À une semaine des entretiens entre le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, et le Foreign Secretary britannique, David Lammy, Washington ne donne aucun signe d’empressement pour se prononcer sur le Chagos Deal conclu entre Maurice et le Royaume-Uni. C’est ce que rapporte le Financial Times au sujet de la mission du National Security Adviser britannique, Jonathan Powell, aux États-Unis en fin de semaine. Cet envoyé spécial du Premier ministre britannique, sir Keir Starmer, avait pour mandat de tenter de conclure les échanges triangulaires Port-Louis/Londres/Washington en vue de la signature de l’accord restituant la souveraineté de Maurice sur les Chagos et validant le bail de 99 ans pour la base militaire de Diego-Garci, avec possible reconduction pour 40 ans. De son côté, Olivier Bancoult, leader du Groupement des Réfugiés Chagos (GRC), intervenant, samedi, lors d’une remise de bourses d’études à des enfants chagossiens, a lancé un appel aux États-Unis pour un dénouement rapide des négociations.
Ainsi, le quotidien britannique, The Financial Times, faisant état des retombées de la visite de Jonathan Powell à Washington, avance que « the White House has not decided whether to endorse a deal the UK has hammered out with Mauritius over the Chagos Islands that has national security implications for a critical UK-US military base on Diego Garcia. » Des sources autorisées à Washington maintiennent que « a review (by the Trump Administration) was continuing after Powell’s visit to Washington. »
«The Trump administration continues to review the British government’s agreement with Mauritius and the potential implications for the Naval Support Facility Diego Garcia », ajoute le quotidien britannique citant un official de la Maison-Blanche.
Entre-temps, des officiels à Londres affirment que la décision de la nouvelle administration américaine pourrait prendre davantage de temps, remettant en question une annonce officielle sur le Chagos Deal le 12 mars, jour des fêtes nationales. « It’s right and proper that we’re engaged in consultations with the new administration », indique-t-on officiellement ajoutant que « those discussions are ongoing. It is a multi-faceted issue, and the US want to understand it from a range of standpoints within their system. »
Dans la conjoncture, Londres concède que le dossier des Chagos ne fait pas partie des Top Priorities de la Trump Administration, engagée dans une guerre commerciale avec la Chine, le Mexique, le Canada et d’autres préoccupations diplomatiques à l’international.
Par ailleurs, l’interlocuteur de Jonathan Powell à Washington, Mike Waltz, Security Adviser américain, n’est pas en faveur du Chagos Deal. Avant de faire partie de l’administration Trump, et en tant que membre du Congrès, dans une lettre officielle en 2022, il avait soutenu que « Diego Garcia was a critical location that supported US military aircraft and ships transiting from the Philippines to the Middle East. He added that it gave US military nuclear bombers « the capability to reach maritime chokepoints, sea lanes and Chinese bases in the region. »
De son côté, le US State Department a fait comprendre à The Financial Times qu’il n’y avait aucun commentaire au sujet des négociations.
Pour sa part, participant, samedi, à une cérémonie de remise de bourses aux enfants des familles chagossiennes, Olivier Bancoult s’est prononcé en faveur du Chagos Deal. « Le combat de la communauté chagossienne vise à restaurer nos droits fondamentaux et notre dignité. Le gouvernement britannique a accepté de conclure un accord avec l’État mauricien pour résoudre les problèmes en suspens, dont le droit au retour des Chagossiens sur leurs îles natales, notamment Peros Banhos et Salomon, à l’exclusion de Diego Garcia », déclare-t-il en substance.
Le leader du GRC a aussi fait état de l’impatience qui gagne la communauté chagossienne au sujet de la conclusion de l’accord et d’un éventuel déplacement dans les îles et a saisi l’occasion pour faire appel à la partie américaine pour permettre la conclusion de cet accord.
« Tou sa soufrans bann Sagosien ki’nn derasine, mo krwar zot ena drwa gagn kiksoz. Zis sa nou swete. Me ena ene volonte dan kote gouvernman morisien ek gouvernman britanik. Nou espere ki avek trwaziem konserne zot konpran ki sitiasion-la ete », fait-il ressortir lors de son intervention au Centre communautaire Marie Charlesia Alexis, à Baie-du-Tombeau.
Olivier Bancoult s’est également félicité de ses contacts avec le Premier ministre, Navin Ramgoolam sur le dossier des Chagos et se dit satisfait d’avoir été informé des détails des discussions avec Londres à ce sujet.