Le manque d’engouement pour cette élection partielle dans la circonscription de Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est (No 10) était palpable hier pour le Nomination Day à Bel-Air SSS. D’abord, les habitants et surtout les électeurs potentiels de la région ne croient nullement que cette joute électorale aura lieu. À la fin de la journée, 16 candidatures ont été inscrites, dont deux femmes et deux âgés de 40 ans. Une ambiance bon enfant a régné au centre de dépôt de candidatures en attendant la dissolution du Parlement, rendant caduc cet exercice à venir.
« Nous étions bien mobilisés. Nous sommes arrivés à l’école à 7h45 pour le travail. Tout s’est bien passé à la fin de la journée. Nous n’avons enregistré aucune objection par rapport aux candidats depuis le matin », laissait entendre le Returning Officer, l’Assistant Solicitor General, Me Kritananda Reddy, peu avant 16 heures, après que l’exercice d’enregistrement avait pris fin. À la mi-journée, le commissaire électoral, Irfan Rahman, qui y avait fait le déplacement, indiquait que l’exercice se déroulait dans l’ordre et rien d’anormal n’était signalé à l’exception qu’un des candidats qui s’était présenté n’était pas en présence de documents pertinents et devait repasser dans l’après-midi.
Le commissaire électoral a indiqué, toutefois, que tout désistement devait se faire au plus tard ce dimanche. « Les candidats ont trois jours pour se désister, soit à dimanche 15 heures. Passé ce délai, personne ne pourra se retirer. Ceux qui resteront auront leurs noms imprimés sur le bulletin de vote », a-t-il expliqué. Indranee Poongavanum a été la première hier à faire acte de candidature. Cette habitante de Floréal est arrivée peu après 10 heures pour se faire enregistrer en tant que candidate indépendante. Entre-temps, à l’extérieur de l’enceinte du Nomination Centre, le Mouvement Socialiste Militant (MSM) avait donné rendez-vous à ses partisans au nouveau marché de Bel-Air pour accompagner le candidat désigné de l’Alliance Morisien Avineshwur Dayal. Les ministres Sunil Bholah, Maneesh Gobin et d’autres membres du gouvernement notamment du Muvman Liberater, notamment le Parliamentary Private Secretary (PPS) Ismael Rawoo, le Deputy Speaker Zahid Nazurally aussi bien que la PPS Tania Diolle s’étaient également affichés à cette occasion.
Ils allaient être rejoints à l’intérieur par d’autres membres du gouvernement, ayant fait le déplacement, parmi le président du MSM, le ministre Joe Lesjongard. Une fois les formalités complétées, Avineshwur Dayal a participé à un rallye pour faire le tour de la circonscription à la mi-journée hier. Pendant ce temps, le cortège de membres Linion Moris était arrivé au Nomination Centre, dont les leaders Nando Bodha et Rama Valayden pour l’enregistrement de Neena Ramdenee comme candidate, la formation politique ayant opté de participer en dépit des doutes que cette partielle aura bel et bien lieu. Outre les candidats indépendants qui se sont enregistrés, certains étant des travailleurs sociaux ou encore des conseillers villageois, le Front Solidarité Mauricien s’est aussi engagé dans cette éventuelle lutte électorale par le biais de son leader Cehl Meeah peu avant la fermeture de l’exercice hier.
La circonscription No 10 compte 13 villages avec plus de 56 000 électeurs, répartis sur 18 centres de vote, avec la Ramnarain Roy Government School comptant plus de 5000. Aux élections du 7 novembre 2019, 42 574 bulletins de vote avaient été validés, avec le démissionnaire, l’ancien ministre de l’Agro-Industrie , Vikram Hurdoyal, arrivant en tête de liste.
Atmosphère timide et fade aux abords du Nomination Centre
Les électeurs de la circonscription n’ont visiblement pas fait grand cas de l’événement d’hier, vaquant à leurs occupations quotidiennes. La plupart d’entre eux estiment que cet enregistrement des candidatures n’est qu’une façade dans la conjoncture. « Tou dimounn trankil dan zot kwin. Dimounn pe atann eleksion zeneral, lerla pou trouv vre kouler. Zordi la enn fim sa », fait ressortir un boutiquier dans les parages de Bel Air SSS. Dans les rues, certains avancent que la situation politique n’est plus la même que celle en 2019, surtout après l’épisode de la révocation de Vikram Hurdoyal.
