Mirella Chauvin (Linion Moris) : « L’élu doit être honnête et au-dessus de tout soupçon »

Ex-mairesse de Beau-Bassin–Rose-Hill et ancienne haute-commissaire en Australie, Mirella Chauvin, qui a fait ses premières armes auprès du Mouvement Républicain de Rama Valayden, sera candidate au no 18 aux prochaines législatives sous la bannière de Linion Moris. La vice-secrétaire générale de Linion Pep Morisien (LPM), membre de Linion Moris, constate, dans cet entretien, que les gens ont soif de changement et que Linion Moris représente cet espoir. « Nous sommes dans une dynamique de changement, d’un vrai changement, pas de personne, mais de système. »

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Elle estime que face à cette soif, «  Linion Moris a toutes ses chances de reconnaissance de la population ». Pour elle, l’élu est une figure publique qui « doit absolument être intègre, honnête et au-dessus de tout soupçon ».  Contrairement à ce que pensent beaucoup, elle considère que la politique est très noble. « Tout politicien, s’il accède au Parlement, doit faire son maximum, être au service de son pays et non pas de sa poche ! »

Vous êtes vice-secrétaire générale de Linion Pep Morisien et membre de Linion Moris. Comment le parti s’apprête-t-il à la veille de la joute électorale ?

Je ferais un bref historique de Linion Moris. Après le désastre du MV Wakashio, le meurtre de Soopramanien Kistnen, les dilapidations des fonds publics durant l’Emergency Procurement de 2021 ; après plusieurs manifestations et rallyes, plusieurs groupes politiques extra-parlementaires se sont rencontrés et ont voulu se regrouper. Il y avait notamment à l’époque 100% Citoyens, le Mouvement patriotique et le Groupe de Réflexion Emmanuel Anquetil (GREA).

Ces trois partis ont donné lieu à Linion Pep Morisien (LPM). Par la suite, trois autres groupes se sont joints à nous : Rassemblement morisien (RM), Les Verts fraternels et le Ralliement citoyen pour la patrie. C’est là que nous sommes devenus Linion Moris en septembre 2023.

Linion Moris est le fruit donc d’une réelle volonté de rassembler les divers groupes extraparlementaires, une grande alliance qui travaille déjà ensemble depuis un an. Nous voulons tous d’un changement de système et nous sommes prêts à affronter la mare et la boue.

Comment affûtez-vous vos armes ?

Surtout à travers le contact direct avec les gens. Je crois fermement dans le face-à-face pour pouvoir expliquer notre programme. Nous allons chez des familles, nous organisons de petites réunions et nous distribuons des tracts avec notre programme imprimé à l’intérieur.

Nous montons au créneau dans l’intérêt de la population dès que quelque chose ne va pas. Nous interpellons l’opinion publique. Nous sommes constamment sur le terrain.

Quelles sont les chances de Linion Moris sur l’échiquier politique face à deux blocs comprenant des leaders s’étant toujours, tout à tour, partagé le pouvoir à l’issue des législatives ?

Nous courtisons essentiellement les déçus de notre système politique et de notre système démocratique qui a pris un sale coup, qui a vu pendant cinq décennies les Jugnauth, Ramgoolam, Bérenger et Duval jouant avec la dignité de la population à chaque élection.

Plus de 60% de la population ne veulent plus de ces politiciens, on le vit sur le terrain : ils nous le disent. Les gens ont soif de changement et Linion Moris représente cet espoir. Nous sommes dans une dynamique de changement, d’un vrai changement : pas de personne mais de système.

Le slogan « Ni Pravind, Ni Navin » accroche et je pense que le Linion Moris a toutes ses chances de reconnaissance de la population pour arriver à ce changement tant attendu.

Je pense que Linion Moris a la meilleure équipe pour remettre le pays sur les rails du progrès. Il faut en finir avec les dynasties qui occupent le Parlement sans vraiment avoir changé la vie des citoyens. Je pense aussi que contrairement aux autres, nous n’avons pas de casserole.

Nous sommes une équipe dynamique, innovatrice, avec de multiples compétences et talents. Nous sommes de vrais démocrates qui pensent que le pays ne doit plus avoir peur de parler. En effet, la peur est palpable aujourd’hui. Les gens ont peur de s’exprimer. Il ne faut pas que les gens aient peur d’aller dans des réunions politiques. Leur choix, c’est leur droit fondamental.

Linion Moris a préparé un modèle de Freedom of Information Act qui dit que dès que l’argent public est impliqué, les Mauriciens doivent pouvoir avoir accès aux informations. Nous voulons aussi d’une police qui inspire confiance. Nous voulons d’un système éducatif où aucun enfant ne reste sur le carreau. Il faut à tout prix réformer le système dès l’école primaire car c’est, selon moi, toute la source de frustration et d’échec qu’il y a.

Pensez-vous que les Mauriciens sont prêts à voter pour une nouvelle alliance, en dehors des principaux blocs ?

