- OB 1065/2024 (Pulse Analytics Saga) : cet ordre émis hier par l’ACP Rajaram du Central CID et logé au Passport and Immigration Office
- Credibility Test déterminant pour l’ex-CEO de la MIC, Jitendra Bissessur, après l’inculpation du Central Bank Governor of the Year (Africa)
- L’ancien gouverneur de la Banque centrale, Harvesh Seegolam, attendu en Cour le 25 juin prochain
L’opération Savat Dodo, avec le premier dossier de détournement de fonds de USD 1 million (Rs 48 millions) au préjudice de la Mauritius Investment Corporation Limited (MIC), ébranle dorénavant l’Hôtel du gouvernement. La cible visée, et non des moindres, n’est autre que le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, connu également dans le jargon de l’ancien pouvoir politique comme le trésorier attitré de Lakwizinn du Prime Minister’s Office. L’étau se resserre sur lui avec une Notice of Arrest on Departure émise contre l’ancien Grand argentier par le Central CID dans le cadre de l’OB 1065/2044 portant sur les magouilles financières en faveur de Pulse Analytics, avec décaissement des fonds détournés le 28 octobre de l’année dernière.
L’ordre a été logé au Passport and Immigration Office depuis hier contre ce détenteur d’un double passeport, soit mauricien, portant le matricule 1572154, et français, 16AV12945. Renganaden Padayachy dispose également de trois adresses résidentielles, soit 74, rue Pope Henessy, à Beau-Bassin; 6, impasse Mgr Leen, Beau-Bassin; et Domaine Gris-Gris, Souillac. Aucune indication n’est fournie quant à ses coordonnées en France. Le Timing de placer sous contrôle de la police les mouvements d’un ancien Senior Minister du précédent gouvernement dirigé par Pravind Jugnauth fait suite à l’interrogatoire et à l’inculpation provisoire de l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam.
Même si les indications pourraient être que des éléments compromettants à l’encontre de Renganaden Padayachy auraient pu transpirer dans le sillage de l’arrestation de Harvesh Seegolam, aucune des sources approchées par Le Mauricien n’a voulu s’aventurer à se prononcer sur ce détail à cette étape cruciale du premier dossier dans la série Savat Dodo, qui risque de comporter plusieurs saisons, vu le cumul de dossiers à charge en ce début d’année.
Par ailleurs, après l’interrogatoire de l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice (BoM), Harvesh Seegolam (41 ans), dans le cadre de l’opération Savat Dodo, l’Anti Money Laundering Unit du Central CID compte convoquer à nouveau Jitendra Bissessur, ex-Chief Executive Officer (CEO) de la Mauritius Investment Corporation (MIC).
Il est fort probable que ce « témoin » ne devienne un des Prime Suspects dans le cadre de l’enquête sur le décaissement de USD 1 million (Rs 48 millions) en faveur de Menlo Parks Ltd/Pulse Analytics, entité derrière les sondages politiques fictifs donnant l’avantage à L’Alliance Lepep aux dernières élections générales. La signature de ce Top Gun de la haute finance figure sur un important document qui a permis aux bénéficiaires, Queenie et Stephan Adam, d’obtenir ces fonds de manière frauduleuse le 28 octobre dernier.
Lors d’un précédent interrogatoire, le dénommé Jitendra Bissessur avait affirmé que Harvesh Seegolam, en tant que gouverneur de la Banque centrale, aurait fait pression pour que le conseil d’administration de la MIC revienne sur sa décision initiale et accorde le pactole de USD 1 million à Menlo Parks Ltd à la veille des élections générales en dépit du fait que le projet présenté était classé comme Highly Risky, et surtout que les conditions imposées dans la Charge Sheet agréée n’ont nullement été respectées, contrairement à d’autres cas soumis au financement de la MIC.
Au cours de son interrogatoire, Harvesh Seegolam a renvoyé la balle à la MIC, affirmant qu’il ne siège pas au conseil d’administration de cette instance, et qu’il ne peut répondre des transactions liées à celle-ci. La police a appris que ce sont les anciens First et Second Deputy Governors, Mardayah Kona Yerukunondu et Hemlata Sadhna Sewraj-Gopal, qui représentaient la BoM sur le board. À ce stade, ces deux derniers attendent d’être convoqués à la Sterling Tower pour être entendus.