« Ziska ler pa kone ki’nn arive, kifer li’nn ale, kifer Premie minis finn met li deor dan kabine », affirme un passionné politique. « Gouvernman-la finn fer bon travay me ena dimounn ki’nn bien fane osi. Li depann kouma dimounn pou reazir avek bann kas kinn fin partaze dan bidze ek ki kapav pou partaze pli divan avan eleksion », poursuit-il.
« Stratezi fan kas, promet pansion tousala pa pou marse kouma avan. Dimounn realize ki bokou kiksoz pe ogmante. Sa manyer Speaker fer la si, dimounn pa apresie. Nek anpes X Y Z poz kestion. Sa li pa bon. Koumadir li nek pe kouver, pou pa gagn repons. Tousala dimounn pou reflesi », indique pour sa part un universitaire, qui affirme qu’il ne s’intéresse pas à cette partielle et qu’il suivra les mouvements politiques à l’heure des législatives.
Dans le camp des partisans du MSM on affirme toutefois faire confiance au Premier ministre et leader du parti Pravind Jugnauth, qui saura, selon eux, comment faire pour que le MSM remporte un troisième mandat. « Ziska ler lider pankor dir ki sannla pou kandida isi. Sirman sa garson Dayal-la pou la. Pa kone si minis Bholah pou reste. Ankor enn ti pasians nou pou kone », fait comprendre un agent du MSM au No 10. Selon lui, le gouvernement a un bilan vendable pour séduire la population lors de ces prochaines élections générales.
Une nouvelle étape vers ces législatives franchie hier…
Les candidats se font entendre
Avineshwar Dayal (Alliance Morisien) : « PM pe donn mwa lokazion kontinie alim flanbo Raj Dayal dan No 10 »
« Soley la for, ansam nou pli for. Les Mauriciens et les électeurs du No 10 me font confiance pour être un soldat sur le terrain. Je ferai de sorte que je protège et défende leurs intérêts comme j’ai l’habitude de le faire en tant qu’avocat. J’ai rejoint le MSM comme un jeune professionnel.
« Notre leader a placé sa confiance dans un jeune. C’est ce qu’on appelle une politique inclusive car c’est nous, la jeune génération, qui prendrons la relève du pays. Nou pa dinozor e sa lider la enn lider prop, solid e li ena enn bon vision. Soley ankor for, Pravind pou revini. 24 ans de cela mon père Raj Dayal avait allumé un flambeau ici au No 10. Pou sa mo fier pou konfians Premie minis finn donn mwa. Premie minis pe donn mwa lokazion pou kontinie alim sa flanbo-la dan No 10. No 10 pou met goal. Nou pou fer lopozision kone ki nou mem nou pou gagne. Ansam nou pli for »
Indranee Poongavanum (candidate indépendante) : « On doit aider la population »
« Je suis étudiante. J’ai décidé de me porter candidate. Je demande aux électeurs du No 10 de me soutenir. Je suis de la classe moyenne et je pense qu’on doit aider la population. Le pays a connu de beaucoup de difficultés depuis 2017 à 2023 et cela se poursuit en 2024. Je participe aussi pour des raisons personnelles que je communiquerai après.»
