La comparution en Cour de Moka de Bruneau Laurette, en détention provisoire suite à la saisie de stupéfiants d’une valeur marchande de Rs 231 millions, s’est déroulée, hier, sous haute sécurité avec un déploiement d’effectifs policiers, armés jusqu’aux dents. D’ailleurs, l’accès à l’enceinte du tribunal était contrôlé par des membres des forces de l’ordre.
De son côté, le surintendant Heman Ghoora de la Major Crime Investigation Team (MCIT), responsable de cette High Profile Drugs Probe, suite à la perquisition menée par des éléments de la PHQ Special Striking Team, a confirmé au tribunal de Moka que toute l’opération, que ce soit la perquisition et l’arrestation, exécutée au domicile de Bruneau Laurette, âgé de 48 ans, à Petit-Verger, Saint-Pierre, vendredi dernier a été enregistrée sur vidéo.
« C’est un professionnel du Scene Of Crime Office (SOCO) qui a tout filmé », déclare le haut gradé de la police, qui répondait à une question de Me Shakeel Mohamed, dont les services ont été retenus par le suspect. L’homme de loi voulait savoir si c’était un membre de l’escouade de la PHQ Special Striking Team, qui se serait attelé à cette mission en utilisant un cellulaire pour enregistrer certaines séquences seulement.
Ainsi, Me Mohamed a voulu que la police remette une copie de la bande d’enregistrement à la défense. « Ce sera fait en temps et lieu », affirme le surintendant de police en Cour. Des sources aux Casernes centrales confirment qu’un officier était effectivement muni d’une Body Kit Camera et qu’à aucun moment Bruneau Laurette ne s’était rendu compte de la présence de cet appareil et de cette mission pendant le déroulement de la perquisition.
Ainsi, la thèse de drogue plantée évoquée par l’activiste pourrait être mise à rude épreuve.
D’ailleurs, des éléments de la PHQ Special Striking Team parlent de version contradictoire après la déclaration du prévenu On Record à la Bail and Remand Court samedi.
Quoiqu’il en soit, Bruneau Laurette a été traduit devant la magistrate Jade Ngan Chai King du tribunal de Moka hier. Me Mohamed a souhaité obtenir des éclaircissements auprès du surintendant Ghoora quant à la raison pour laquelle l’officier Moradun du Forensic Science Laboratory (FSL), qui était On Call vendredi, a été remplacé à la dernière minute par l’officier Prakash Ramessur.
« L’officier Moradun est celui qui n’avait trouvé aucune empreinte d’Akil Bissessur sur les paquets de drogue saisis à Palma le 19 août », s’est appesanti Shakeel Mohamed. Le SP Ghoora a répondu qu’il faudra se tourner vers la responsable du FSL pour ces explications car son équipe ne s’occupe pas de l’aspect administratif de cet organisme.
Comme il a été le cas à la Bail and Remand Court samedi, Me Shakeel Mohamed a voulu en savoir davantage sur les paquets de drogue saisis au domicile de Bruneau Laurette avec une ressemblance surprenante à ceux déterrés sur le terrain des Gurroby à Pointe-aux-Canonniers le 2 mai de l’année dernière.
Ainsi, il a demandé à la MCIT d’entreprendre un Audit pour confirmer que ces paquets saisis dans le Nord sont bien sous scellés aux Casernes centrales. « Je fais cette demande au nom de la transparence et je ne porte aucune accusation contre la police », a fait comprendre Me Shakeel Mohamed en Cour de Moka.
Entre-temps, la police a logé des charges provisoires de « Possession of hashish for the purpose of distribution » et « Possession of Illegal arms » contre Bruneau Laurette. Ce dernier a été reconduit en détention préventive jusqu’à lundi prochain.
Un scénario similaire s’est déroulé pour son fils Jean Luca Rayan Laurette (23 ans) qui, lui, fait l’objet des mêmes accusations provisoires. Son avocat Me Sanjeev Teeluckdharry s’est plaint en Cour qu’il n’a pu avoir accès à son client jusqu’ici, même si l’inspecteur Ramjeetun de la MCIT avait pris un certain engagement à la BRC.
