La sœur de la victime, Jacquelin Juliette, met en doute l’authenticité d’une déposition consignée par la police
Le mystère autour du Cover-Up des causes du décès de Jacquelin Juliette lors d’un raid de la police à Cité-Ste-Claire en janvier 2023, ayant fait l’objet de dénonciations dans la série Missie Moustass Leaks, s’épaissit. En effet, des développements majeurs sont intervenus lors de la séance d’hier de l’enquête judiciaire en Cour de Pamplemousses, instruite sur ordre du Directeur des Poursuites Publiques (DPP). La sœur du défunt, qui déposait devant le tribunal, a mis en doute l’authenticité d’une déposition consignée à la police, où elle affirme qu’elle n’avait vu aucune blessure sur le corps de son frère. Elle a aussi maintenu que le Chief Police Medical Officer, le Dr Sudesh Kumar Gungadin lui avait dit que les multiples blessures sur le corps de son frère provenaient des gelures, des réactions provoquées par la chambre froide de la morgue. Sur la sellette dans cette sinistre affaire, classée avec un réseau de complicité à haut niveau, l’ancien commissaire de police, Anil Kumar Dip et le Dr Sudesh Kumar Gungadin, font déjà partie de la liste de personnes assignées à être entendues dans le cadre de cette enquête judiciaire.
Une nouvelle séance de l’enquête judiciaire, présidée par la magistrate Ramdewor-Naugah sur les circonstances troublantes de la mort de Jacquelin Juliette, a vu son lot de rebondissements, hier. Cet homme de 36 ans, habitant Cité-Ste-Claire, Goodlands, était décédé le 6 janvier 2023, après avoir été sauvagement agressé par des éléments de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) à son domicile. Il avait été agressé dans ses parties intimes. Cette affaire aurait pu sombrer dans oubli, n’était-ce les révélations de Missie Moustass sur la toile en marge de la campagne électorale de novembre 2024.
D’ailleurs, deux bandes sonores des Missie Moustass Leaks ont été diffusées en Cour. L’une portait sur une conversation téléphonique entre l’ancien commissaire de police, Anil Kumar Dip et le Dr Sudesh Kumar Gungadin, et l’autre entre l’ASP Ashik Jagai et un policier non-identifié. Ces conversations, très troublantes, portaient sur un Cover-Up de la mort de Jacquelin Juliette (voir retranscription plus loin.)
La sœur de Jacquelin Juliette, Sweta Juliette, a ensuite été interrogée par Me Nataraj Muneesamy, représentant du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) ce mardi. Cette habitante de Cité-Ste-Claire a expliqué comment son frère avait été tabassé par les limiers de l’ADSU le 4 janvier 2023. Ces derniers l’avaient ensuite laissé sur place. Quelques heures plus tard, Jacquelin Juliette avait rendu l’âme.
Me Muneesamy s’est ensuite étendu sur une déposition portant la signature de Sweta Juliette, qui a été lue en Cour par l’homme de loi, et qui a été versée dans le dossier de la Cour.
Selon la teneur de ce document, portant sur le déroulement de l’autopsie pratiquée le 6 janvier 2023 à la morgue de l’hôpital Dr Jeetoo, vers 13 h 40, le PC Horeesoran a décrit que Sweta Juliette lui avait dit que le Dr Gungadin lui avait expliqué les procédures avant l’autopsie, dans la salle d’autopsie même, et qu’elle n’avait remarqué aucune trace de blessures sur le corps.
Or, Sweta Juliette est catégorique. Elle maintient qu’elle n’avait jamais rencontré le PC Horeesoran ce jour-là. Elle a aussi démenti avoir apposé sa signature au bas de cette déposition cette déposition.
Me Muneesamy : Ce jour-là, vous avez donné une déposition à la police où vous disiez que vous n’avez trouvé aucune trace de blessure sur le corps de votre frère ?
SJ : Non.
Me Nataraj Muneesamy a alors présenté au témoin la déposition portant sa signature.
SJ : Pa mo siniatir sa !
NM : Aviez-vous rencontré le PC Horeesoran le 6 janvier 2023 ?
SJ : Non.
NM: Avez-vous donné cette version des faits à la police ?
SJ : Je ne suis jamais allée à la police. Je maintiens que j’ai vu des blessures sur le corps de mon frère.
