L’espoir de voir enfin un musée de l’esclavage dans l’enceinte du bâtiment qui abritait autrefois l’hôpital militaire a connu une renaissance jeudi avec la promesse faite par IvanCollendavellooauMorne. Sensibleàl’exhortationfaite par Alain Romaine en faveur de ce projet lors de la messe célébréeen l’égliseduSaint-Sacrement, à Cassis,le Premier ministre adjoint a d’abord reproché au prêtre d’avoir fait l’impasse sur le budget présenté l’année dernière, qui avait prévu une dotation financière pour ce projet. Il a enchaîné en affirmant que le musée de l’esclavage « n’est pas un rêve, mais une réalité ».
Il s’est fait fort d’annoncer que le Premier ministre suivra « personnellement » ce projet, appelé à deve- nir un centre de référence dans la région. Cette annonce a été accueillie avec satisfaction dans les milieux du Comité Diocésain 1er février, qui fait partie de ceux qui militent as- sidûment pour la création de ce musée intercontinental, qui fera mémoire de cette période sombre de l’esclavagisme.
Ce musée, comme le souligne Alain Romaine, n’est cependant pas une commémoration des choses du passé. « Nous appelons cela faire mémoire. Nous pensons à ce qui s’est passé hier mais, surtout, nous regardons le présent en vue d’ouvrir un chemin pour l’avenir. Nous disons oui à l’avenir mais sans les erreurs du passé. Nous nous réconcilions avec notre passé et nous établissons un mémorial pour un avenir où nous mettons derrière nous tout ce qui a blessé nos prochains », a-t-il dit.
De fait, ce musée sera l’occasion de mesurer la portée de la traite négrière en Afrique et, particulièrement, au niveau régional, notamment au Mozambique, à Madagascar et à Maurice, qui ont été des réseaux dans le commerce des esclaves. Le bâtiment qui avait abrité l’ancien hôpital militaire, construit par des esclaves en 1740, prend lui aussi une dimension symbo- lique pour avoir accueilli non seulement les soldats français et britanniques, mais également les esclavagistes et les es- claves de l’époque.
Ivan Collendavelloo reconnaît lui-même que la création de ce musée fait partie des recommandations de la Commission Justice et Vérité. « Il faut une plus grande visibilité de l’escla- vage et de la traite négrière dans l’océan Indien. Il nous faut promouvoir l’histoire des esclaves et montrer la contribution de la diaspora africaine dans le développement du monde », insiste-t-il. Maintenant que la promesse du Premier ministre a été faite, la vigilance reste de mise. Il serait dommage que cette promesse s’avère être un slogan creux visant à mobi- liser les personnes concernées le jour de la commémoration de l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage.
Quelques signes permettent toutefois d’espérer. Le projet d’étude de faisabilité devrait être remplacé bientôt par un “call for proposals”. Il s’agit maintenant de constituer un comité technique, qui devrait comprendre ceux qui ont déjà travaillé sur le dossier et qui ont déjà fait des études poussées afin de mesurer les attentes de la population. On s’attend à ce que le Premier mi- nistre mette la même vigueur dans la réalisation de ce projet que celle déployée pour le projet Metro Express. Le temps presse car le mandat de l’actuel gouvernement arrive à son terme en décembre 2019.
Sur le plan politique, les regards sont actuellement tour- nés vers le MMM, qui joue sa réputation. Ce parti, qui se présente comme « le plus démocratique de Maurice » et qui réclame l’organisation au plus vite d’élections législatives générales, s’est vu obliger de reporter l’organisation des élec- tions internes prévues initialement pour mars-avril. Face aux deux courants qui se manifestaient au sein de son parti, Paul Bérenger, qui a failli se retrouver en minorité, a dû trouver une voie de compromis avant de se retrouver face à un Steven Obeegadoo récalcitrant et contestataire.
Devant ces turbulences qui traversent le MMM, beaucoup se demandent où commencent les intérêts de ce parti et où finissent les intérêts personnels… C’est la crédibilité de ce parti qui est en jeu.
Le PMSD n’est pas non plus exempt de problèmes internes. À la moindre escarmouche, certains songent déjà, à tort ou à raison, à quitter leur parti. Les menaces de Patrice Armance ne sont d’ailleurs pas passées inaperçues cette semaine. En attendant la rentrée parlementaire, il y a fort à parier que beaucoup de bouleversements attendent l’opposition.