L’Indian Ocean Marine Life Foundation (IOMLF) a été créée par Louis Claude Kwan Tat et Francesse, son épouse, les grands-parents de Mégane Kwan Tat, ambassadrice pour la jeunesse, pour étudier et sensibiliser à la protection de l’océan Indien, de sa faune et de sa flore. Claude Kwan Tat est décédé il y a quelques jours à l’âge de 85 ans. Sa disparition marque la perte d’un visionnaire dont la contribution a été essentielle pour le développement de la fondation. Pour mieux décrire cet homme, la parole est laissée à sa petite-fille, Mégane, qui le considère comme « la personnification de l’amour inconditionnel ».
Racontez-nous l’enfance de Claude Kwan Tat, votre grand-père…
Mon grand-père, Louis Claude Kwan Tat, est né à Port-Louis en 1939. Sa mère était Violette Kwan Tat, et elle a grandi aux côtés de sa grande sœur, Ginette, et trois petits frères, Martial, Jocelyn et Jean-Michel. Il a commencé à travailler très jeune, et a toujours connu du succès dans sa vie professionnelle. La ville de Port-Louis était centrale lors des premières décennies de sa vie. C’était là où il a grandi, rencontré sa femme, ma grand-mère, Francesse Kwan Tat, et où il a démarré ses premières entreprises. La marque que la ville a laissée sur lui était manifeste ; à l’époque, tous les habitants de Port-Louis le connaissaient car c’était un homme qui se démarquait. Il n’y avait pas un jour où il n’était pas remarqué, en partie grâce à son physique, mais surtout sa personnalité. Il était un homme imposant, il était écouté et ses actions toujours influentes.
Or, malgré le fait que j’ai entendu d’innombrables histoires sur mon grand-père, des anecdotes rappelant son intégrité, son sens du devoir envers son entourage, le fait qu’il était un grand homme, respecté et aimé par beaucoup, les remémorations qui résonnent le plus chez moi sont celles qui viennent de ma famille, particulièrement celles de mon père Dick, ses frères, Dany et Dean, et leur défunte sœur, Claudia. Des récits qui évoquent la mémoire d’un homme tenace, inébranlable, mais aussi celles d’un homme imbu de tendresse et d’un sens de dévotion irréprochable envers les siens, car c’est comme cela que j’ai connu mon grand-père. Il était pour moi, ma sœur Anna et mes cousins bien plus qu’une inspiration. Il était un véritable soutien, une source de réconfort, que ce soit tôt le matin quand il me donnait le courage d’affronter la journée, ou tard le soir, quand il m’attendait, prêt à m’accueillir les bras grands ouverts, indépendamment des péripéties du jour. Il était pour moi la personnification de l’amour inconditionnel.
Comment lui est venue l’idée de créer l’Indian Ocean Marine Life Foundation, et surtout cette collaboration avec René Heuzey, Clarisse Coufourier et François Sarano ?
La rencontre avec René Heuzey et l’amitié qui a promptement suivi peuvent être attribuées à mon oncle, Dany Kwan Tat qui est commandant de bord. Ils se sont rencontrés lorsque René était sur un de ses vols, et étant tous deux passionnés par l’océan, une affinité s’est vite formée. Nous avons la chance d’être une famille très proche. Un ami d’un membre de la famille finit souvent par devenir un ami de la famille entière. Clarisse Coufourier, la vice-présidente de la fondation, en est l’exemple. Introduite par des amis à mon père, elle est vite devenue quelqu’un de très cher à nous tous et un pilier de la fondation. Mes grands-parents, étant à leur tour intrigués par le travail de René Heuzey et François Sarano et émus par la cause pour laquelle ils luttent, ont approché mon père avec une idée. Celle d’un projet qui pourrait faciliter la recherche, la mobilisation de scientifiques à l’échelle internationale pour une cause commune, la sensibilisation, et donc la protection des animaux qui habitent nos mers. C’est ainsi que mes grands-parents ont créé la fondation.
D’ailleurs, ces partenaires de la fondation se souviennent de lui comme d’un homme de vision, de sagesse profonde doté d’un grand cœur dont la passion pour son pays et son environnement était aussi remarquable que son engagement envers cette cause. L’IOLMF prendra soin de son héritage.
L’idée de la création de l’IOMLF a pris effet en quelle année ? Et à ce jour, quels ont été les développements générés ?
