JEAN PIERRE LENOIR
On le sait depuis longtemps, les clivages politiques n’ont jamais été favorables à la recherche de solutions lors de grandes crises de toutes sortes qui ont sévi un peu partout dans le monde. Guerres, catastrophes naturelles et épidémies ont toujours été vaincues lorsqu’il y a eu unité nationale au sommet de l’État car c’est seulement à ce moment-là que les hommes et femmes venant de partis politiques différents mettent de côté leurs partis pris pour s’atteler à la défense des intérêts nationaux. Mais il faut pour cela que l’exemple vienne de haut.
La crispation qui caractérise notre vie politique a fait de plusieurs de nos politiciens d’abord des garde-chiourmes de leurs intérêts partisans. Qu’ils soient partis d’opposition ou de gouvernement ces formations ont pour but ultime de détruire et de décrédibiliser l’autre afin de mieux asseoir leurs places aux affaires. Cette posture est devenue hélas, ici et ailleurs, la plus courante en matière de combat politique. Ces oppositions systématiques font les délices des amateurs de politique politicienne et le régal des journaux qui les relaient avec joie et allégresse. En temps normal, ces escarmouches souvent de basse extraction entretiennent un semblant de différence entre des partis que rien de fondamental ne sépare si ce n’est l’égo des dirigeants et de leurs lieutenants. La basse-cour se contente pour sa part d’applaudir les faits et gestes de leurs idoles sans se rendre compte qu’elle entérine souvent les pires manœuvres en se disant
« Qu’importe la bouteille pourvu qu’on ait l’ivresse… ». Ivresse de la politique à bon marché, ivresse du pouvoir éphémère, ivresse encore de l’illusion d’être au-dessus du lot alors qu’on patauge dans une médiocrité permanente pour certains.
Et c’est en général dans les moments tragiques comme ceux que nous vivons aujourd’hui que la gueule de bois nous assaille et que les grands hommes se révèlent, non pas en profitant de la situation pour asseoir leur pouvoir mais en dégageant cette noblesse de cœur sans laquelle rien n’est possible…Comme un peu partout ailleurs, nous prenons de plein fouet la mesure de nos limites en matière de gestion d’une crise non seulement sanitaire mais aussi économique. Et c’est aussi dans ces moments-là que les vrais hommes politiques, les hommes d’exception, sortent du lot pour mettre de côté leurs petites chapelles politiques et s’attaquer avec noblesse aux gros problèmes qu’ils ont à régler. On sait que c’est dans ces grands moments-là que certains leaders peuvent secouer leurs camisoles partisanes pour endosser l’habit plus noble de la grandeur de la tâche à accomplir en demandant aux adversaires politiques de se joindre à eux pour vaincre l’ennemi du moment.
Avons-nous dans les rangs des partis politiques actuels d’hommes faits de l’étoffe des héros capables d’ouvrir ces portes cadenassées ? J’ose le croire !
Les jours prochains nous le diront…