La Major Crime Investigation Team (MCIT) et la Criminal Investigation Division (CID) de Curepipe soupçonnent que Nadeem Permessur (48 ans) aurait été roué de coups dans un centre de désintoxication – qui ne dépend aucunement du ministère de la Santé – afin qu’il abandonne son addiction à la drogue, et ce, alors qu’il tentait de fuir sans l’accord de la direction. Des résidents du centre, arrêtés jusqu’ici, ont fait des révélations surprenantes au sujet de la méthode utilisée pour « aider » les dépendants. En l’occurrence que ces derniers ne recevraient aucun traitement médicamenteux et seraient attachés, et parfois battus, lorsqu’ils disent être en manque.
Dans un premier temps, la police avait soupçonné qu’une bagarre avait éclaté entre deux factions de toxicomanes samedi, avec pour conséquence la mort de Nadeem Permessur. Problème : aucun interné ne confirme le fait, niant ainsi toute implication dans le crime. En revanche, ils ont mis l’accent sur certaines conditions de leur internement. Ainsi, selon eux, ils seraient privés de nourriture adéquate dans les premiers temps de leur arrivée, et ce, afin qu’ils comprennent les règles de discipline.
Un des suspects évoque même des corrections corporelles lorsque les toxicomanes se mettent à crier quand ils sont en état de manque. Raison pour laquelle la police a arrêté les responsables du centre. Javed Hosany, Jonathan Jean-Pierre, Salman et Rizwaan Kanowah ont été inculpés sous une accusation provisoire de meurtre hier. Ces derniers n’ont pas encore donné leur version à ce stade. D’autres interpellations sont à prévoir bientôt.
Samedi que le corps inerte de Nadeem Permessur a été retrouvé dans une chambre du centre. Or, bien que l’homme portait de graves blessures, aucune trace de sang n’a été découverte dans les alentours. Par ailleurs, même si le lieu dispose de caméras de surveillance, ces dernières, selon les responsables, « sont en panne ». Des éléments qui ont poussé les enquêteurs à déduire que ce chauffeur de taxi de profession a été battu ailleurs et conduit dans sa chambre, où il s’est assoupi sur son matelas posé à même le sol. Les enquêteurs n’écartent par ailleurs pas que l’agression ait pu avoir été commise la veille.
Le quadragénaire partageait la chambre avec quatre autres patients – Altaf Mahamoodally, Muzzafar Beeharry, Shezaad Cheeckoory et Nawaz Ozeer – qui, eux aussi, dormaient par terre. Interrogés, ils ont nié avoir agressé la victime. En outre, l’un d’eux a rapidement fait état des méthodes peu conventionnelles utilisées par les responsables de l’établissement pour « tir yen ».
L’autopsie a conclu que Nadeem Permessur a succombé à un choc dû à de multiples blessures. Il suivait un traitement dans ce centre depuis quelques jours déjà et n’avait pas le droit de sortir ou de contacter des membres de sa famille. L’enquête a été placée sous la supervision du surintendant Ghoorah, de la MCIT Sud.