No woman, no cry

Coïncidence (ou ironie, c’est selon…) de notre calendrier local, le 8 mars précède de très peu notre fête de l’indépendance ! Et la thématique arrêtée cette année par les Nations unies pour la Journée internationale de la Femme est « Je suis de la génération égalité : levez-vous pour les droits des femmes ». C’est un message fort et rempli de sens qui ne s’adresse certainement pas qu’aux femmes, mais à tout un chacun évidemment. Parce que sans la mère, matrice, une société s’effondre…

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De quelle indépendance peut-on parler quand des centaines de nos filles, nos sœurs, nos mères, nos tantes, nos grands-mères sont toujours muselées, contraintes à se murer dans le silence, isolées, esseulées, meurtries dans leur chair et leur âme, et qui s’autocensurent, principalement par peur des réactions agressives, violentes et brutales de leurs maris, conjoints, ou fils ? Et également par souci du qu’en dira-t-on.

Les cas de violences envers les femmes pullulent dans nos médias. Certains incidents sont plus macabres que les autres. Rivalisant d’horreur, au point où on se dit qu’on n’aura finalement jamais vu le pire… Mais il y a aussi ces milliers de cas anonymes. De femmes qui préfèrent mourir en silence. Oui, certainement, Maurice n’est pas moins bien lotie qu’ailleurs, et chaque pays fait face à son lot de violences et de brutalités envers les femmes. Mais il semble, et c’est cela le danger, que cette violence envers les femmes soit en passe de devenir « normale », pire, banale, dans la société mauricienne. Et cela, aucun Mauricien qui se respecte ne peut le cautionner.

Pravind Jugnauth a émis son souhait de revoir la législation. Dans ses propositions y relatives, Lalit met l’accent sur des aspects très précis comme le consentement et la définition de délits sexuels dans nos lois. Le débat ne doit surtout pas s’étendre en verbiages et lexiques mais, souhaitons-le, se centrer sur l’urgence de la situation. Cela, à notre sens, en consolidant adéquatement les structures, jusqu’à l’heure beaucoup trop faibles, destinées aux victimes. Pour qu’elles n’aient pas à continuer à vivre dans la frayeur permanente de l’agresseur qui, comme on le sait, évolue très souvent dans le giron immédiat de sa victime. En 2020, il est inadmissible qu’une femme, qu’elle soit battue, victime de violences psychologiques, verbales, émotionnelles, ou harcelée sexuellement, ou qu’elle subisse des comportements à caractère violent, doive continuer à survivre dans le même environnement que son bourreau ! Il est plus que temps de changer la donne pour que la victime jouisse de ses droits et non pas être contrainte à revivre indéfiniment son calvaire. Parce qu’elle est la première devant être protégée et entourée d’aide et de soutiens divers.

Dans le même souffle, il serait souhaitable de consolider les peines d’emprisonnement de leurs tortionnaires avec des thérapies destinées à les apprendre à gérer leurs pulsions extrêmes et canaliser autrement leurs envies bestiales qu’en tapant ou s’en prenant sexuellement aux femmes. Assorti d’un programme d’éducation comprenant un pan spirituel et ayant trait aux valeurs afin que ces agresseurs réalisent la portée de leurs actions, tant sur ces femmes que sur leurs enfants, surtout.

La misère sexuelle qui pousse souvent ces agresseurs à se déchaîner sur les femmes doit être abordée, non pas uniquement par des programmes d’éducation sexuelle dans le cycle scolaire, mais pourquoi pas également via les plateformes religieuses et sociales au sein de toutes les communautés, entre autres ?

Nous vivons actuellement avec l’épidémie du Covid-19 qui bouscule tout autour du globe. Cette psychose mondiale altère déjà un peu tout autour de nous : chaque sphère de nos vies, que l’on soit à Maurice ou en Chine ou ailleurs, est affectée. Notre village global est sérieusement en danger. Le moment est venu d’adopter des attitudes nouvelles et saines. Alors, « revey twa ! » Levons-nous et prenons enfin ensemble les bonnes décisions.

Husna Ramjanally

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