Noël, le choix de l’espérance

Dans quel esprit abordons-nous ces fêtes de fin d’année, plus particulièrement la fête de Noël, objet de notre présente réflexion ? Est-ce dans une attitude de fatigue et de découragement ou dans une démarche d’espérance dans notre marche en avant malgré les incertitudes du futur et d’un monde incertain ? 

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Nous avons le cœur serré devant la profonde détresse des Mahorais-e-s et des Mozambicain-e-s, après le passage dévastateur du cyclone Chido et le drame survenu aux Avirons, à La Réunion, le mardi 26 novembre 2024 – le meurtre de deux fillettes, âgées de 4 et 7 ans. Que dire  de l’attentat sanglant à la voiture bélier en Allemagne, à Magdebourg, le vendredi 20 décembre, et les horreurs de la guerre à Gaza, en Ukraine, au Soudan… Difficile de ne pas céder au découragement. Pourtant, depuis deux mille ans, croyants et non-croyants s’accordent pour se réjouir à l’occasion de cette fête de Noël. Les chrétiens pour célébrer la naissance de Jésus, Dieu avec nous, et les non-chrétiens pour célébrer la fête de l’enfance ou la victoire de la lumière sur les ténèbres. À l’approche de la fête de Noël, c’est la naissance de Jésus de Nazareth qui retient ici notre attention.

Jésus, un homme porteur d’une folle espérance

Jésus, le fils de Marie et de Joseph, n’est pas né dans une époque idéale, mais dans un monde où régnaient la terreur et la violence de l’occupation romaine. Il est né sur la route dans un pays occupé. Il a passé sa vie itinérante de prêcheur sur quelque soixante kilomètres de long et trente de large en parlant de l’égale dignité de tous, de la fraternité humaine. Il ne dit pas « aimez-moi », mais « aimez-vous les uns les autres comme je vous aime » (Jean 15,12).  Les gens vers lesquels il se tourne prioritairement sont : les pauvres, les aveugles, les boiteux, les infirmes, les collecteurs d’impôt, les prostituées… Il ne leur dit pas : « Tout est possible à Dieu », mais « tout est possible à celui qui a la foi » (Marc 9,23). Ou encore : « Si vous avez la foi, comme un grain de moutarde, rien ne vous sera impossible » (Matthieu, 17, 20). 

En substance, il propose l’émancipation de l’individu à l’égard du groupe, et de la femme à l’égard de l’homme. Partout où il passe, il souligne l’exigence de justice et de partage. Il proclame que nous sommes heureux si nous avons une âme de pauvre, si nous sommes affligés, artisans de paix. Il demande la séparation des pouvoirs politiques et religieux (Marc12, 17). Accompagné d’une poignée d’hommes et de femmes, il répète que « Dieu est amour et que celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu » (1Jean 4, 16).

Le Dieu-avec-nous sur les chemins de nos luttes et de notre espérance

Après sa mort et le message du tombeau vide (Luc 24,1-12), ses compagnons se sont demandés : « Ce Jésus, d’où vient-il ? ». C’est la fin de l’histoire de Jésus qui pose la question de son commencement. Plus précisément, c’est la méditation sur sa mort sur la croix, le tombeau vide, les pèlerins d’Emmaüs (Luc 24,13-35), à la lumière de Écritures sous l’influence de l’Esprit Saint, qui amène les compagnons de Jésus (apôtres et disciples) à proclamer qu’il est l’Emmanuel, c’est-à-dire « Dieu avec nous » (Matthieu 1, 23), l’accomplissement des prophéties messianiques (Isaïe7, 14). « Nous l’avons vu de nos yeux et nous en parlons en témoins : le Père a envoyé son Fils pour être le Sauveur du monde » (1 Jean 4.14). Ou encore : « Et le verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous » (Jean 1, 14).

C’est pour dire tout cela, dans la recherche d’une intelligence de leur foi, que les évangélistes ont entouré le récit de l’enfance de Jésus du merveilleux, comme on racontait à l’époque la naissance d’un personnage important. Mais pour que le merveilleux ne diminue en rien l’importance de ce récit, il convient de lire les Évangiles de la nativité comme des récits symboliques (Joseph Moingt, dans La Croix,11/12/2001). Car le sens de la nativité de Jésus n’est pas dans le merveilleux. Noël nous dit que Dieu est avec nous, dans notre Histoire et dans nos vies ; que Jésus est sa présence et son action dans nos rencontres, nos combats quotidiens et nos espoirs. 

Désormais, Jésus de Nazareth n’est plus seulement un personnage du passé, mais celui qui nous accompagne, nous précède et nous entraîne dans l’aventure de la construction d’un monde de paix et de justice tendue vers l’espérance de la venue du Royaume de Dieu ou vers l’accomplissement de toutes choses. C’est le message de Noël. Certes, tout n’est pas accompli, mais l’espérance est là. L’avenir est ouvert à tous les possibles.

Joyeux Noël à chacun et chacune !

 

Reynolds MICHEL

Le Port,

La Réunion

 

 

 

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