Le Guide - Législatives 2024

Narco… sick !

À peine le pays est-il sorti de la liste grise de la Financial Action Task Force (FATF) et de la liste noire de l’Union européenne, et s’est remis en orbite, que voilà qu’éclate l’affaire Franklin, avec ses retombées régionales et internationales. Sale temps pour Maurice sur la mappemonde, où l’on veut jouer les jolis cœurs et attirer plus d’un million de touristes par an… Faudrait déjà commencer par bien balayer devant sa propre porte afin d’offrir une vitrine à toute épreuve, n’est-ce pas, dirait l’autre !
Le réveil brutal (ou plutôt circonstanciel ?) de certaines institutions dans le sillage de cette affaire, menée de front par les médias, il convient de le souligner, soulève bien évidemment son lot de questions et de sous-entendus. Ce qui est aberrant aux yeux de milliers de Mauriciens, qui en font écho tant via les médias que les réseaux sociaux, c’est ce fameux timing effectivement. D’aucuns s’accordent sur le fait que si ces institutions mandatées pour traquer le crime, qu’il soit en col blanc, à caractère financier ou autres, et ceux qui commettent ces délits, honoraient leurs responsabilités et avaient pris des actions en temps et lieu, ce scandale aurait eu une autre réverbération. Et nous ne serions pas aussi embarrassés face à des pays amis !
Il ne fait pas bon être Mauricien ces jours-ci. Tu parles ! Quand la grosse majorité trime comme des bœufs, avec les prix qui prennent l’ascenseur chaque semaine au supermarché, au marché et à la pharmacie, pendant que quelques “happy few” se dorent la pilule et amassent des fortunes mal acquises, quel “feel good factor” ressentir ? À ce stade, l’unique posture adoptée par Pravind Jugnauth dans l’affaire Franklin est une menace envers les médias contre toute tentative de le lier avec les présumés accusés. Mais aucun dialogue et encore moins le souhait de venir expliquer le comment du pourquoi de la lenteur et du temps pris par les institutions concernées à réagir dans toute cette affaire.
Faut-il d’ailleurs s’en étonner ? Ou même entretenir l’espoir que Pravind Jugnauth assume sa responsabilité de leader et de chef de gouvernement ? Reve Mam ! Dans ce cas précis comme une foule de précédents – “emergency procurement”, mort de Soopramanien Kistnen, chef agent de sa propre circonscription, affaire Angus Road, pour ne citer que ceux-là –, a-t-il agi différemment ?
À la veille de nos 55 ans d’indépendance, ce peuple a soif de paix, de vérité, de justice sociale, de voir enfin la méritocratie triompher et que sa confiance dans les institutions soit restaurée. Cela pour que nos enfants évoluent dans un climat harmonieux et propice à l’épanouissement humain. Pour qu’ils deviennent des Mauriciens forts et résilients, parés à toutes éventualités, et surtout fiers de leur patrie. Et non des automates, des êtres qui s’en remettraient à l’IA ou des pistons pour grimper des échelons sociaux.
Quand on apprend qu’une athlète de haut niveau comme Noemi Alphonse est actuellement victime d’une discrimination lamentable s’agissant de sa bourse, cela donne peu d’espoir, hélas ! Le parcours riche et parsemé de médailles d’or, de records mondiaux et internationaux de ce petit bout de femme ne semble donc pas satisfaisant aux yeux de certains de nos décideurs.
Et comment interpréter les actes d’intimidation sur les lanceurs d’alerte et ceux qui disent tout haut ce que tous pensent tout bas ? À quelle sérénité aspirer dans ce pays qui, à l’aube de ses 55 ans, fait la part belle à la répression et « oublie » le facteur humain ?
Pravind Jugnauth a déjà une belle réalisation avec le combat, engagé par SAJ, pour la reconnaissance de crime contre l’humanité envers le peuple déraciné des Chagos. Répéter et marteler qu’il « kass lerin mafia » n’a cependant aucun sens s’il ne joint pas l’acte à la parole. Jugnauth père avait “coined” la formule « moralite napa ranpli vant ». Une expression qui est loin d’être élogieuse, bien au contraire ! Et il ne faudrait surtout pas que ce soit sous ces auspices que nous célébrions nos 55 ans d’indépendance.
Cette semaine se termine avec la tragédie ayant marqué le Maha Shivaratree. Les décès de Rohan Doorjean (22 ans) et de Parmeshwal Dhookeeya (35) ont plongé l’île entière dans le deuil.

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