VIH, syphilis, herpès, gonorrhée… Les maladies sexuellement transmissibles (MST) sont certes nombreuses, mais, pour la plupart, reste « traitables », pour peu bien entendu que l’on les détecte à temps. Pour autant, dans cette cohorte de pathologies aux noms des plus alambiqués, il est une MST totalement incurable, porteuse non seulement de l’imminence d’une mort certaine, mais aussi, avant elle, d’une douloureuse agonie. Qui plus est, contre elle, aucun vaccin, aucun remède. Et, pire, aucunes recherches. Et si vous vous demandiez encore ce à quoi nous faisons référence, alors ne cherchez plus ! Plantez-vous devant le plus beau miroir de votre maison et admirez-vous dans toute votre splendeur !
Rassurez-vous, vous n’avez rien fait ! Et non, vous n’êtes pas non plus vraiment une « maladie ». Cette métaphore s’applique en réalité à notre espèce dans sa globalité, espèce qui, bien que consciente des désastres dont elle ne peut qu’être tenue seule pour responsable, déploie depuis toujours une force invraisemblable à balayer ses problèmes sous le tapis. À commencer par celui du réchauffement climatique, qui ne semble décidément pas nous inquiéter outre mesure. Entre notre survie (et celle du reste du vivant) et ce besoin viscéral de faire perdurer notre système socio-économique – qui, aujourd’hui, tout en continuant d’assurer notre développement, condamne par la même occasion l’humanité entière –, nous semblons avoir fait notre choix.
Certains continueront, c’est certain, à prendre cette menace à la légère – pensant probablement que ces élucubrations sont le fruit d’esprits dérangés –, mais le fait est que la vie sur Terre est réellement en danger immédiat. En atteste la dernière étude de l’observatoire européen Copernicus qui, tout en affirmant que le mois de septembre dernier aura été « le plus chaud jamais enregistré au niveau mondial », en plus de mettre le doigt sur de nouvelles anomalies climatiques, estimait que 2023 pourrait atteindre le fameux plafond de +1,5 °C décrété à l’issue de la non moins fameuse COP 21. Un constat qui, s’il nous donnait déjà des sueurs froides (ce qui est un comble), viendra s’ajouter aux conclusions d’un rapport choc d’autres scientifiques qui, fin octobre, avertissaient : « Les signes vitaux de la Terre se sont affaiblis au-delà de tout ce que l’Homme a pu observer jusqu’à présent, au point de mettre en péril la vie sur la planète. »
Une affirmation qui fait frémir, et qui n’a rien d’une prophétie d’oiseaux de mauvais augure. Car pour arriver à leur conclusion, les chercheurs se sont notamment basés sur les 35 signes vitaux de la planète. Avec pour résultat que 20 d’entre eux se situent déjà à des niveaux extrêmes. Alors, vous pensez toujours que tout va bien ? Au programme des réjouissances : sécheresses prolongées, chaleurs insupportables, et même quelquefois létales, pénuries de nourriture et d’eau douce, incendies, multiplication des phénomènes extrêmes, etc. Le tout accentué par un retour en fanfare d’El Niño, et que l’on promet déjà d’une intensité inédite.
Face à ces calamités imminentes, et auxquelles « personne n’échappera », que pouvons-nous faire ? Pour être honnête, nous n’en savons rien, car les cartes sont entre les mains de Dame Nature. Sachant que le processus climatique est lent à s’installer, et par conséquent tout aussi lent dans l’autre sens, rien ne dit en effet qu’il n’est déjà pas trop tard. La Terre promettant de continuer de se réchauffer quand bien même nous cesserions dès aujourd’hui d’émettre ne serait-ce qu’une seule molécule de CO2, le climat pourrait de toute manière un jour prochain s’emballer, sans retour en arrière possible.
Inversement, cette limite de nos connaissances en matière de projection climatique nous permet aussi d’espérer que nous pouvons encore éviter le pire. Bien que pour cela, il nous faudrait déjà avoir la pleine volonté de revoir nos impératifs, de concéder à quelques sacrifices, de réinstaurer l’équilibre perdu avec la nature et de repenser un monde où les priorités du jour seraient autres que celles d’aujourd’hui, c’est-à-dire débarrassé à jamais de toute considération économo-anthropocentriste. Une question que nous ne semblons hélas toujours pas prêts de vouloir trancher.