Pénurie de main-d’œuvre : L’hôtellerie lance une opération séduction afin d’attirer les jeunes

Pas moins de 3 000 postes sont actuellement vacants dans l’industrie touristique. La crise de la main-d’œuvre prend des proportions alarmantes et les hôteliers sont inquiets. Ils ont décidé de se regrouper afin de prendre le problème à bras-le-corps en lançant le collectif Les Métiers de l’hôtellerie, qui déploie bientôt une campagne nationale pour valoriser la profession, faire évoluer la perception autour de ces métiers et montrer aux jeunes les avantages de travailler dans le secteur.

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Face à certaines critiques, les hôteliers assurent s’être remis en question depuis la pandémie, proposant désormais des emplois à temps partiel et davantage de flexibilité à leurs employés. Travailler dans l’hôtellerie ne se résume pas à des stéréotypes, expliquent-ils. Cela apporte moult avantages aux employés, comme des tarifs hôteliers préférentiels pour leur famille, des pourboires et des primes, un « joli » boni de fin d’année, une assurance complète, un plan de retraite, des horaires flexibles, des formations, la possibilité d’obtenir des prêts et des repas gratuits.

 

Vincent de Marassé Enouf, Group Human Resource Manager de Constance Hotels et coordinateur principal du collectif, explique que « nous avons tous le même ressenti et partageons les mêmes problématiques, d’où notre choix de nous unir pour essayer de changer les choses ».

La campagne a été conçue à l’aide de divers supports et se tiendra entre juillet et décembre afin de valoriser les métiers de l’hôtellerie, dynamiser l’attractivité du secteur, mettre en lumière le savoir-faire hôtelier et montrer au public les opportunités du secteur et les avantages offerts.

Bref, il s’agit de rendre ses lettres de noblesse au travail d’hôtelier. « Souvent, il y a une perception de pénibilité associée au travail dans les hôtels. Nous souhaitons changer cette perception et montrer que l’hôtellerie offre de nombreux avantages et que l’on peut y faire carrière », poursuit Vincent de Marassé Enouf.

Grâce à cette campagne, le collectif espère attirer un maximum de jeunes à rejoindre le secteur, mais aussi des personnes en reconversion professionnelle. La campagne prévoit aussi des rencontres dans les institutions scolaires et des rencontres sur les plages avec les membres du public, afin de « créer un buzz et de la visibilité » sur les métiers du tourisme.

Le collectif comprend dix membres à ce stade : Beachcomber, SunLife, Lux, Attitude, Beau Vallon Hospitality, Rogers Hospitality, Hilton, Ninety-Six Hotel collection, Le Méridien et Constance Hotels. Le collectif invite les autres opérateurs du secteur à les rejoindre.

Le coordinateur principal du collectif explique que le défi de main-d’œuvre est de taille et que la situation a commencé à se dégrader peu avant la pandémie. « Depuis 2019, nous avons senti les prémices de ce phénomène. Nous avons entamé des études pour comprendre les attentes des jeunes et des parents par rapport au secteur hôtelier. Hélas, la pandémie n’a fait qu’accentuer ce manque d’attractivité », dit-il.

Les hôteliers expliquent que ce problème est mondial et que, localement, il y a déjà 3 000 postes vacants dans le secteur.

Pendant les mois qui ont suivi la pandémie, beaucoup d’employés du secteur se sont en effet reconvertis – par choix ou par obligation – vers d’autres métiers et d’autres secteurs, « et ne sont pas forcément retournés vers l’hôtellerie ». Autre phénomène qui a accentué ce désamour de l’hôtellerie mauricienne : la concurrence venue d’ailleurs.

« Beaucoup préfèrent aller travailler à l’étranger, découvrir le monde. Mais le secteur est en croissance à Maurice et il y a des opportunités, d’autant que chaque groupe hôtelier a déjà initié un travail de révision salariale et d’amélioration des conditions de travail, et introduit une dose de flexibilité », affirme Vincent de Marassé Enouf.

Derrière la plonge, des opportunités très variées

 

Les hôteliers ont réalisé grâce à leur étude que les jeunes ont souvent une perception erronée des métiers de l’hôtellerie. « Il y a une méconnaissance de ce que le secteur peut leur offrir et nombreux pensent que travailler dans un hôtel se résume à laver des assiettes et faire les lits. Mais il n’y a pas que ça. Il faut créer des expériences authentiques pour le client. Les postes à pouvoir ne se cantonnent pas qu’au housekeeping », explique Vincent de Marassé Enouf. Il y a ainsi des postes liés à la santé, la sécurité, l’environnement, la gestion, la vente, le marketing, l’e-commerce, la finance, la comptabilité, l’audit interne, le back-office et la communication, entre autres.

 

Karine Perrier Cure : « Redorer le blason de l’industrie »

Karine Perrier Cure, Chief Brand and Communication Officer de Beachcomber, insiste sur la portée de cette campagne : « Il faut redorer le blason d’une industrie qui n’était pas attractive pour les jeunes. Nous voulons montrer que l’industrie est vivante et dynamique. Nous voulons toucher les jeunes et les personnes en reconversion professionnelle. Nous avons travaillé sur des visuels publicitaires et nous-même allons porter des badges avec le logo du collectif. D’ailleurs, nous allons inclure ce logo sur nos propres campagnes. Il faut faire rayonner les métiers de l’hôtellerie. »

Elle a également invité le public à se rendre sur le site Internet (www.metierhotel.mu) afin de mieux comprendre ce que veut dire travailler dans l’hôtellerie, grâce à des témoignages et une liste d’avantages liés à ce métier. Le site permet aussi de trouver des offres d’emploi dans divers groupes.

Jean-Marc Ma-Poon (Sugar Beach) :  « De réelles opportunités à saisir »

Jean-Marc Ma-Poon, General Manager du Sugar Beach (SunLife), revient sur le fait que les touristes ne viennent pas à Maurice uniquement pour les plages et la mer, mais aussi pour « la chaleur et l’hospitalité mauriciennes » et « l’excellence de l’hôtellerie ».

Il estime qu’il faut profiter du fait que l’industrie touristique a repris. Le problème de main-d’œuvre affecte les hôteliers au quotidien. « Pour moi, en tant que General Manager, c’est un challenge au quotidien. Le secteur a du mal à attirer les talents et cette situation affecte nos opérations tous les jours. Il faut encourager les talents mauriciens à rejoindre notre secteur. Il y a de réelles opportunités à saisir. Personnellement, je compte près de 25 ans dans l’industrie, et j’ai eu une riche carrière à ce jour. » 

 

Quid des salaires ?

Les hôteliers ont été pointés du doigt ces derniers mois notamment sur le plan des pratiques salariales, mais ils assurent « faire des efforts », car il s’agit pour eux de rester compétitifs par rapport aux autres secteurs économiques. « Nous ne pouvons pas offrir de salaires dérisoires, car nous sommes en compétition avec d’autres industries. Nous offrons des primes et des bonus, et il faut aussi considérer les autres avantages, comme l’environnement de travail. »

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