Le retrait de la pétition électorale contestant les élections des trois députés de la circonscription No 1 la semaine dernière a été diversement commenté dans les milieux politiques. La principale concernée Arianne Navarre-Marie a justifié sa démarche samedi en affirmant que « le MMM n’avait pas confiance dans un nouveau recount ».
Ce qui n’a pas empêché les irrégularités enregistrées lors des dernières élections générales de 2019, selon elle.
Arianne Navarre-Marie, qui a participé à une cérémonie organisée par l’aile féminine du MMM pour marquer la Journée internationale de la Femme, rappelle que la dernière pétition entendue par la Cour suprême, en janvier dernier, avait débouché sur un Recount des bulletins obtenus par Jenny Adebiro et Ivan Collendavelloo.
« Ce Recount avait démontré les anomalies qui ont eu lieu lors des dernières élections au No 19 », dit-elle. Ainsi, un bulletin de vote du Grande-Rivière-Nord-Ouest et de Port-Louis Ouest (No 1), en faveur des candidats du MMM, s’était retrouvé dans le lot de bulletins du No 19. « Par ailleurs, 70 bulletins en moins avaient été enregistrés, ce qui n’avait pas empêché la poursuite de l’exercice de recount », s’étonne-t-elle.
« Si la Cour suprême avait tranché en faveur du recompte de bulletins au No 1, l’exercice aurait débuté avec un bulletin de moins. Ce qui aurait été un mauvais début. Combien de bulletins auraient pu manquer cette fois ? » poursuit ainsi Arianne Navarre-Marie, qui rappelle le faible écart qui la sépare des 2e et 3e élus, soit 47 et 61 voix respectivement.
« Nou pa finn fer konfians enn nouvo recount », maintient-elle. Elle a aussi dénoncé les irrégularités lors des dernières élections et invité le public « à la vigilance, face à la money politics qui se pratique à outrance ».
Tout en renouvelant sa confiance dans son parti et Paul Bérenger, son leader, Arianne Navarre-Marie, qui compte près de 40 ans de carrière dans la politique avec les Mauves, a rappelé les progrès intervenus au niveau de la condition de la femme à Maurice depuis 1982. Elle a rendu hommage à cette occasion à des personnalités comme Sheila Bapoo, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, Vidula Nababsingh et Lindsey Collen, « qui ont apporté une grande contribution à la lutte pour la reconnaissance des droits de la femme ».
« La femme est sortie d’un statut de soumission totale à son mari pour arriver aujourd’hui à jouir pleinement de ses droits. Mais il y a encore des progrès à faire », déclare-t-elle. Elle regrette que, malgré une législation contre la violence domestique, « les femmes continuent d’être victimes de leur conjoint ». En outre, malgré l’Equal Opportunity Act, « les femmes continuent d’avoir des salaires inférieurs aux hommes pour le même travail ». Elle a ensuite estimé important que le pays se dote d’une législation sur le viol conjugal.
Elle a également rappelé que les femmes « continuent de mourir aujourd’hui lors de leur accouchement, ce qui pose la question d’un système de santé déficient pour les femmes ». Sans compter, dit-elle, les grossesses précoces, « qui poussent les femmes dans un cercle vicieux, les forçant à occuper des postes inférieurs, faute de formation ».
Elle revient sur la nécessité de reconnaître la valeur des femmes et leur contribution dans la société. D’autant que son rôle est indispensable pour faire vivre les familles.
Intervenant à son tour, le leader du MMM, Paul Bérenger, s’est réjoui du choix du thème de cette année, « Egalité aujourd’hui pour un avenir durable ». Estimant que « le MMM est féministe depuis sa naissance », en 1969, il a tenu à féliciter « toutes les femmes et les hommes ayant travaillé pour que ce progrès puisse être réalisé ».
Il reconnaît que « même s’il reste encore beaucoup à faire, l’égalité entre les femmes et les hommes demeure un idéal. Et tant que cet objectif ne sera pas atteint, la lutte devra se poursuivre. (…) Beaucoup de législations ont été amendées, soit par le MMM, soit sous sa pression, mais d’autres doivent encore être revues. »
Il réclame ainsi que la clause 16 de la Constitution soit amendée « pour éliminer toutes les discriminations entre les hommes et les femmes ». Le Code Civil, le Code Pénal et l’Equal Opportunity Act doivent aussi être revus afin de consolider le droit de la femme.
Au chapitre du développement durable, le leader du MMM a rappelé les dégâts causés dans le monde par le changement climatique. Il déplore ainsi que les engagements pris lors des différentes conférences internationales, dont celle de Glasgow, l’année dernière, ne sont pas respectés.
Au sujet de l’invasion de l’Ukraine par les Russes, Paul Bérenger a souhaité qu’un cessez-le-feu puisse intervenir le plus vite possible ».
Sur le plan local, le leader du MMM estime qu « le pays est en danger en raison notamment de la corruption et la money politics, qui continuent de faire des ravages ».
Il fait ressortir que « la démocratie est menacée et l’économie s’achemine vers une catastrophe, tandis que l’inflation fait rage. Les femmes ont un rôle spécial pour sauver et redresser le pays. »
La cérémonie a aussi été marquée par une table ronde, à laquelle ont participé les membres de la Commission développement durable du MMM, dont Joanna Bérenger et Avinaash Munohur. Ces derniers ont fait ressortir qu’il « ne peut y avoir de vrai développement durable sans la participation de la femme ». Joanna Bérenger s’est appesantie sur le concept éco–féminisme, estimant qu’il y a un lien direct entre l’exploitation de la nature et la domination de la femme par l’homme. « La lutte pour la protection de la nature doit aussi tenir compte de la lutte pour la libération de la femme », estime-t-elle.
« Le développement de la femme signifie également le développement de l’humanité », reprend Joanna Bérenger en ajoutant que la femme est la première victime du réchauffement climatique, notamment en Afrique Subsaharienne, où elles jouent un rôle de premier plan dans le développement agricole. Du milliard de personnes affectées par la pauvreté dans le monde, 70% sont des femmes, dit-elle.
Joanna Bérenger a également souligné le rôle de la femme à Maurice, tout en citant en exemple la mère de Paul Bérenger, « qui l’a soutenu contre vents et marées, notamment quand il était en prison dans son combat politique ».
Avinaash Munohur est revenu longuement sur les résolutions adoptées lors de la conférence de Glasgow l’année dernière.