« Mon confrère Akil Bissessur et moi n’avons pas eu accès à notre client et cela le prive de ses droits constitutionnels », affirme Me Teeluckdharry. Le SP Ghoora a expliqué en Cour qu’un de ses subordonnés l’avait dit, samedi, que Me Anoup Goodary voulait rencontrer son client et qu’à aucun moment on l’avait informé de la présence de Mes Sanjeev Teeluckdharry et Akil Bissessur.
Le haut gradé a expliqué qu’il y a des soupçons de « conflict of interest » par la présence de Me Sanjeev Teeluckdharry « à cause de certains propos prononcés par l’accusé ».
Me Bissessur a alors voulu savoir s’il s’agissait de Bruneau Laurette ou de Rayan Laurette. Ayant eu confirmation qu’il ne s’agit pas de Rayan Laurette, la Cour a demandé à la MCIT de laisser les avocats s’entretenir avec le jeune homme et de ne consigner les Statements qu’en leur présence.
La défense a aussi demandé qu’elle soit informée de toute sortie du jeune homme en rappelant que les avocats n’avaient pas été informés de sa participation à un exercice de reconstitution des faits à son domicile à Petit-Verger samedi après-midi.
Par ailleurs, Me Teeluckdharry a présenté une motion pour la remise en liberté conditionnelle de Rayan Laurette. Les débats à ce sujet se dérouleront au tribunal de Moka lundi prochain.
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Forte mobilisation de la police à Moka
Il y a eu une forte mobilisation de la police aux abords du tribunal de Moka hier où des sympathisants de Bruneau Laurette ont fait le déplacement. D’ailleurs, des barrages étaient installés à l’entrée et seulement quelques personnes autorisées avaient accès dans le bâtiment.
C’est aux alentours de 10h20 que Bruneau Laurette est arrivé à Moka dans un blindé et escorté par la Special Support Unit (SSU) armée. Pour des raisons de sécurité, le convoi a emprunté l’entrée réservée aux magistrats. Même à l’intérieur, les éléments du Groupement d’Intervention de la Police Mauricienne (GIPM) sont passés par les bureaux pour le conduire dans la salle d’audience, lui évitant tout contact avec le public.
L’activiste était vêtu d’un gilet pare-balles et il était menotté même à l’intérieur de la Cour. À son arrivée dans la pièce, il a fait des signes de tête à quelques proches venus le soutenir, sans adresser la parole. Il est resté debout pendant toute la séance en écoutant attentivement les débats.
Quand le SP Ghoora a informé la Cour que l’opération de vendredi a été filmée, Bruneau Laurette paraissait surpris et il a haussé les sourcils. Puis, il a écouté attentivement la suite des débats. À la fin, il a quitté l’enceinte du tribunal sans mot dire.
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AFFAIRE BRUNEAU LAURETTE : Me Rama Valayden veut être entendu par la police
L’avocat Rama Valayden a souhaité que la Major Crime Investigation Team (MCIT) enregistre « le plus tôt possible » son statement en relation avec l’affaire Bruneau Laurette. Il a envoyé hier une correspondance au commissaire de police, Anil Kumar Dip, où il se dit prêt à donner sa version, « même la nuit », et dit soupçonner un complot de certains policiers pour lui nuire. Me Valayden avance que la situation actuelle l’empêche de commenter publiquement ce cas et « les circonstances douteuses entourant les deux arrestations ». De plus, son nom étant cité dans une affaire de drogue, l’avocat estime que cela lui porte préjudice, en plus de ternir sa réputation. Par ailleurs, il a dénoncé l’inaction de la police suite à des allégations portées contre lui et son épouse par un internaute samedi. Ce dernier avait en effet publié une « fake news », affirmant que le couple avait été arrêté pour possession de drogue. Rama Valayden estime qu’il s’agirait d’une « machination politique » à son encontre et demande à la police de mener une enquête.