La demande initiale de Stéphane et Queenie Adam pour des facilités financières était de Rs 300 M
Même si en fin de semaine, les limiers de l’Anti-Money Laundering Unit du Central CID ont préféré prendre du recul à ce stade de l’opération Savat Dodo avec des détournements de fonds caractérisés au préjudice de la Mauritius Investment Corporation Limited, des rebondissements sont à prévoir lors des prochaines étapes. D’ailleurs, ils sont en possession d’une série de documents liés au traitement de cette demande d’aide financière de Menlo Park Ltd, soit l’Ultimate Beneficiary Owner de l’entité Pulse Analytics avec des sondages politiques fictifs donnant le Pravind Jugnauth 3.0. gagnant aux dernières élections générales du 10 novembre 2024, auprès de la Mauritius Investment Corporation Limited (MIC). Si environ Rs 48 millions (USD 1 M) ont été décaissées à la veille des dernières législatives en faveur de l’entreprise de Stéphane et Mary Queenie Adam, l’équipe de l’ASP Balmick Dussoye a appris que leur demande ne mentionne pas cette somme.
En effet, Menlo Park Ltd avait souhaité obtenir un Equity Investment, nettement plus élevé, soit de USD 6,3 millions, (environ Rs 300 millions) pour un projet d’intelligence artificielle. Cette demande a fait tiquer le conseil d’administration de la MIC, qui l’a rejetée le 12 juillet 2024 en la qualifiant de “highly risky”. Les professionnels de la finance siégeant sur le conseil d’administration estimaient que la MIC pouvait perdre cette somme colossale, surtout dans un contexte financier précaire compte tenu des risques afférents.
L’Anti-Money Laundering Unit a appris que Menlo Park Ltd a fait une requête pour que leur demande soit reconsidérée en octobre 2024. Parallèlement, le demandeur est devenu moins « gourmand » en apportant certaines modifications à l’application initiale. Les directeurs de l’entreprise ont demandé à la MIC de reconsidérer un Equity investment de USD 1 million. La police estime que Jitendra Nathsingh Bissessur, ex-Chief Executive Officer (CEO) de la MIC, aurait joué un rôle déterminant en faveur des Adam.
C’est une analyste qui s’occupait du dossier et malgré la demande à la baisse d’une aide financière de Menlo Park Ltd, elle considérait que c’était toujours « un projet à haut risque ». La police estime que Jitendra Bissessur serait intervenu pour lui demander de modifier ses recommandations. Elle a alors envoyé le dossier au Board de la MIC pour être considéré tout en attachant certaines conditions comme le fait de demander à Menlo Park Ltd de lever des fonds de USD 5,2 M, afin d’arriver au montant de USD 6,3 M mentionné dans la première demande. Ce n’est qu’après cette étape, selon elle, que la MIC devrait injecter la somme restante de USD 1 million. Le demandeur, à travers une lettre, aurait pris l’engagement de le faire.
Le conseil d’administration de la MIC a approuvé la demande de Menlo Park Ltd le 17 octobre 2024 et il y a eu un virement bancaire de USD 1 M sur le compte bancaire de l’entreprise le 29 octobre 2024. Le hic est que le board avait recommandé un premier décaissement de USD 500 000, et pas la totalité de la somme. Encore une fois, les enquêteurs soupçonnent Jitendra Bissessur d’avoir joué un rôle crucial lors de cette étape, avec les conditions imposées dans le Term Sheet complètement reléguées au second plan.
Cependant, le dénommé Bissessur a nié les accusations portées contre lui. Il a été inculpé sous une accusation provisoire de Conspiracy to Defraud au tribunal de Port-Louis durant la semaine. Il a dû s’acquitter de deux cautions totalisant Rs 500 000 et signer une reconnaissance de dette de Rs 5 millions. Même s’il a presque complété sa déclaration, la police lui a demandé de rester disponible, car il pourrait être confronté aux éléments d’information fournis par d’autres protagonistes dans l’affaire.
Idem pour Harvesh Seegolam, ancien gouverneur de la Bank of Mauritius. Ce dernier était aux Casernes centrales durant la semaine, où le décryptage de ses outils informatique se fait en sa présence.
D’autres convocations formelles devront intervenir dans les prochains jours après la récente accalmie.