Selon elle, elle-même et d’autres proches avaient eu accès à la salle d’autopsie afin de vérifier l’état du corps avant l’autopsie, et cela à la demande du Dr Gungadin.
NM : Que s’est-il passé à l’intérieur de la salle d’autopsie ?
SJ : Il y avait plusieurs médecins à l’intérieur. Le Dr Gungadin nous a demandé de regarder le corps. Nous avons vu plusieurs blessures sur le corps. J’ai posé des questions au médecin. Il m’a expliqué que ce sont les glaçons, qui se forment dans la salle froide où était entreposé le corps, qui ont fait cela.
NM : Où avez-vous vu des traces de blessures sur le corps?
SJ : Partout sur le corps.
Sweta Juliette a ensuite été interrogée, toujours par Me Nataraj Muneesamy, sur ce qui s’était passé après l’autopsie. Elle maintient que le médecin légiste, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, lui avait affirmé que son frère était mort de cause naturelle et cela, malgré la présence des traces de blessures sur le corps.
NM: Que vous a dit le Dr. Gungadin ?
SJ : Que mon frère est mort de cause naturelle. Je lui ai demandé comment cela est possible, puisque mon frère était en bonne santé.
NM : Et ensuite?
SJ : Le Dr Gungadin a rétorqué que selon les conclusions de l’autopsie, mon frère est mort de cause naturelle, et qu’il fallait accepter cela.
NM : Vous avez accepté ces conclusions ?
SJ : Je ne lui ai rien dit.
À la demande de Me Muneesamy, le Dr Gungadin, le PC Horeesoran et l’ex-commissaire de police ont été ajoutés à la liste de ceux qui seront entendus à une étape ultérieure de cette enquête préliminaire.
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Extraits de Missie Moustass Leaks
Panique du SP Jagai
Jagai : Sorry to disturb.
Haut gradé : Yes, koze.
Jagai : Mwena enn nouvel mo bizin dir ou. Zot inn fer crackdown ADSU gramatin dan Ste-Claire.
Haut gradé : Kan ? Yer gramatin. Weh yer.
Jagai : Tan mwa bien la. Sa garson Juliette la so frer fin pass away lopital.
Haut gradé : Li ti blese li ?
Jagai : Non be bannla ena footage ki li pe lit ek lapolis apre linn ale. Bannla pe dir linn gagn kout pie dan p*** apre zot finn trangle li. Aster linn al lopital pou sa dimal dan p*** la linn mor akoz sa. Aster ena renseignman bannla pou al rod serzan Helene. Dan cite Ste-Claire zot pou al rod serzan Helene. Parski serzan Helene kinn trap lot Juliette la. Mo kone ou enn vie CID man ou pou kone ki bizin fer. Get enn tikou dan nivo ADSU fer bannla konpran.
Haut gradé : Weh Weh.
Jagai : Parski dan Cite Ste-Claire zot inpe cake sa.
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Les contours du Cover-Up
Dip : Ki dir doc.
Médecin légiste : Yes patron bonzour
Dip : Kisannla pou fer sa lotopsi la la ?
Médecin légiste : Mo pou al laba, mwena 2 kes Candos, mo bat sa vit mo pou al Porlwi.
Dip : Kifer ou pa fer amenn li isi mem ?
Médecin légiste : Kes la Porlwi mem.
Dip : Samem kouyon kinn mor sipoze ADSU so soz lala.
Médecin légiste : Li Porlwi mem la
Dip : Ey fer sa ou mem, inside information zot pe dir sipa fin bez li kout pie dan so p***, lagrain sipa ki.
Médecin légiste : Dakor dakor
Dip : Fode pa tousala trouve. Sinon zot pou vinn hostile, zot pe atan samem la
Médecin légiste : Bizin trouv p*** la ou pa trouve ?
Dip : Ou pa bizin trouv narien, In mor sipaki g**** pain. B*** in mor natural cause. Ok ?
Médecin légiste : Ale korek
La femme de Jacquelin Juliette avait porté plainte à l’époque pour brutalité policière et avait consigné une déposition au poste de police de Piton. La tension monte aux Casernes centrales, Anil Kumar Dip a prévu de rencontrer la presse ce matin pour une déclaration Affaire à suivre…