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Padma Utchanah : « On ne s’approche pas du pouvoir pour le pouvoir »

La présidente du Ralliement mauricien pour la patrie, Padma Utchanah, fait un constat de la situation après avoir posé sa candidature dans la circonscription de Piton/Rivière-du-Rempart (No 7) lors des dernières élections générales sous la bannière de Linion Reform. Dans l’entrevue qui suit, elle explique pourquoi les citoyens votent principalement pour les partis politiques du mainstream. Pour elle, les partis qui ont été au gouvernement ont des moyens financiers considérables et, dans la réalité, il n’y a aucune limitation aux dépenses électorales.

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« L’opposition brasse des millions pendant la campagne électorale. Il y a, de manière corollaire, l’achat des consciences à partir du moment où le parti ou groupe en question dispose de gros moyens financiers. Mais le peuple a estimé que les extraparlementaires sont de toutes les façons des extraparlementaires et continueront d’incarner une forme d’opposition même si au Parlement il n’y en a pas ou presque pas », dit-elle.

Est-elle disposée à rejoindre l’Alliance du changement pour aider le pays ? Face à cette question, elle répond : « En tant que patriote, on ne peut refuser de servir son pays. Non, dans la mesure où je ne suis pas une courtisane du pouvoir. On ne s’approche pas du pouvoir pour le pouvoir. Et surtout pas d’une alliance politique. »

Encore une fois, la population a choisi les partis politiques du “mainstream” pour diriger le pays lors des élections générales. Qu’en pensez-vous ?

Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer. D’abord, le facteur de l’argent. Les partis qui ont été au gouvernement ont des moyens financiers considérables et, dans la réalité, il n’y a aucune limitation aux dépenses électorales. L’opposition brasse des millions pendant la campagne électorale. Il y a, de manière corollaire, l’achat des consciences à partir du moment où le parti ou groupe en question dispose de gros moyens financiers. Il y a le phénomène du vote utile qui a joué considérablement contre nous, les extraparlementaires. Nous n’avons pas, en amont, réglé correctement ce phénomène alors que nous savions qu’il allait se produire.

Pensez-vous que le peuple n’a pas besoin des partis extraparlementaires ?

Certains chez nous étaient d’avis qu’il fallait alerter le peuple sur le risque d’une victoire de 60-0 en faveur d’une des alliances vers la fin de la campagne. Il fallait peut-être mieux expliquer le rôle important de l’opposition dans le fonctionnement de notre système parlementaire. Mais le peuple a estimé que les extraparlementaires sont de toutes les façons des extraparlementaires et continueront d’incarner une forme d’opposition, même si au Parlement il n’y en a pas ou presque pas. Pour le peuple, il est acquis que les extraparlementaires reprendront leur service et s’opposeront au gouvernement. Ce n’est pas notre analyse. Nous estimons que le peuple a voulu, en son âme et conscience, donner les pleins pouvoirs à l’Alliance du changement.

Pourquoi, selon vous, l’Alliance du changement a remporté ces dernières élections générales ?

Il y a deux phénomènes qui ont joué. L’usure du pouvoir contre le gouvernement sortant. Après dix années au pouvoir, le peuple en a eu un peu marre de ses dirigeants et a eu envie d’en changer. Ainsi, ça crée le désir pour l’opposant officiel, en l’occurrence l’Alliance du changement.

Puis, arithmétiquement, leur victoire s’explique. En politique, en matière électorale, une addition des forces est significative dans le cadre d’une dynamique. Dans une dynamique électorale, 20+20 font 50. Le PTr et le MMM ont de grosses machineries. Le PTr et le MMM ont eu beaucoup de financement du secteur privé, de l’oligarchie. L’argent, comme je l’ai indiqué, joue un grand rôle dans la campagne électorale.

Est-ce que Linion Moris sera toujours présent sur le terrain ?