Vishal Mauracheea (candidat indépendant) : « Je me porte volontaire pour servir mon pays »
« Je suis habitant de Montagne-Blanche. Je me porte volontaire pour servir mon pays et la circonscription. Je compte sur le soutien des électeurs du No 10. Je suis un travailleur social. Je me suis déjà porté candidat pour les élections villageoises. »
Neena Ramdenee (Linion Moris) :
« Lourd fardeau sur mes épaules comme seule représentante de l’opposition »
« Le MSM de Pravind Jugnauth ne peut continuer à imposer ce qu’il a envie de faire. Où est Navin Ramgoolam ? Est-ce qu’on n’a pas en face un jeu démocratique ? Est-ce que tous les partis politiques ne devaient pas être là ? On me met un lourd fardeau sur les épaules comme la seule représentante de l’opposition. Je suis d’accord à le faire. Je le fais pour notre parti politique et pour les Mauriciens. Il est important de redonner la parole au peuple. Je fais un appel à toute l’opposition de me soutenir. Seki pou arive, pou arive. S’il n’y a pas de partielle, on aura les générales et le peuple choisira qui il mettra au pouvoir et qui sera derrière les barreaux. Se pou sa ki zot kokin sak fwa bann eleksion. Kapav pena prev, me nou sir lor la .»
Jonathan Dardenne (candidat indépendant) : « Pour faire encore mieux et plus pour la circonscription »
« Je suis conseiller du District Council de Flacq, représentant Trou-d’Eau-Douce. Avec les travaux que je mène au No 10, on m’a conseillé de me porter candidat pour faire encore mieux et plus pour la circonscription. J’ai une vision pour cette circonscription. Je suis engagé dans le social. J’aime bien aider les gens. Je veux me lancer dans la politique pour aider les jeunes et aussi lutter contre la prolifération de la drogue dans la circonscription. »
Cehl Meeah (leader FSM) : « Lepep pena drwa moral redonn Pravind… »
« L’ile Maurice a besoin de la vérité. Nous avons besoin de savoir pourquoi ce monsieur a démissionné ou on l’a contraint à démissionner. Au fil de la campagne, nous verrons la vérité émerger et les habitants condamneront ce qui s’est passé humainement.
« Je ne crois qu’il y a des imbéciles au No 10 qui se laisseront influencer par l’argent. Nous condamnons l’absence du parti Travailliste. Kouma li tan Jugnauth, li sove. J’ai participé à plusieurs partielles dans le passé comme au No 8. Nous étions classés troisième.
Nou pou amenn enn score ki pou fer tranble dan Porlwi. Nous participons avec notre droit civique. Nou pou al laport par laport pou dimann laverite. Vikram Hurdoyal pa onet anver sa popilasion ki’nn vot li la, ti bizin dir zot laverite. Lepep pena drwa moral redonn Pravind parski lepep pankor ko’nn laverite konsernan Hurdoyal ?»
Swalé Naujeer (Indépendant) : « C’est un plaisir personnel »
« C’est un plaisir personnel. J’ai déjà participé aux élections avant comme candidat indépendant, en 1991. J’ai travaillé ici pendant 42 ans. C’est pour cela que je suis là. »
Farook Lalloo (Indépendant) : « Mes amis m’ont poussé à me porter candidat »
« Mes amis m’ont poussé à me porter candidat. J’ai été élu quatre fois aux villageoises. J’ai fait du social. Quand Hurdoyal était au District Council nous avions beaucoup œuvré pour notre village. Personne ne peut dire qu’il est confiant de se faire élire. Il faut la bénédiction de Dieu et il faut travailler. Il faut œuvrer pour les personnes vulnérables. Je suis toujours conseiller du village de Bel-Air. »
Rishi Kowlessur (Indépendant) : « Fason ki pei pe ale li bien inkietan »
« Cela me fait plaisir de participer. Il y avait un ministre ici qui a démissionné depuis février et nous sommes aujourd’hui en juillet, personne n’a donné d’explications. Ni de la part du gouvernement ou de l’ex-ministre.
« En tant que jeune je me sens révolté. J’ai envie d’aider mon pays. Il faut venir de l’avant pour sauver le pays. Je suis un Social Worker. La fason ki pei pe ale li bien inkietan. An tan ki zen mwanvi fer mo lavwa tande. »
Nityanand Ragnuth : « Pas satisfait par la manière de faire des partis traditionnels »
« Je ne suis pas trop satisfait de la manière de faire des partis traditionnels. Nous avons un agenda de faire Maurice progresser avec la méritocratie. Nous sommes pour l’avancement de l’économie bleue, l’agriculture, entre autres. »