Moris du Rire 2 : le bêtisier dont on se serait bien passé

On avait une affiche haut en couleur avec des humoristes venant de France, de La Réunion, dont Titi Le Comik, Charly Nyobe, Brice Lee, Tareek, Djimo et Mika H, pour agrémenter la journée dominicale au Trianon Convention Centre, mais on en est ressortis déchantés. On veut bien accorder aux comédiens toute la liberté d’expression possible, mais quand l’humour dérape et devient un bêtisier, c’est loin de plaire…

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Doit-on rester dans le politiquement correct quand on est humoriste ? Pas forcément, on l’accorde, car l’artiste est sur scène pour caricaturer l’autre sans intention de nuire, juste pour le fun. Mais quand les mots deviennent grossiers, on transgresse les tabous, et cela peut presque passer pour de l’insulte.
Titi Le Comik réunionnais, lui, était hors cadre. Il a été le premier humoriste à défiler sur scène et à inviter un spectateur à lui apprendre à danser le séga. Jusque-là, on se dit qu’avec le séga mauricien et le maloya, le ton est donné. Sauf que Titi traite sur un ton sarcastique son invité avec un juron bien mauricien dont il se serait bien passé.
S’ensuit le numéro de danse et Titi Le Comik continue sur sa lancée… Il invite même, après l’humoriste Vincent Duvergé, également animateur du Moris du Rire 2, à lui dévoiler le bêtisier mauricien. Et lorsque Vincent Duvergé, à son tour, permet à la salle de dire tous les gros mots qu’elle a dans le gosier, et que c’est une dame qui se lâche, ravie de cet exercice impromptu, au point de se voir affubler par la suite du titre de Mme Kiwi, cela ne ressemble en rien en un show d’humoristes.
Chaque mot doit être porteur d’action, mais surtout porteur d’émotion. Le Moris du Rire 2 aurait dû miser sur cette pléthore de talents, par le biais de sketchs poignants. Car il y a bien du potentiel chez ce plateau d’humoristes, mais les jurons ont gâché un moment de rencontre unique. Par contre, Tareek, révélé dans La France a un incroyable talent, nous a séduits avec son sketch sur sa fille, son divorce et son quotidien de papa célibataire.
Le côté très stylé de ses improvisations, sa manière d’être en communion avec son public, de prendre son temps pour dire « Mes enfants, les mains sur les oreilles, je vais raconter une histoire d’adulte aux parents » force le respect. Aucun reproche, puisque sa blague collait parfaitement à son scénario. Idem pour Brice Lee, le Réunionnais, qui a révélé que ses cheveux en mode afro « étaient des vrais » et qu’il a même eu la chance inouïe de trouver « un pote mauricien dans la salle qui avait la même coupe ». Même justesse des mots chez Charly Nyobe.
Cela dit, la première partie du show, avec Lydia None, de Pop TV, mérite d’être saluée. Car Lydia None a montré que non seulement elle sait faire rire, mais qu’elle a aussi l’étoffe d’une chanteuse qui mériterait qu’on la voie un peu plus souvent en concert. Il faut aussi saluer le talent de Vincent Duvergé et de Kaleem, dont on n’a pu voir, à regret, la suite avec son personnage, Kala.
Le Moris du Rire 2 gagnerait à être moins long, plus peaufiné, drôle et pétillant. Dommage qu’il y ait eu de gros ratages !

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