Avec pas moins de 100 milliards d’exoplanètes estimées dans notre seule galaxie, la Voie Lactée, il est plus que vraisemblable que la présence de vie sur Terre est loin d’être un phénomène unique dans l’univers.
Pour autant, ce dernier reste relativement rare, tant de facteurs devant en effet être réunis pour la voir éclore. Ainsi, pour abriter la vie, les planètes doivent d’abord être de type tellurique (et donc rocheuse) et se situer dans une zone dite « habitable », autrement dit ni trop proche, ni trop éloignée de son étoile, auxquels cas il ferait ou trop chaud, ou trop froid. Ainsi sait-on que la moindre variation de température peut transformer une planète en fournaise ou en gigantesque glaciaire, à l’instar de ce que sont nos voisines directes, Vénus dans le premier cas, et Mars dans le second.
Autant dire que les fluctuations de températures sont d’une extrême importance, à la fois pour l’apparition de la vie et pour son maintien. L’histoire de notre planète, depuis l’apparition des premières briques du vivant, il y a environ 3,5 milliards d’années, regorge d’ailleurs d’exemples d’espèces ayant fait les frais de ces variations car aujourd’hui disparues. Et c’est ce qui risque bien de nous attendre aussi si nous poursuivons avec nos émissions carbone.
À ce titre, le rapport annuel de la National Oceanic and Atmospheric Administration, sur la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère terrestre, est des plus éloquents, ses auteurs notant ainsi que son taux continue de grimper, chaque année qui passe battant le record de la précédente. Ainsi, le dioxyde de carbone (CO2) a été mesuré à 414,7 ppm (parties par million), soit 2,3 ppm de plus qu’en 2020. En comparaison, celui-ci était de 280 ppm avant l’ère industrielle, taux qui sera d’ailleurs resté inchangé jusque-là pendant… 6 000 ans. Ainsi, en deux petits siècles seulement, l’humanité aura-t-elle injecté pas moins de 1,5 milliard de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Et cela sans compter le méthane, plus redoutable encore. Car nos émissions là aussi continuent de grimper. Et même si la « durée de vie » de ce gaz dans l’atmosphère est beaucoup plus courte que le CO2, son pouvoir réchauffant, lui, est bien supérieur au dernier nommé, absorbant en effet 28 fois plus de rayonnement infrarouge que le CO2.
Le souci, c’est que nos émissions de gaz à effet de serre continuant d’augmenter, leur concentration dans l’atmosphère poursuivra de facto leur ascension, affectant la Terre pour les années et décennies à venir. Or, comme nous l’avons expliqué plus haut, ces variations de températures peuvent compromettre dangereusement l’équilibre de notre planète, et donc de sa biodiversité. Biodiversité dont, est-il utile de le rappeler, nous faisons bien sûr partie.
Une étude vient d’ailleurs encore de rappeler la dangerosité de ces élévations de températures. Ainsi, selon ses auteurs, des millions de personnes seront exposées d’ici 2100 à des températures létales durant plus de la moitié de l’année, et ce, que nous parvenions ou non à limiter le réchauffement climatique. Et ce n’est encore que le scénario le plus optimiste, car « si nous ne nous ressaisissons pas, des milliards de personnes seront vraiment surexposées à ces hausses de températures d’une manière que nous n’avons fondamentalement jamais vue », dit à ce propos Lucas Vargas Zeppetello, climatologue à l’Université de Harvard.
Des six scénarios envisagés par les scientifiques, le constat est imparable : « Même si l’objectif de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à 2 °C est atteint, l’exposition aux niveaux dangereux de l’indice de chaleur augmentera probablement de 50 à 100% dans la plupart des tropiques et augmentera d’un facteur de 3 à 10 dans de nombreuses régions aux latitudes moyennes ». Autant dire que « ça va chauffer grave » !
Malgré cette annonce alarmante, nous avons encore bien sûr la possibilité – et les moyens – de réduire substantiellement l’impact climatique, et donc d’opter pour le meilleur des scénarios. Mais en a-t-on réellement la volonté ? Difficile de le croire, tant les indicateurs économiques nous semblent toujours aujourd’hui plus importants que ceux du climat. Comme quoi le sort de la planète semble être déjà scellé.
Michel Jourdan