Le Guide - Législatives 2024

Nouveaux secteurs – Les pionniers du secteur Fintech se déclinent

– Benito Elisa (Consultant) : « Les jeunes ne doivent pas hésiter à suivre des cours pour devenir codeurs, développeurs et programmeurs informatiques »

- Publicité -

Depuis que la Regulatory Sandbox Licence (RSL) a été mise sur pied au niveau de l’Economic Development Board, neuf RSL ont été octroyées pour des activités fintech à Maurice. Ces licences ont été octroyées pour plusieurs types d’activités incluant des “crypto exchanges”, des ICO’s (initial coin offerings), des “Robo algorymth fund management services” et des “Peer to peer lending platform”.

Selon Faraz Rojid, Head of Financial Services à l’EDB, Maurice a le potentiel de devenir un “fintech hub” dans la région en s’appuyant sur son centre financier. C’est en 2016 que le gouvernement a mis en place la RSL pour encourager l’émergence d’activités innovantes dans le monde de la fintech. De manière générale, la RSL offre la possibilité à un investisseur de faire un business/une activité pour laquelle il n’existe pas encore de cadre légal, ni de dispositions sous les lois existantes. Mais pour être éligible à une RSL, il faut que le business/le produit/le service proposé soit “genuinely innovative”.

En 2018, le gouvernement a favorisé une convergence de tous les régulateurs du secteur financier, en créant le National Regulatory Sandbox Licence Committee qui comprend la Financial Services Commission, la Banque de Maurice, le bureau de l’Attorney General, le ministère des Finances, celui des Services financiers et la Financial Intelligence Unit. « Cela, afin de s’assurer que toutes les demandes soumises à l’EDB concernant les activités fintech à Maurice ont une “cross fertilisation” parmi tous les stakeholders concernés. L’objectif de ce comité est de s’assurer que tous les “policy makers” soient d’accord sur les “rules & regulations” que nous imposons à ces opérateurs », a expliqué Faraz Rojid.

Le NRSLC est présidé par Lord Desai, de la House of Lords. Ce comité qui fonctionne comme un “independant committee” coordonne toutes les demandes RSL liées au secteur fintech. Il a aussi le pouvoir de décider si l’opérateur fintech ayant décroché sa RSL sera supervisé par la Banque de Maurice ou par la FSC, dépendant de la nature de son activité.

Parmi les neuf projets ayant décroché leur RSL : Xen Technologies Ltd avec sa “wealth management platform”. La sociéte Xen, basée à Singapour, a été lancée par d’anciens banquiers et “traders” et des spécialistes de la fintech. Xen propose ainsi une formule d’investissement alternative qui devrait notamment séduire les jeunes investisseurs asiatiques : une plate-forme compatible avec la “Blockchain” permettant aux investisseurs de puiser dans un marché d’investissements alternatifs évalué à USD 15 000 milliards. Xen cible principalement les investisseurs asiatiques pour son produit, mais les Mauriciens peuvent aussi investir sur sa plateforme pourvu qu’ils aient USD 100 000.

Il y a aussi SALT Technology Ltd, dont le directeur des opérations est David Koon, fils de Wilfrid Koon. SALT se présente comme la toute première « lending platform for blockchain-backed loans, thus enabling holders of digital assets, such as bitcoin or any other reputed cryptocurrencies to obtain cash loans using those assets as collateral ». Quant au projet de SelfKey Foundation, il est décrit comme « a blockchain-based, decentralized identity management system which provides open source tools for identity owners and relying parties, including financial insitutions, immigration by investment programs, fintech companies and exchanges to safely secure share information while complying with international data protection regulations ».

On peut aussi citer le projet de PIRL qui se définit comme un « blockchain implementation that strives to improve the accessibility of cryptocurrency and its related technologies, spurring an evolution of the crypto space through research, innovation and dedication ». Avec ce projet : « The leading problem facing digital currencies is that people lack the technical knowledge to take advantage of them. PIRLs goals are centered around the idea of PirlApp, decentralized application wich simplifies the process, and creates a more intuitive exprience for everyone. »

Enfin, on peut citer Crowd Invest Ltd, qui se présente comme un « online equity platform, where entrepreneurs looking to raise equity finance can easily connect with investors who are seeking to discover and invest in new startups and growth companies. » Les autres opérateurs fintech ayant décroché leur permis sont : Fusion X, qui compte opérer une Bourse d’actifs numériques, Be Mobile qui présente son projet comme suit : « A bank in a Box technology allowing individuals to deposit cash, top up with existing bank account, remit cash overseas, send exchange crypto. A set of services available to individuals in an innovative manner. » Enfin, il y a FinClub, qui se décrit comme une plateforme qui fournira un « alternative mode of borrowing funds for the borrowers at competitive and affordable rates, agreed after a matching process between investors ».

