NOUVEL ORDRE MONDIAL – Rien ne sera plus comme avant

Dr DIPLAL MAROAM

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Dans le domaine des relations internationales, le monde traverse, ces jours-ci, probablement l’une des plus importantes étapes de son histoire. En effet, quelle que soit l’issue de cette guerre « fratricide » en Ukraine, une réorientation des pions sur l’échiquier mondial, pouvant même bouleverser l’équilibre des puissances, est à prévoir. Ce qui retiendrait, sans doute l’attention, c’est l’axe Moscou-Pékin qui, dans le contexte de l’isolement économique de la Russie par les Occidentaux, serait appelé à prendre une nouvelle dimension. Mais la question que l’on se pose : l’économie chinoise étant elle-même très dépendante des pays occidentaux, Pékin arriverait-il à ménager la chèvre et le chou sans en subir, à son tour, les conséquences ? Mais quoi qu’il en soit, une chose est néanmoins certaine : dans le nouvel ordre global, la politique de la mondialisation risque d’être vidée complètement de son sens.

Bien que la crise ukrainienne ait permis de resserrer les liens entre l’Europe et les États-Unis, de nombreux observateurs reconnaissent toutefois que le futur de l’économie mondiale réside en Asie. Contrairement à la Chine ou la Russie, la plupart des États occidentaux croulent aujourd’hui sous des dettes colossales qui les fragilisent, les rendant vulnérables aux crises de toutes sortes. Un point « positif » tout de même de cette guerre, c’est qu’elle inciterait à l’accélération de la transition de l’énergie fossile à l’énergie renouvelable car l’Europe consomme environ 40% des combustibles provenant de la Russie. Vu que l’Allemagne seule en dépend à plus de 55%, ce pays, première économie d’Europe, risque de subir le plus durement les effets du changement de stratégie énergétique, ce bien que Joe Biden a promis d’ouvrir ses réserves aux Européens.

Par ailleurs, au début de cette année, alors que le bruit des bottes résonnait déjà le long de la frontière ukrainienne, le président Zelensky avait exprimé des regrets quant à l’abandon par son pays en 1994 de son arsenal nucléaire qui aurait pu servir d’un puissant facteur dissuasif à toute tentative d’invasion étrangère. Même le Japon – qui a payé un lourd tribut associé au nucléaire lors de la 2e guerre mondiale – est en train de reconsidérer ce moyen de défense comme une option « face aux menaces grandissantes que représentent pour la région la Chine, la Corée du Nord et la Russie », selon Tokyo. D’autres pays pourraient également suivre le pas mais il va sans dire que l’augmentation du nombre d’États nucléaires représenterait un danger potentiel pour l’humanité dans son ensemble.

Certes, c’est le droit légitime de tout pays souverain de définir la politique étrangère qui lui convient mais il est évident que tout État limitrophe n’accepterait jamais que sa sécurité nationale soit mise en danger. Même Cuba paie encore le prix de sa décision de recevoir des missiles soviétiques en 1962, décision qui a failli déboucher sur une 3e Guerre mondiale. Alors que le dialogue représente la méthode la plus appropriée pour la résolution des contentieux et différends, il est malheureux que depuis l’accession au pouvoir de Volodymyr Zelensky en 2019, le pont entre Kiev et Moscou était quasiment coupé ; le président ukrainien préférant tourner son regard vers l’Ouest et retirait illico presto du tiroir les dossiers de l’OTAN et l’UE, ignorant totalement la réaction que susciterait une telle décision sur son voisin à l’Est.

Zelensky croyait dur comme fer pouvoir compter sur ses alliés occidentaux en cas d’une invasion étrangère, d’autant que sous le Memorandum on Security Assurances de Budapest de 1994, les États-Unis sont supposés protéger la souveraineté de l’Ukraine après l’abandon par cette dernière de ses armes nucléaires. Or, aujourd’hui, à l’exception d’une assistance en armement, Américains et Européens jouent aux abonnés absents sur le terrain, laissant les Ukrainiens en découdre seuls avec les Russes ; même la requête de Kiev pour l’établissement d’un No Fly Zone sur l’Ukraine ayant été balayée d’un revers de la main. Ce qui a manifestement poussé Zelensky à mettre beaucoup d’eau dans son vin en concédant finalement que « l’Ukraine ne pourrait adhérer à l’OTAN et opterait pour un statut d’État neutre ».

Et si le souhait exprimé par le général de Gaulle en 1959 de construire une Europe unie, de l’Atlantique à l’Oural, était traduit dans les faits…

                                                                                                                                         

                                                                                                                                    

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