C’est en 2020 que mon grand-père Claude et ma grand-mère Francesse ont créé l’IOMLF, dont les principaux défis reposaient sur la recherche scientifique, la sensibilisation environnementale aux populations et la diffusion des connaissances à l’international. Claude et Francesse ont été les piliers de la fondation. C’est grâce à leur passion pour la connaissance et la protection de Maurice et de Rodrigues qu’ils ont mis en place plusieurs projets d’envergure portant sur la recherche scientifique sur les cachalots et le programme de sensibilisation de 20 000 enfants dans les écoles ainsi que la protection de l’océan.
Comment votre grand-père vous a-t-il transmis sa passion pour la cause des cachalots ?
Mon grand-père était un amoureux de l’océan, et c’est définitivement quelque chose qu’il m’a transmis. De plus, il adorait les animaux. Et ayant un jardin en commun avec lui, il n’y avait pas un jour de ma vie où je n’étais pas entourée par toutes sortes d’espèces, que ce soit des chiens, lapins, cailles, poissons, tortues, chevaux, etc. Chez lui, ces deux intérêts ont fusionné pour éventuellement donner naissance à la fondation. Et je voulais faire ma part en tant qu’ambassadrice.
Pouvez-vous nous raconter des anecdotes qui vous tiennent à cœur et liées à la mer ?
L’omniprésence de la mer dans ma vie est quelque chose que mon père a assuré. Cela est dû aux habitudes qu’il a prises durant son enfance. Des habitudes dictées par le style de vie de mon grand-père. Persuadé que les activités extrascolaires étaient indispensables au développement personnel d’un enfant, il a fait en sorte que sa routine contienne plus que de l’académique. Il prônait l’excellence sportive et culturelle.
En tant qu’habitant de Maurice, ses compétences étaient naturellement souvent reliées au domaine nautique. Cela a été préservé au fil des années. Cette vision se manifeste dans mes passions et ma routine d’aujourd’hui. Je pourrais même aller plus loin et dire que la mer a été un facteur primordial dans le lien fort que j’ai avec ma famille ; les sorties en kayak avec mon oncle Dany aussi bien que les nages au coucher du soleil avec mes cousins, ou les séances de pêche, de snorkeling, ou même mon baptême de plongée aux côtés de mon père. Toutes ces habitudes, ces compétences, ces connaissances, peuvent être attribuées à la philosophie de mon grand-père.
Claude Kwan Tat aimait aussi Rodrigues… Pourquoi un tel intérêt pour cette île ?
Son amour pour Rodrigues peut être relié au fait que son travail nécessitait des visites presque mensuelles dans l’île. Souvent, avec ma grand-mère Francesse qui l’accompagnait. Rodrigues était le berceau d’une amitié qui a tenu toute sa vie grâce à sa relation avec le Dr Curpen. C’était le point culminant de ses expériences avec Rodrigues, et jusqu’à récemment, il y retournait au moins une ou deux fois par an. Cette passion s’est répandue jusqu’à ses petits-enfants, en particulier mes cousins Julie, Jade et Sean, qui l’accompagnaient régulièrement pendant les vacances scolaires.
Y aura-t-il un documentaire sur votre grand-père ou un livre pour partager cette passion ?
Il est sûr et certain que la vie qu’a menée mon grand-père mérite de rester dans nos mémoires. En termes de documentation, il n’y a rien de concret qui est planifié pour l’instant, mais mon cousin Tony Kwan Tat, un étudiant en droit, a pour ambition d’écrire un livre généalogique pour assurer la préservation de notre patrimoine familial. Nous n’avons pas encore décidé de la forme car comme je l’ai mentionné avant, le projet est en cours et on le finira avec l’aide de ma grand-mère Francesse. Ce sera un bel hommage à mon grand-père.
Votre grand-père vient de décéder à 85 ans. Quel regard portez-vous sur lui ?
Je peux dire en toute confiance que mon grand-père a eu une vie prospère. Il a travaillé dur depuis son plus jeune âge, et au cours de sa vie, il a été responsable de la création de tant de choses, que ce soit d’entreprises ou de projets. L’un de ses points forts et un exemple qu’il a mis en avant est le fait qu’il était, depuis sa naissance et jusqu’à son dernier souffle, un pilier pour sa famille. Il a toujours cultivé et retourné l’amour de sa mère, de ses frères et sœurs, de ses amis, de ses enfants et ses grands enfants, les gardant toujours très près de lui.
« Mon grand-père, Claude, avait un projet qui pourrait faciliter la recherche, la mobilisation de scientifiques à l’échelle internationale pour une cause commune, la sensibilisation, et donc la protection des animaux qui habitent nos mers. D’où la fondation l’IOLMF »
« Persuadé que les activités extrascolaires étaient indispensables au développement personnel d’un enfant, il a fait en sorte que sa routine contienne plus que de l’académique »
« La vie qu’a menée mon grand-père mérite de rester dans nos mémoires »