- La défense n’écarte pas la possibilité de loger des plaintes au civil contre l’ASP Jagai et des officiers de la SST pour le délit de Drug Planting
Me Akil Bissessur, son frère Avinash et Doomila Moheeputh ont comparu devant le tribunal de Mahébourg hier pour leur inculpation provisoire, après leur arrestation mardi lors d’une opération de Controlled Delivery au Dreamton Park de Sodnac. Le premier nommé a fait un Statement en cour sur les circonstances de son arrestation et se dit surpris de la découverte d’un cellulaire inconnu dans une chambre de son appartement.
Ce qui l’a poussé à dire qu’il y a eu un cas de Phone Planting dans son appartement. Pendant ce temps, Mes Rama Valayden et Sanjeev Teeluckdharry ont présenté une motion pour la remise en liberté sans condition de leur collègue du Barreau. Les débats ont été fixés au 26 courant. C’est devant la magistrate Doorgeshnee Dinya-Mooloo que les trois suspects ont été présentés hier. Akil Bissessur a été appelé à la barre en premier, le Sub-Inspector Kistamah, Police Prosecutor, ayant demandé de « remand to police cell » le suspect jusqu’au 27 juin. Ce faisant, il a évoqué les risques d’interférer avec les preuves et témoins, ainsi que de récidive.
Aussitôt, Me Valayden a informé le tribunal qu’il présentait une motion de remise en liberté sans condition (« unconditionally ») de son confrère du Barreau. Il a également demandé au Police Prosecutor de faire le nécessaire pour qu’un représentant du bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) soit présent pour la prochaine séance. Après quoi Akil Bissessur a fait un Statement en cour, où il a déclaré : « J’ai été poursuivi sous quatre charges provisoires ces quatre dernières années, et toutes ont été rayées par la justice. »
Il a cité, entre autres, le cas de son arrestation en août 2022 par la PHQ Special Striking Team (SST) pour une affaire de drogue, tout en s’appesantissant sur le fait que c’était, selon lui, un cas de Planted Drug. Akil Bissessur a rappelé qu’il n’y avait ni ses empreintes ni son ADN sur les pièces à conviction, pas plus que celles de sa compagne, Doomila Moheeputh. Il a ensuite rebondi sur l’affidavit de Vimen Sabapati et la rencontre alléguée de ce dernier avec le constable Manally, de la PHQ SST, et le constable Anne.
« Dans cette bande sonore, ces officiers ont confirmé que j’étais piégé, car je suis une personne qui critique le régime de Pravind Jugnauth », soutient-il, en ajoutant que lors de sa première arrestation, l’année dernière, il avait fait état dans sa déposition d’une conversation téléphonique entre l’ASP Jagai et une femme. Le haut-gradé ne cessait alors de répéter « Wi madam », dit-il.
Akil Bissessur a également fait état d’une accusation d’infraction à l’ICTA contre lui logée par un policier, qu’il accuse d’avoir agressé son client Darren Seedeyal (Darren L’Activiste). « The case has been discontinue against me and the office of the DPP will now prosecute the complainant ! » ajoute-t-il.
Il a ensuite abordé les circonstances de son arrestation, expliquant que mardi, vers 9h30, il a reçu un appel sur son cellulaire du gardien de son appartement au Dreamton Park, lequel lui aurait dit : « Ena enn parsel pou ou ek ena fakter inn vini. Desann anba ! » Il dit avoir trouvé cette démarche étrange car n’ayant commandé aucun colis, et encore moins en provenance d’Allemagne.
« Je suis descendu avec ma compagne, car je voulais m’entretenir avec le facteur », fait ressortir Akil Bissessur en cour. Ayant alors son cellulaire en main, dit-il, il aurait décidé de faire une vidéo en direct sur Facebook « pour montrer mon refus de prendre, d’accepter ou de toucher le colis ».
« J’ai aussi demandé si mon nom était bien le destinataire. J’avais des soupçons et je n’ai pris aucun risque en refusant de prendre la boîte », poursuit-il. C’est alors que des policiers l’ont encerclé. Le suspect dit avoir vu l’ASP Ashik Jagai, lequel lui aurait lancé qu’il s’agissait d’un exercice de Controlled Delivery. « Je lui ai dit que j’ai refusé de prendre le colis », indique-t-il encore.
La police lui aurait aussitôt montré un mandat signé par un haut gradé de la police, et non par un magistrat. Les policiers ont ensuite amené Akil Bissessur dans son appartement pour une fouille. « Un officier filmait l’exercice. Ils ont fouillé les chambres en ma présence. Alors que j’étais dans une pièce, un téléphone a sonné. La police a alors dit avoir découvert l’appareil dans le tiroir d’un meuble qu’elle avait déjà fouillé. Cette découverte a été faite alors que je ne me trouvais pas dans cette chambre. J’ai des soupçons à l’effet qu’il s’agit d’un Phone Planting”, car je n’utilise que mon cellulaire et un seul numéro» , affirme-t-il.
Plus loin, il dira que ce serait en fait un Phone Cloning. Après quoi, c’est dans un plumier que la police aurait saisi des papiers à rouler (“ti-papie”). « Je n’ai jamais utilisé de ti-papie », dit-il.
Par la suite, des éléments de la PHQ SST l’ont escorté aux Casernes centrales et l’avocat dit avoir été informé qu’il était en détention In Communicado jusqu’à 17h15, heure où il a finalement pu joindre ses avocats. Akil Bissessur s’est porté volontaire pour donner un échantillon de son ADN, alorsque son cellulaire, un iPad et un ordinateur portable ont été saisis dans son appartement. Du fait de son allégation de Phone Planting, il dit n’avoir accepté de signer que sur Exhibit Bag, et non pas sur les autres item et documents. Pour le suspect, cette affaire est « une tentative de me piéger pour que je reste longtemps derrière les barreaux ».
Après ce Statement, Me Valayden a fait une série de demandes en Cour. Tout d’abord, il compte alerter la Human Rights Commission, le Bar Council et le commissaire de police des difficultés à rencontrer son client. Me Teeluckdharry et lui se disent disponibles « nuit et jour » pour assister Akil Bissessur lors de son interrogatoire.
Profitant de l’occasion, Me Valayden a demandé que l’enquête sur le présent cas soit menée par « une équipe indépendante », et non pas par la PHQ SST. Ajoutant que « la défense se réserve le droit de loger des plaintes au civil contre l’ASP Jagai et d’autres officiers pour drogue plantée et clonage de téléphone ».
A travers la Cour, le Leading Counsel demande au commissaire de police, Anil Kumar Dip, de s’assurer que les pièces à conviction soient conservées dans un lieu autre que le bureau de la PHQ SST et que ladite pièce soit dotée de caméras de surveillance. Il souhaite aussi que la police remette aux avocats de la défense les détails sur le Tracking Number du colis afin que son équipe et lui puissent contre-vérifier cette information à leur niveau.
Me Valayden demande aussi que le Wrapping original du colis de drogue soit sécurisé, de même que le timbre portant les noms et adresses, les images des caméras CCTV des douaniers ayant ouvert le paquet pour l’examiner et l’inspection des cellulaires des membres de la PHQ SST, avec les appels entrants et sortants.
La défense souhaite également obtenir les images des caméras de surveillance des deux entrées de l’immeuble Dreamton Park et réclame un test ADN sur le téléphone mystérieux et les “ti-papie”. Finalement, il demande une copie des images prise par un officier lors de la perquisition effectuée chez Akil Bissessur.