- « Aucune chance d’obtenir ni des dédommagements de Rs 100 Mds ni d’une roupie »
- « Où sont passées les Rs 19,2 milliards qu’il avait touchées à travers le Super Cash Back Gold ? » se demande l’ancien Grand Argentier
L’ancien ministre Vishnu Lutchmeenaraidoo a rompu un silence d’exactement six ans pour faire une vive sortie contre l’ancien Chairman Emeritus de BAI, Dawood Rawat. « Dawood Rawat avait bel et bien créé un Ponzi Scheme pour voler les autres. J’en ai la preuve », a-t-il lancé hier lors d’une conférence de presse au Voilà Hotel Bagatelle.
Il a indiqué que le 19 mars 2019, il avait soumis sa démission comme ministre et comme parlementaire, alors qu’à cette époque, les seuls mots qu’il avait prononcés étaient « Enough is enough ». Depuis, il s’est engagé dans une aventure spirituelle, ajoutant qu’il n’est pas question pour lui de s’engager à nouveau dans la politique. Cependant, s’il a décidé de sortir de son silence, dit-il, « c’est parce que le pays connaît une situation où les mensonges sont considérés comme des vérités, et des vérités comme des mensonges. »
« Tout est sens dessus dessous », a-t-il lancé. « Le problème est que si une personne a assisté à un délit et qu’il garde le silence, il devient complice des crimes commis. Je suis en présence des chiffres et des vérités que je ne peux pas ignorer, et concernant lesquels je ne peux pas garder le silence. J’ai décidé, après réflexion, de livrer mon témoignage au nom de Maurice. »
« Dawood Rawat est rentré à Maurice et m’a critiqué personnellement. Mes hommes de loi m’ont dit que je pouvais répondre à ses attaques. Toutefois, comme il y a des affaires en cours, je me limiterai à ne parler que de BAI. Je suis en mesure de dire, preuves à l’appui, que M. Rawat avait fait un Ponzi Scheme », a-t-il poursuivi.
Il explique qu’à l’époque, les seules personnes qui maîtrisaient à fond ce dossier étaient Paul Bérenger et lui. Alors qu’il était à la commission économique du MMM, Paul Bérenger lui aurait ainsi demandé de faire une étude sur la société BAI à Trinidad et Tobago, dans l’Est des Caraïbes, qui avait créé un Ponzi Scheme qui s’est effondré, forçant le gouvernement de ce pays à dépenser jusqu’à USD 13 milliards.
« Depuis 2010, nous avions suivi le dossier BAI, qui était déjà en situation de faillite à partir de 2009. Déjà à cette époque, les dettes de la compagnie avaient dépassé ses biens propres (assets) de Rs 12 milliards. » Il a ensuite indiqué qu’en 2013, Roshi Bhadain avait, à la suite d’une interpellation parlementaire, déposé un rapport de PriceWaterhouseCoopers, détaillant les problèmes auxquels la BAI était confrontée, d’autant plus que le groupe ne générait aucun revenu.
Les choses se sont aggravées lorsque la Banque de Maurice a décidé de révoquer la licence d’opération de la Bramer Bank. Ce qui a placé le gouvernement devant une situation très grave, qui risquait de provoquer une crise sociale que le pays n’avait pas connue depuis l’indépendance.
La Bramer Bank avait 60 000 clients qui risquaient de perdre leur argent du jour au lendemain. De son côté, le groupe BAI gérait 138 500 polices d’assurance, alors que le Supercash Back Gold avait 15 000 investisseurs. Un total de 220 000 personnes étaient ainsi concernées.
Vishnu Lutchmeenaraidoo a alors expliqué les démarches que le gouvernement a dû entreprendre pour permettre aux clients de la Bramer Bank de retirer leur argent des guichets automatiques à la veille de Pâques. Finalement, il a dû venir expliquer à la télévision à tous ceux concernés que le gouvernement allait tout faire pour rembourser leurs dépôts. Même ceux qui avaient placé leur argent dans le SGBG, qualifiés alors par le Premier ministre d’alors, sir Anerood Jugnauth, de « zougader », allaient être dédommagés.
Il poursuit que le gouvernement avait « hypothéqué le pays » pour garantir les 220 000 personnes, « car c’est à partir de l’argent public qu’elles ont été dédommagées ». Il note que Roshi Bhadain, alors ministre des Services financiers, « avait remué ciel et terre pour pouvoir trouver de l’argent pour le remboursement des clients de la BAI ». Il poursuit : « Aujourd’hui, celui qui est derrière ce projet de Ponzi Scheme a le toupet de se présenter comme une victime et réclamer des dommages d’un montant de Rs 100 milliards. Aret sa sinema-la ! », a-t-il lancé.
En réponse aux questions des journalistes, Vishnu Lutchmeenaraidoo a affirmé : « Dawood Rawat n’aura ni Rs 100 milliards, ni Rs 1 milliard, ni un million, ni une roupie. C’est lui qui devrait rembourser le gouvernement pour les dépenses encourues. » À un moment, il s’est demandé ce que Dawood Rawat a fait des Rs 19,2 milliards obtenues du SCBG. Toujours en réponse aux journalistes, il a estimé qu’il y a eu « beaucoup de propagandes basées sur des mensonges », avant de dénoncer « les relations incestueuses entre les compagnies du groupe BAI et la Bramer Bank ».
Dans un autre ordre d’idées, il a fait ressortir qu’alors qu’il était aux Finances, en 2015, la Banque de Maurice avait, sur ses conseils, acheté 14 tonnes d’or, qui vaut trois fois plus aujourd’hui. Ainsi, selon lui, grâce à cela, la Banque Centrale a fait des profits de l’ordre de Rs 48 milliards. Il a aussi évoqué la crise économique mondiale auquel le pays sera confronté, mais qu’il fait cependant confiance à Navin Ramgoolam et Paul Bérenger à la tête du gouvernement.