient formelles ou anonymes, ont continué à établir des contacts au téléphone.

Pourquoi ? Simplement, tout un chacun avait gardé confiance dans l’intrépidité des institutions pour garantir les dispositions de la section 12 (1) de la Constitution à l’effet que : “Except with his own consent, no person shall be hindered in the enjoyment of expression, that is to say, freedom to hold opinions and to receive and impart ideas and information without interference, and freedom from interference with his correspondence.”

Aujourd’hui, avec le déferlement des bandes sonores sous les Missie Moustass Leaks, donnant une première indication des pratiques abusives, n’épargnant personne, même pas un juge de la Cour suprême, sans oublier le commissaire de police, cette prédisposition de la société civile est ébranlée. Au point d’entendre au coin de la rue, le plus innocent des abonnés de la téléphonie dire : “du reste, qui peut oser clamer que son intimité, garantie sous la Constitution, n’a pas été violée le temps d’un Call”.

Les digressions techniques et les débats savants, qui inondent les réseaux sociaux, sont loin de rassurer contre la présence infâme du danger invisible. Oui, danger et non ennemi. Un ennemi peut être vaincu avec des armes supérieures. Le terme danger se conjugue avec le verbe succomber.

Face au désarroi à peine dissimulable devant les proportions que prennent les Missie Moustass Leaks, les autorités sortent la carte du konplo, fabrikasion ek foste” en vue de nuire en cette période de campagne électorale. La thèse de l’intelligence artificielle (IA) est brandie pour convaincre. L’appui de ces experts, qui peuvent rédiger avec la main droite les vertus d’une affaire et avec la main gauche la perversité de la même chose, n’est pas difficile à embrigader.

Dans la conjoncture, la république a besoin de rassurer et d’être rassurée. L’adhésion à la thèse de l’IA pousse à épouser la dimension machiavélique de la démarche même si les interlocuteurs concernés n’ont aucune peine à reconnaître leurs voix sur les bandes sonores ou encore le fond de ces échanges.

Intrinsèquement, l’État est dans l’obligation de protéger les citoyens contre tout danger visible et invisible, portant préjudice à la sécurité de la nation. La première initiative a démarré d’un mauvais pied. Logiquement, la première ligne de défense est assurée par la police. Mais dans le cas présent, le déficit de confiance est abyssal. Pourquoi ? À ce stade, dans la majorité des bandes sonores ayant fait l’objet de fuites, le détenteur de ce poste garanti par la Constitution est cité en première ligne.

La seule confirmation du Deputy Commissioner of Police, Rashid Ali Beekun, des directives de son supérieur dans l’enquête sur l’accident dans lequel est impliqué le fils du leader du PMSD, Adrien Duval, disqualifie le commissaire de police, Anil Kumar Dip. L’acharnement politique de la police se résume à cette phrase : “To kone bannla inn tro tire, finn gagn zot la.”

À la décharge de la police, qui s’engage dans une Wild Goose Chase dans ce qu’elle décrit comme “publication of voice recordings on social media, un simple détail peut éclairer la lanterne du citoyen. Aux petites heures du matin, le vendredi 4 octobre, un sac est soigneusement déposé devant l’entrée des locaux du groupe Le Mauricien à la rue Saint-Georges.

Les images des caméras du Safe City Network établissent exactement la séquence des mouvements avec ce sac à la rue Saint-Georges, quelques minutes avant l’arrivée du premier responsable, prenant son service au bureau. La police est informée de ce colis suspect par les services de Le Mauricien, même si la version du Police Beat est plus romancée. Première conclusion de la police : ce colis contenait de la drogue d’une valeur marchande de Rs 1,3 million.

Première assurance de la police dans la matinée de ce vendredi : “Suspect known.” Les images du Safe City Network retracent le trajet du porteur du colis jusqu’à l’entrée de Le Mauricien. Depuis, silence radio autour de ce colis de drogue planté avant la levée du jour. Pour explication, doit-on avoir recours à une parodie : “To kone bannla inn tro tire, pa’nn resi gagn zot la”.

Et la république de Maurice doit se fier à ce système pour que les droits les plus fondamentaux soient respectés avec les pratiques criminelles de Phone Tapping?

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