Je le pense, oui, car on le vit sur le terrain quand on parle aux gens. Le slogan « Ni Pravind, Ni Navin »,  je vous l’assure, accroche. Les expériences des dernières élections ont montré que ce sont toujours les deux principaux blocs qui arriver à se frayer un chemin au Parlement… J’espère que cela changera cette fois, car la soif du changement est palpable parmi la population.

Si vous étiez élue demain, quelles sont les compétences que vous avez et qui pourraient être utiles au pays ?

J’ai fait toute ma carrière dans l’éducation, au collège Lorette de Rose-Hill. Humblement, je pense pouvoir apporter ma contribution dans le système éducatif. J’ai aussi une formation de psychologue qui peut m’être utile par rapport à l’écoute des familles, des personnes âgées et des plus vulnérables.

J’ai aussi été maire de Beau-Bassin–Rose-Hill et haute-commissaire en Australie. À mon humble avis, j’ai ces compétences de gestion et je devrais pouvoir les mettre au service de la population.

Quels sont pour vous les changements à apporter en priorité dans le pays ?

La priorité des priorités est le combat contre la drogue et la corruption qui gangrènent notre société. Il faut qu’on mène un combat acharné contre la vie chère. Donner Rs 2 900 aujourd’hui ne sert à rien si on doit dépenser Rs 5 000 au supermarché.

Nous devons rétablir la confiance de la population au niveau des institutions. Il faut que nos institutions puissent travailler en toute indépendance. L’élu est une figure publique. Il doit absolument être intègre, honnête et au-dessus de tout soupçon. Il faut plus de transparence et une vision économique pour nos jeunes.

Comment et pourquoi vous êtes-vous lancée en politique ?

J’ai commencé avec Rama Valayden au sein du Mouvement Républicain il y a presque 25 ans, car je sentais que la seule façon de faire avancer les choses est à travers la politique. C’est au Parlement que nous passons des lois et c’est la politique qui permet d’améliorer le sort de la population et des plus vulnérables.

Pour moi, la politique est très noble, contrairement à ce que pensent beaucoup. Tout politicien, s’il accède au Parlement, doit faire son maximum, être au service de son pays et non pas de sa poche !

En 25 ans d’expérience en politique, comment voyez-vous évoluer la femme en politique ? Quelles sont ses forces et faiblesses ?

Les femmes représentent plus de 50% de la population. La femme a donc beaucoup de résilience et comprend, je pense, certaines situations bien mieux que les hommes. Malheureusement, nous sommes sous-représentées dans les sphères de notre société, au Parlement, dans les grandes entreprises.

Pis, elle n’a pas le même salaire qu’un homme malgré les mêmes diplômes et compétences. Linion Moris a pris l’engagement de rétablir cela. Mais nous avons quand même eu pas mal de femmes qui ont brillé comme Shirin Aumeeruddy-Cziffra. Pour moi, c’est un des meilleurs exemples de femmes ayant brillé en politique. J’ai une grande admiration pour elle.

S’agissant des points faibles, je dirais que certaines pensent qu’il faut dire oui à tout ce que leur dit leur leader, même si cela va à l’encontre de leur conviction. Les femmes doivent pouvoir dire non et stop quand il le faut.

Est-il aisé pour une femme de faire de la politique et de percer dans ce monde ?

Non, ce n’est pas facile parce que la femme doit faire plus que l’homme. Il faut qu’elle se surpasse. Nous entendons de belles paroles à l’occasion de la Journée internationale de la Femme, mais dans le concret il faut qu’elle arrive à se démarquer. Il faut qu’elle arrive à prouver ses compétences alors qu’on ne questionne pas les compétences des hommes.

Les mentalités évoluent, certes. Mais ce n’est pas assez. Je dis bravo aux femmes qui se lancent en politique car il faut du courage et de la détermination.

Votre constat de la place des femmes dans la société mauricienne…

Une fois encore, sous-représentées. Il faut à tout prix rétablir l’anomalie des salaires.

Comment Linion Moris compte-t-il s’y prendre alors que le secteur privé tient tête au réajustement de salaire ?

Il faudra légiférer car ce n’est pas normal.

Vous serez candidate au No 18. Quelles sont les priorités des habitants ?

Les doléances que nus recevons sur le terrain, c’est l’impact considérable du métro sur la vie des habitants sans compter les commerces qui ont dû fermer leurs portes et d’autres qui travaillent à peine.

Je pense qu’il faut un plan d’action pour aider ces commerçants et soutenir les PME qui souffrent. J’ai aussi eu plusieurs plaintes concernant la foire de Belle-Rose où les maraîchers travaillent dans des conditions déplorables.

Je pense aussi aux rues avec des nids de poule à Bassin par exemple, des rues sans trottoir et le danger que cela comporte pour les enfants. Il y a des rues mal éclairées, des terrains vagues… Il faudra définitivement un Uplifting du centre-ville. Il faudra aussi lutter contre la drogue à Quatre-Bornes. Les habitants doivent aussi pouvoir participer aux décisions qui les concernent.

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