Mortelles irresponsabilités

Déjà dix morts pour les trois premières semaines de 2025. Et 133 – soit un des bilans les plus lourds de ces dernières années – pour tout 2024. Le nombre de victimes d’accidents de la route est hélas en croissance régulière. Les drames s’enchaînent. Des familles pleurent les leurs, partis trop tôt et trop brutalement. Tout autant que ces survivants qui perdent l’usage de leurs membres et voient leur quotidien dramatiquement changer…

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Quelles sont les causes de cette augmentation d’accidents mortels ? Un manque de concentration au volant ? Une mauvaise maîtrise de son véhicule ? Des véhicules en mauvais état ? Des routes pas conformes aux normes ? Un manque de connaissance du code de la route ? Insouciance et irresponsabilité de certains ? Probablement une somme de tous ces facteurs dans certaines circonstances spécifiques. Comme la tendance à somnoler au volant après, par exemple, avoir enchaîné plusieurs heures de travail quasiment en continu ou à cause des fortes chaleurs. Négligence du côté de l’entretien mécanique des véhicules (servicing), manque de rigueur en matière de code de la route, entre autres.

L’on ne cessera jamais de le marteler : actionner un véhicule, tourner la clé et mettre en marche sa voiture, un bus, van ou camion comporte d’immenses responsabilités. D’abord la sienne; à savoir que le conducteur se trouve en bonne santé, pas sous influence de quelque médicament ou, pire, de drogue ou d’alcool. Ensuite, celle des passagers, que ce soit dans une voiture privée ou un moyen de transport en commun, ou un véhicule utilisé comme outil de travail. Et tertio, les autres usagers de la route, comprenant ceux qui circulent à bicyclette et à moto, les autres conducteurs empruntant les routes, et, bien entendu, last but not least, les piétons. Dans les dix premières victimes de 2025 se trouvaient ainsi deux piétons, quatre conducteurs et quatre motocyclistes.

Les gouvernements des Jugnauth, père et fils, n’avaient jamais affiché une réelle volonté politique à freiner les accidents de la route. D’ailleurs, au lendemain de son arrivée au pouvoir, en 2014, parmi une des premières mesures prises du gouvernement, on avait assisté, impuissant, à la mise à mort du permis à points. De nombreux conducteurs se réjouissaient de la chose, pendant que d’autres, plus responsables et réfléchis, anticipaient l’inévitable hécatombe.

Pourtant, le permis à points avait, il faut le reconnaître, fait ses preuves et contribuait à freiner les ardeurs des fous du volant les plus irréductibles ! Oui, le permis à points n’était pas LA solution ni LA formule magique pour calmer ceux qui se croient les rois des routes, surtout ceux qui se sentent pousser des ailes derrière le volant de leur bolide, sorti tout fraîchement de chez le concessionnaire, et encore plus quand il s’agit de grosses cylindrées et machines surpuissantes. Mais quand l’on voyait se profiler le spectre de voir son permis suspendu, voire de carrément sauter, cela faisait évidemment réfléchir et réagir avec conscience !

Le gouvernement de Navin Ramgoolam n’a pas remis au menu le permis à points depuis son retour au pouvoir. Espérons que les responsables du dossier œuvrent vers un projet aussi concret et qui permettra de voir ralentir le nombre de morts causés par les accidents de la route !

Les attentes sont très grandes dans tous les secteurs : l’on ne cessera de le répéter, ça aussi. Que ce soit en matière de cherté de la vie, des fléaux sociaux qui gangrènent notre jeunesse, et des prises de décisions au niveau national, les Mauriciens souhaitent voir émerger à la fois une nouvelle attitude, qui soit imprégnée de bon sens et de justice, dans tous les sens, et des fondations solides et modernes sur lesquelles bâtir notre présent et notre futur. Mais aussi cultiver et inculquer des valeurs et des principes, soutenir et défendre les bonnes causes… Se battre pour des idéaux et faire respecter des philosophies qui vont de pair avec un savoir-vivre, où chaque Mauricien se sent partie prenante, participant et acteur de son quotidien, et l’avenir de ses enfants. Le discours-programme, prononcé par le président de la République, Dharam Gokhool, ce vendredi, aura certainement donné les grands axes de tout cela…

Husna Ramjanally

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