Le Muslim Citizens Council (MCC) considère que le mois de Ramadan a été un temps de prière et également une opportunité réelle pour une introspection spirituelle pour tous; un moment d’abstinence, de réconciliation avec soi-même et de partage.
L’apprentissage de la maîtrise de soi durant ce mois requiert une prédisposition en vue de nous changer; cette introspection est aussi vitale et saine. Et au lieu de penser à ce que l’on veut, on doit songer davantage à la façon d’être meilleur. L’aspect collectif de la prière va le plus nous manquer. Ainsi, aller à la mosquée nous lie aux autres, nous permet de retrouver l’essence même de la spiritualité. Quand on prie, on exécute les mouvements en même temps, on communie, on a les mêmes rythmes.
Tout en réalisant ce qui est bon et en remerciant Dieu pour Ses bienfaits à l’égard de toute l’humanité, il est impossible de ne pas constater les graves problèmes qui pèsent sur notre époque : la dégradation de notre environnement ; la situation économique si difficile ; le chômage en constante augmentation. Ce qui fait que subvenir aux besoins de base d’une famille au bas de l’échelle sociale devient de plus en plus difficile alors que prévalent l’injustice, la pauvreté, les tensions sociales et les conflits à l’intérieur des pays.
Justice sociale
À Maurice cette dernière semaine, nous avons été témoins d’une agitation sociale, due principalement à l’injustice sociale et à l’augmentation des prix des denrées de base, qui aurait pu mettre en péril notre harmonie que nous chérissons si fièrement. La justice sociale est la base d’une société durable et harmonieuse. En Islam, la justice sociale comprend trois éléments fondamentaux – la liberté de conscience absolue, de l’égalité complète de tous les hommes et de l’interdépendance sociale entre les membres de la société.
Le Coran explique le terme justice sociale comme ‘équité’ (qisṭ) qui implique un sens d’égalité et de justice dans la distribution et un projet social partagé pour s’assurer que tous les membres de la société reçoivent leur juste part. L’aspect politique de la justice implique une gouvernance équitable des personnes selon la consultation mutuelle. (42 : 38). Si seulement le Conseil national économique et social – qui est responsable de l’intégration sociale et du développement économique en vue d’une plus grande participation de la société civile au processus démocratique, avait fait un travail sérieux et agi en amont –, beaucoup de dégâts auraient pu être évités.
Combattre l’oppression
Certes, l’Islam encourage des actions individuelles de charité et de gentillesse, mais pour apporter un changement réel, il faut travailler collectivement à plus grande échelle pour lutter contre les injustices systémiques et instituer des politiques qui corrigent les inégalités. Donc, le musulman ne peut adopter la posture de spectateur d’une quelconque forme d’injustice ; il est moralement obligé de faire tout ce qui est en son pouvoir pour combattre l’injustice. Bien sûr, ce devoir s’accompagne de l’exigence de sagesse pour s’assurer que la tentative d’éliminer un mal ne se retourne pas contre lui et ne conduit pas à un plus grand mal. L’activisme englobe à la fois des efforts collectifs et individuels.
C’est triste d’ailleurs de constater que le monde et certaines institutions internationales ne traitent pas la race humaine de la même sorte. Ils sont indifférents dans certains cas et sensibles dans d’autres. Par exemple, ce qui se passe en Éthiopie est une situation tragique; les gens sont brûlés vifs dans le contexte d’une augmentation d’actes horribles de violence. Par ailleurs, des forces israéliennes ont attaqué la mosquée Al-Aqsa, où plus de 150 Palestiniens ont été blessés, des centaines arrêtés dans l’enceinte même de la mosquée durant ce mois sacré du Ramadan alors que le monde reste bouche bée mais fait entendre sa voix pour d’autres cas similaires. La guerre et la violence produisent des plaies particulièrement douloureuses partout, qu’elles soient en Europe, au Moyen-Orient ou en Afrique. Combien de vies humaines détruites, de femmes rendues veuves, d’enfants qui deviennent orphelins… Combien de destructions, en quelques heures, de ce qui a été construit parfois pendant des années, voire des décennies… Prions pour que le monde cesse avec cette politique de deux poids, deux mesures et traite tous les humains de la même manière.
Dans le contexte des réjouissances de l’Eid-ul-Fitr, le Muslim Citizens Council invite tous les Mauriciens à intensifier le dialogue social, en reconnaissant que c’est le seul instrument qui peut nous aider à sortir de la spirale sans fin des conflits et des multiples tensions qui traversent nos sociétés. Cela, afin que tous les peuples puissent vivre dans la sérénité et dans la paix, dans le respect et dans l’harmonie entre les diverses composantes de notre société.
Eid Mubarak.
Mai 2022.