Après l’allocation des maroquins ministériels à une double équipe, composée de vieux routiers et de jeunes aux idées longues, place à la mise en marche de la machine. Et ce, sans oublier les maîtres mots qu’autant la population et les nouveaux dirigeants chérissent depuis cette fameuse déferlante qui a accouché du 3e 60-0 de l’histoire du pays. Car oui, nous ne cesserons de le marteler ici, la liesse populaire qui a envahi les quatre coins de notre petite île dès la tombée de la nuit du 10 novembre pour se transformer en cette magnifique déferlante massive, unie, bigarrée, et bon enfant, il faut absolument le préciser, dès la mi-journée du 11, ne doit absolument pas finir au fond d’un tiroir. Notre histoire, nous l’écrirons désormais ensemble, citoyens et nouveaux dirigeants. Autrement, cette alliance ne porterait de changement que son nom !
En revenant aux affaires, surtout après les épisodes dramatiques personnels – son lynchage organisé et public, filmé et retransmis en boucle des années durant grâce aux bons soins d’une station nationale de radio/TV soumise aux Jugnauth & Co; ses multiples tracasseries judiciaires; pire, la campagne dénigrante et en dessous de la ceinture tenue par la langue débridée de Jugnauth fils, qui n’en ratait jamais une pour ses évocations indécentes et de mauvais goût, et enfin son combat quand il a été atteint du Covid-19 semblent avoir transformé Navin Ramgoolam.
On le devine plus que jamais déterminé à marquer son empreinte en bâtissant cette île Maurice 2.0, celle que lui a léguée son père et qu’il a, très certainement, à coeur de lui offrir en gage d’hommage, d’honneur à sa mémoire. Une grande majorité de Mauriciens partagent l’avis que le Dr Ramgoolam a connu ce cheminement pénible et rude et qu’il fait sien le souci premier de remettre notre pays en orbite.
Mais pour ce faire, il faut de l’audace et beaucoup de courage. Il n’incombe pas que de se retrousser les manches. Pour commencer, pourquoi pas, de réduire considérablement les salaires mirobolants et autres benefits, genre limousine avec chauffeur, des nouveaux ministres ? Faire la différence requiert une volonté d’en finir avec certains clichés qui ont la dent dure. Mais aussi qui s’inscrivent dans une logique économique et de développement. Des mesures qui peuvent fâcher, nous le concédons.
Nous sommes confiants que dans l’intérêt supérieur de notre patrie, nos élus accepteront certains sacrifices. Bien entendu, le temps de remettre le pays sur les meilleurs rails, et pour bien prouver que Rupture et Renouveau ne sont pas que des mots vides; des formules insipides, usées, rien que pour gagner les élections ! Osez, chers nouveaux dirigeants. Puisque des années durant, pendant que vous étiez dans l’opposition, vous n’avez arrêté de clamer que vous êtes conscients des souffrances du peuple, alors faites un premier geste dans cette direction !
Ni le Dr Ramgoolam ni le citoyen lambda n’ignorent dans quel marasme financier ces dix années de mauvaises gestions, de corruptions et de largesses signées Pravind Jugnauth et ses complices nous ont plongés. Pour quelles raisons le peuple devrait-il continuer seul à trinquer ? Si les maroquins ministériels ont été alloués, et plusieurs des nominations principales effectuées, restent sur le carreau quelques éléments de ces nouveaux partis au pouvoir que la population souhaiterait voir dans les “right places”, car compétents et méritants. De même, dans le souci de mettre les femmes en avant-plan, pourquoi ne pas suivre les bonnes pratiques de pays comme le Rwanda en positionnant des femmes qui n’ont aucune couleur politique dans des postes clés de l’avancement du pays ? N’est-ce pas là une bonne garantie que ces personnes seront productives, encouragées à donner le meilleur d’elles et, surtout, rester loin des sombres pièges de coloration politique et donc “chatwa-istes” ?
Le cahier est grand ouvert, les pages blanches attendant d’être remplies. À nous d’écrire notre histoire. Avec les plumes et les accents qu’il faut. Une chose est sûre : nous avons le devoir, moral et humain, de changer les choses dans la bonne direction. Au nom de nos enfants et de ceux qui seront les enfants de Maurice de demain. Sinon, nous ne serons que des médiocres dans leurs yeux. The choice is ours, now… or never.
Husna Ramjanally