Les autres (ex)-directeurs du board de la MIC devront aussi être assignés pour confirmer ou pas les allégations de pression de la part de l’ex-gouverneur de la BoM. Ainsi, Jitendra Bissessur devra passer le Credibility Test auprès du Central CID et fournir davantage d’informations sur la nature de ces pressions alléguées avec les mots exacts qu’aurait formulés Harvesh Seegolam.
Par ailleurs, le détenteur de l’Award de la Central Bank Governor Africa s’est présenté hier au tribunal de Port-Louis, où une accusation provisoire de Conspiracy to Defraud a été retenue contre lui. Renseignement pris auprès du CCID, l’ex-gouverneur de la BoM est accusé d’avoir ourdi un complot avec d’autres personnes, dont les noms ne sont pas connus pour le moment, en donnant des instructions en vue de Defraud la MIC. Les enquêteurs vont devoir identifier d’éventuels complices.
Entre-temps, Harvesh Seegolam a réglé deux cautions totalisant Rs 500 000 et signé une reconnaissance de dette de Rs 5 millions. Puis il s’est présenté devant le magistrat Prashant Bissoon, qui lui a confirmé les conditions rattachées à sa remise en liberté conditionnelle, soit :
– l’interdiction de communiquer avec les témoins potentiels et autres protagonistes impliqués dans ce scandale;
– l’obligation de rester joignable par les enquêteurs de la police via téléphone portable;
– résider à une adresse fixe;
– une présence obligatoire rapportée au poste de police quotidiennement entre 6h et 20h.
L’ex-No 1 de la BoM Tower devra se présenter à la New Court House le 25 juin pour la suite de l’affaire.
D’autre part, des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien auprès de sources concordantes et bien informées indiquent qu’un nouveau volet de l’opération Savat Dodo, avec un montant encore plus conséquent détourné (Rs 400 millions) au préjudice de la MIC, devrait ramener encore une fois à la Une de l’actualité le même Jitendra Bissessur, interdit de fonctions à la Banque de Maurice sur les directives du nouveau gouverneur, Rama Sithanen, dès son installation à la Bank of Mauritius Tower au lendemain des élections générales du 10 novembre dernier. Les dessous de l’Ambre Hotel Deal, exécuté début juin de l’année dernière, avec des facilités bancaires de Rs 2,4 milliards, devront être transmis à l’Anti-Money Laundering Unit du Central CID à des fins d’enquête au pénal.
Le nom de Jitendra Bissessur est cité en première ligne dans des combines alléguées avec l’ancien ministre des Finances, Renganaden Padayachy, et une société écran, Verde Frontier Solutions Ltd, apporteur d’affaires pour le compte de la MIC pendant la pandémie de Covid-19. Même sans aucune expérience en tant que Transaction Advisor, cette entité, très proche de Lakwizinn du Prime Minister’s Office sous Pravind Jugnauth, s’était vu attribuer ce mandat pour le rachat par la MIC de la participation majoritaire du groupe Apavou dans cet établissement hôtelier sur la côte est, avec le groupe Sun comme partenaire, avec des commissions et autres frais de Rs 400 millions versés.
L’enquête envisagée aura pour principale attribution d’établir un Money Trail de ce montant avec des soupçons de blanchiment de fonds, impliquant des High Profile Figures à différents niveaux. Dans cette même perspective, l’ancien CEO de la MIC devra répondre de la décision d’engager des fonds à hauteur de Rs 2,4 milliards avec cette même institution, devenant partenaire minoritaire dans cet hôtel du jour au lendemain de la conclusion de ce rachat juste à la veille du coup d’envoi de la dernière campagne pour les législatives.
La remise en ordre des interventions financières post-Covid de la MIC pourrait également déterminer dans quelles circonstances le groupe Medine, spécialisé dans la conversion des terres agricoles en morcellements de béton sur la côte ouest, s’est retrouvé parmi par les Top Beneficiairies, avec une enveloppe de Rs 2,5 milliards, soit au même niveau que le groupe New Mauritius Hotels, un des fleurons de l’Hospitality Sector, affecté par la fermeture des frontières en 2020 et 2021 du fait de la pandémie.
Les explications de Jitendra Bissessur sur le Rationale de la connexion Medine Group/MIC pourraient se révéler édifiantes à plus d’un titre. C’est ce que laissent entendre des Insiders Privy to the Deal…