La Fédération des Travailleurs Unis (FTU) a émis ses propositions dans le cadre du budget 2024/25. Des demandes ont été formulées pour améliorer les conditions de travail, dont une réglementation sur l’utilisation des caméras CCTV, un droit de regard sur les pensions privées et la gestion des comités disciplinaires par le ministère du Travail. La fédération réclame également une augmentation de la Carer’s Allowance pour ceux touchant la pension d’invalidité et le contrôle des prix sur les aliments de base.
Le gouvernement doit dévoiler la somme dépensée pour soutenir le secteur privé pendant la pandémie de Covid-19. Tel est l’avis d’Atma Shanto, négociateur de la FTU, qui a soumis son mémoire au ministre des Finances, Renganaden Padayachy, en prévision de la présentation du budget. Il est d’avis que dans certains secteurs, des patrons profiteraient du moindre problème sur le plan local ou international « pour profiter des fonds publics ». Il estime ainsi que le gouvernement doit jouer la carte de la transparence et de la redevabilité.
Dans la foulée, la FTU dénonce la discrimination subie par les travailleurs du secteur privé pendant la pandémie de Covid-19. « Le gouvernement avait décrété certains secteurs comme services essentiels pendant le confinement.
Cependant, seuls les travailleurs du secteur public ont reçu une compensation de Rs 15 000, alors que ceux du secteur privé ont également travaillé pendant cette période. C’est une discrimination qu’il faudra rectifier », fait-il comprendre.
La fédération syndicale ajoute que la pandémie de Covid-19 a démontré la nécessité de renforcer la sécurité alimentaire. Dans ce contexte, elle suggère que le gouvernement reprenne les terres non utilisées par les compagnies sucrières pour développer la culture vivrière. « Le gouvernement devrait mettre en place des plans afin de permettre aux personnes sans emploi de développer l’agriculture et l’élevage. Par la même occasion, cela créerait de l’emploi », propose-t-il.
Dans ce même contexte, la FTU déplore les prix élevés des aliments de base et des légumes. La fédération réclame de fait une baisse de la TVA, ainsi qu’une révision de la liste des produits dont les prix sont contrôlés. « Les personnes vulnérables sont victimes des augmentations abusives tant sur les prix des légumes que des produits alimentaires de base, ainsi que des médicaments », souligne-t-il.
Pour améliorer la qualité de vie, la fédération réclame aussi une augmentation de la Carer’s Allowance. Soit, passant de Rs 3 500 actuellement à Rs 6 000. Car si la pension a été révisée à la hausse, tel n’a pas été le cas pour cette allocation d’accompagnement.
Concernant le monde de l’emploi, la FTU déplore l’utilisation abusive des caméras CCTV et souhaite que le gouvernement vienne avec une législation à ce sujet. De même, la fédération réclame des amendements aux lois du travail pour protéger la vie des travailleurs pendant les périodes de mauvais temps, comme lors de pluies torrentielles. « La vie des travailleurs du secteur privé ne peut dépendre des patrons. Il faut appliquer la même politique pour tous », dit-il.
La FTU dénonce également des violations des droits humains au travail. Elle regrette ainsi que la National Human Rights Commission ne soit pas habilitée à mener des enquêtes au sein des entreprises du privé. Dans ce même contexte, et afin de sensibiliser sur l’importance de la convention, la fédération souhaite que tous les travailleurs aient droit à une heure de time off chaque 10 décembre, Journée internationale des droits humains.
Le syndicat propose également une révision de la loi concernant l’institution de comités disciplinaires. Valeur du jour, c’est l’employeur qui choisit ses hommes de loi. Ce qui est au détriment des travailleurs. La mise sur pied d’un Pool de conseils légaux par le ministère du Travail est prônée pour gérer les litiges.
De même, la fédération note que de plus en plus d’entreprises proposent des plans de pension privés à leurs employés. « L’administration de ces millions de roupies reste entre les mains du secteur privé et des patrons. Les employés n’ont pas leur mot à dire. La création d’un National Tripartite Committee à ce sujet est nécessaire », fait-il comprendre.
Afin d’aider les travailleurs à revendiquer leurs droits, la FTU évoque la mise sur pied d’un Strike Fund. Ce fonds aiderait les travailleurs en cas de grève. Or, actuellement, relève la fédération, il est pratiquement impossible pour les employés du privé de se regrouper et de revendiquer leurs droits. La grève étant le dernier recours. Dans ce même contexte, la FTU regrette l’absence de tripartisme dans plusieurs corps parapublics. « Les décisions sont prises de manière unilatérale et les travailleurs n’ont pas leur mot à dire. »
Par ailleurs, en cette période préélectorale, les recrutements par les ministères et les corps parapublics peuvent donner lieu à de nombreux abus, selon la FTU. La fédération réclame ainsi de mettre un terme à cette pratique, qui relève d’un abus de pouvoir. De même, elle demande l’introduction d’un code de conduite dans ces institutions afin d’empêcher les nominés politiques de faire la pluie et le beau temps.
La FTU met enfin en garde contre tout amendement dans les lois du travail « en catimini » à travers le Finance Bill. « Cela a déjà été le cas l’année dernière, à la demande de Business Mauritius et de l’AHRIM. C’est une conspiration contre les travailleurs », dénonce-t-il.