Linion Moris demeure avec sans doute des changements de style et probablement de dirigeants. Rama Valayden a indiqué son souhait de se retirer. Nous espérons qu’il a fait cette déclaration sous le coup de l’émotion. Mais tout démocrate qu’il est, il ne s’accroche à rien. On changera aussi de méthodes, fort probablement. Nous allons aussi devoir faire l’inventaire de ce qui n’a pas marché.

Que souhaitez-vous au nouveau gouvernement ?

En tant que patriote, je ne peux que vouloir le meilleur pour Maurice. Je souhaite que le gouvernement adopte une vraie posture du changement. Ce que les Mauriciens souhaitent, c’est simple : de la méritocratie ou la fin du copinage, la sortie sous l’emprise indienne.

Quel regard portez-vous sur votre campagne électorale dans la circonscription No 7 ?
J’ai apporté une nouvelle version de la manière de faire une campagne électorale Seule, j’ai parcouru les villages en bus, fait du porte-à-porte pendant des mois, collé mes affiches. À aucun moment, je n’ai eu peur. Je n’ai pas eu peur de rentrer seule dans les quartiers dits sensibles. J’ai parlé à tout le monde avec la même bienveillance et peut importe la couleur politique. C’étaient des moments de plaisir à sillonner les villages de ma circonscription. J’ai fait une campagne très démocratique, sans démagogie, sans l’aide de l’argent pour acheter les consciences comme certains l’ont fait.
J’ai avalé des kilomètres à pied avec toujours la même détermination, le même objectif : l’intérêt général. Ma famille de France est venue m’aider pendant la campagne. Faire du porte-à-porte avec mes enfants était la meilleure des façons de leur offrir une éducation politique et citoyenne.
Je dédie mon combat à mes trois enfants, et en particulier à ma fille qui fait une prépa en science politique. À l’entrée de Rivière-du-Rempart, sur un panneau, il est écrit « Bienvenue à Rivière-du-Rempart, village du courage ». Le courage d’être soi et de surmonter les difficultés. Ce message représente totalement la façon dont j’ai fait ma campagne.

Est-ce que vous êtes disposée à rejoindre l’Alliance du changement pour aider le pays si une offre vous est faite ?

Oui et non. Oui, s’il y a une mission d’intérêt général qui m’est confiée parce que je suis en capacité de l’exécuter. En tant que patriote, on ne peut refuser de servir son pays. Non, dans la mesure où je ne suis pas une courtisane du pouvoir. On ne s’approche pas du pouvoir pour le pouvoir. Et surtout pas d’une alliance politique.

Pourquoi, selon vous, l’Alliance Lepep a perdu les élections ?

Les faits sont là. Il y a eu, et c’est manifeste, trop d’abus de pouvoir, de mauvaise gouvernance, de trahison à l’État, de discrimination, d’atteinte aux libertés, de manipulation, etc.
Les élections villageoises ne sont pas pour bientôt. Je me suis engagée au niveau national pour être députée à l’Assemblée nationale, c’est-à-dire pour représenter toute la Nation, le peuple, pour débattre des problématiques nationales. Dans une élection locale, il s’agit d’enjeux purement locaux. Mais c’est vrai qu’un député doit tout aussi prendre en considération les difficultés auxquelles les électeurs de sa circonscription font face. Je dirais, pour répondre à votre question, que je prendrai ultérieurement une décision, au moment opportun.

Quels ont été les principaux problèmes soulevés par les habitants du No 7 lors de la dernière campagne électorale ?
Les problèmes liés à l’eau restent majeurs pour les habitants. Dans certains villages, ce sont les camions-citernes qui viennent livrer l’eau, comme il y a 50 ans de cela.
Les abribus ne sont toujours pas d’actualité dans certains villages. Les infrastructures des collectivités locales ne sont pas remises au goût du jour. Les jeunes se plaignent du manque d’espaces récréatifs. Ils n’ont aucun lieu pour s’exprimer. Les doléances qui reviennent à chaque fois, c’est que les candidats, une fois ministres, députés ou PPS, ne sont plus sur le terrain. Les habitants de la circonscription cherchent avant tout un élu de proximité.

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