Les compagnies cotées en Bourse, et dont l’année financière a pris fin le 31 décembre dernier, ont normalement un dé- lai de trois mois, selon les ‘Listing Rules’ pour publier leurs comptes annuels, soit jusqu’au 31 mars 2020. Mais vu la situation actuelle et les difficultés opérationnelles affectant ces entreprises, la Financial Services Commission (FSC) et la Stock Exchange of Mauritius (SEM) ont pris des mesures pour étendre ce délai d’un mois, leur permet- tant ainsi de mieux s’organiser, en accordant une dérogation aux Listing Rules en vigueur.
Techniquement, une bonne partie, soit plus de 50%, des compagnies cotées à la Bourse de Port-Louis clôture l’année financière le 31 décembre, alors que d’autres ferment leurs comptes soit le 30 mars comme pour la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, soit le 30 juin soit le 30 septembre. Donc, bon nombre d’entre- prises bénéficient de cette extension accordée par le régulateur boursier qui s’étend désormais jusqu’à fin avril. «The deadline for publishing financial statements for the year ended 31 December 2019 which should have been on 30 March 2020, will not be enforced. The deadline is extended by one month until 30 April 2020 », note la SEM. Elle rassure par ailleurs les entreprises cotées pour les semaines à venir, indiquant que le staff de la ‘listing division’ sera à disposition à tout moment, notamment via messagerie électronique. Elle précise : « We will continue to assess the situation. Our stakeholders will be kept informed of any changes and developments. »
La FSC fait également preuve de flexibilité par rapport aux opérateurs du secteur financier et ceux cotés en bourse : « It will show flexibility towards companies which may face challenges in meeting their forthcoming reporting obligations including regulatory filings. » Par ailleurs, la FSC dit qu’elle considérera, au cas par cas, d’éventuelles mesures qui pourraient « alleviate the regulatory burden for financial institution du- ring these challenging times ».
Dans les milieux du secteur privé, l’extension du délai pour le ‘reporting’ des comptes annuels rassure en ces temps incertains. « C’est logique d’avoir étendu le délai car tout le monde a été pris de court par l’impact du virus et a essayé de s’adapter tant bien que mal. Et c’est bien de voir que les autorités ont fait preuve de compréhension et de flexibilité à l’égard de ces compagnies, d’autant que personne ne sait combien de temps durera la crise.
Le plus vite nous retournerons à la normale, le mieux ce sera pour nous tous », explique John Chung, expert-comptable et Managing partner chez KPMG. Cette décision est, selon lui, « en ligne avec ce qui est mis en œuvre dans les autres pays en ce moment où les autorités boursières et régulatrices font montre de flexibilité ».
Un comptable d’une compagnie cotée abonde dans le même sens : « C’est vrai que nous travaillons tous sous une pression énorme depuis le ‘lockdown’ et même la préparation des comptes annuels doit se faire ‘remotely’ et cela pose quelques soucis, notamment sur le plan logistique. » John Chung précise que « certaines instances, comme le conseil d’administration, doivent approuver les comptes annuels avant publication. Et là, ils doivent faire leur réunion via télé- conférence et ce n’est guère évident à mettre en place, notamment sur le plan technologique ». Il ajoute : « Il faut des laptops très performants et une bonne connexion Internet. »
Mais le soulagement est palpable au sein des compagnies concernées, comme le confirme le directeur financier d’un important groupe coté en bourse : « Avec le confinement qui va sans doute durer longtemps, le délai est le bienvenu ! »
Dans l’hôtellerie plus particulièrement, secteur le plus sévèrement touché par la crise, la nouvelle est accueillie « avec satis- faction ». Le CEO d’un groupe hôtelier coté affirme que « ce délai va nous soulager temporairement, car avec la fermeture de tous les hôtels, la priorité reste les mesures de précaution pour tous nos employés et réduire nos coûts au maximum afin de survivre jusqu’à la reprise ». Il poursuit : « La pression sur nos épaules est énorme. Nous comptons sur l’État, nos banquiers et nos employés pour pouvoir rester en vie. Notre priorité est aussi de maintenir notre ‘cash-flow’. »