Benito Elisa : « Si vous n’adoptez pas la fintech, vos revenus vont diminuer »

Vous vous présentez comme un Blockchain Advocate et consultant en matière de fintech. Pouvez-vous nous dire quels types d’activité la fintech comprend exactement ?

La fintech, c’est la transformation digitale 4.0, c’est l’utilisation de la technologie pour le déploiement des activités financières. Le but de la fintech est de rendre la finance plus simple et accessible en proposant des services moins coûteux et de meilleure qualité. Les activités comprennent : le financement participatif (“crowdfunding” & “crowdlending”), les applications mobiles et plateformes pour gérer les activités bancaires, les monnaies virtuelles, le paiement électronique (contactless card, paiement à travers des téléphones portables, transferts de fonds en P2P (peer to peer), ainsi que les nouvelles méthodes pour les appels de fonds (“tokenisation”), sans oublier les banques en ligne (“digital bank”).

Dans quelle mesure la fintech représente-t-elle réellement un secteur porteur pour notre économie ?

Maurice a le potentiel de devenir un “fintech hub”. Il y aura un “shift” graduel vers la fintech. Pourquoi ? Parce que ce secteur représente moins de frais et implique une exécution de transaction plus rapide et va booster la demande de transactions en ligne, notamment à travers les portables.

Si les sociétés qui proposent des services financiers n’adoptent pas la fintech, leurs revenus vont diminuer au fil des années. L’utilisation de la technologie va diminuer les coûts des entreprises et automatiquement, les frais des transactions vont baisser. Ce n’est pas une question de secteur porteur ou pas. Si les entreprises qui offrent des services financiers n’adoptent pas la fintech, il y aura des grands risques que la demande de leurs services va chuter drastiquement au profit de ceux qui vont proposer de la fintech.

À défaut d’un cadre légal bien défini, la Regulatory Sandbox Licence proposée aux projets fintech convient-elle sur le long terme, selon vous ?

Je comprends votre question, ce secteur est nouveau. Il faut du temps pour bien comprendre les implications des nouveaux services proposés et mettre en place le cadre légal nécessaire pour bien régulariser l’industrie de la fintech. Il y a aussi les procédures administratives pour avaliser les lois. Il faut être aussi très prudent avec les nouveaux types de services financiers, surtout par rapport au blanchiment d’argent et au financement des activités terroristes etc. La RSL n’est qu’une porte d’entrée pour les nouveaux types de business. Mais après un certain temps raisonnable pour bien étudier et comprendre les enjeux de la fintech, il faudra des lois bien spécifiques.

Maurice dispose-t-elle des compétences appropriées en termes de ressources humaines pour exploiter pleinement ce secteur fintech ?

Pour l’instant, on a les compétences appropriées pour la finance et la technologie séparément. Ce dont le secteur de la fintech, c’est une combinaison des deux. La seule et unique solution, c’est l’éducation. Des cours et sessions de formation doivent être organisés par le gouvernement et le secteur privé. Et il faut commencer à inclure des modules sur la fintech dans les cours proposés par les universités ou créer des cours dédiés à la fintech. Nous devons aussi nous inspirer des pays qui sont arrivés à un niveau avancé dans la fintech. Des échanges bilatéraux avec ces pays-là ne nous feront que du bien. Il n’y a pas de honte à apprendre des autres.

Il faut savoir qu’il y a aussi une grande demande pour des codeurs, des développeurs et programmeurs informatiques actuellement dans le monde. Alors, les jeunes qui sont passionnés par la technologie et la fintech ne doivent pas hésiter à investir dans les cours appropriés pour devenir des codeurs, des développeurs et des programmeurs informatiques.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -