La sextorsion est un acte criminel et une forme de chantage par lequel des informations ou des images sexuelles sont exploitées en vue de soutirer de l’argent des victimes. De nombreux cas ont été rapportés aux autorités. Ce phénomène, qui gagne du terrain à Maurice, préoccupe.
Le rapport de la Halley Movement Coalition – lancé hier après-midi à l’hôtel Labourdonnais suite à la tenue du Mauritius Internet Governance Forum (IGF) regroupant aussi les îles de l’océan Indien en octobre 2020 — vient dévoiler une vérité très effrayante. « Les Mauriciens ont noté que la sextorsion à travers les réseaux sociaux devient de plus en plus courante dans notre société alors que nous nous lançons vers un avenir numérique. La sextorsion est faite pour soutirer de l’argent pour des plaisirs sadiques », peut-on lire du rapport dont le titre est « What citizens of the world & Mauritius say about the future of internet governance ».
Le Mauritius IGF s’est aussi focalisé sur les enfants et la gouvernance de l’Internet. L’autre problème qu’ont noté des Mauriciens concerne les Fake News and la désinformation. Le rapport révèle que les Mauriciens sont aussi concernés par des pièges à clics qui apparaissent avec des liens malveillants, la propagande d’images envoyant de faux messages, la parodie, les nouvelles partiales et les faux semblants profonds où l’on superpose la voix et l’expression du visage à l’image d’une autre personne. « Ce type de fausses nouvelles est souvent de nature raciale et vise à créer de l’instabilité », avance le rapport.
Le document fait aussi ressortir que les enfants tout comme les adultes sont exposés aux virus et aux contenus malveillants lorsqu’ils reçoivent des liens de téléchargements gratuits ou des messages attrayants en ligne. Les risques sont toujours associés aux applications en ligne et à l’internet. Afin de protéger les enfants, ceux sondés soutiennent que les parents doivent aussi être impliqués et être éduqués lorsqu’il s’agit de protéger leurs enfants sur Internet. « Il y a un besoin urgent d’éduquer les enfants à travers les îles car ils sont plus vulnérables aux abus », souligne-t-on dans le document.
Afin de protéger les enfants sur Internet, plusieurs recommandations ont été faites. L’on demande aux organismes gouvernementaux de prendre les mesures nécessaires pour informer les citoyens sur la pertinence de la cybersécurité et leur donner des conseils de base en vue d’assurer la sécurité de leurs appareils. « Si la vie privée de la population est protégée, alors la sécurité de la nation dans son ensemble est encore renforcée. Le public doit être sensibilisé sur l’impact négatif de l’abus sexuel en ligne d’un enfant et le besoin pour que chacun soit partie prenante dans la lutte contre des crimes horribles en rapportant des cas ou des activités aux autorités compétentes », ajoute le rapport.
Au chapitre des recommandations, relevons celle sur l’éducation des enfants quant aux dangers qui guettent sur Internet. « Les parents doivent surveiller le nombre d’heures de leurs enfants sur les différents sites. Les parents ou les responsables doivent encourager leurs enfants à pratiquer des activités extrascolaires », fait ressortir le rapport. On suggère que des ateliers éducatifs relatifs aux abus d’enfants sur Internet soient organisés régulièrement afin d’éduquer les enfants et les parents. Il est demandé aux fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et aux opérateurs de téléphonie mobile de promouvoir les mécanismes de dénonciation des matériels pédopornographiques et de veiller à ce que le public sache comment rapporter de tels matériels s’il en trouve. Ils doivent songer à présenter une fonction de notification sur toutes les pages web et tous les services. L’on demande aussi que les campagnes de sensibilisation se tiennent pour une prise de conscience sur les dangers du Fake News dans une société stable.
L’intelligence artificielle
L’un des sujets ayant aussi été discutés lors de l’IGF 2020 est l’intelligence artificielle. Les sondés estiment que leur connaissance sur l’intelligence artificielle n’est pas adéquate pour en avoir une discussion informée. Pour eux, le secteur privé et le gouvernement font face aux mêmes limitations. Toutefois, les citoyens sondés veulent continuer cette discussion au vu de son importance. Ils sont clairs sur deux priorités : l’intelligence artificielle doit être utilisée pour l’intérêt général et sa gouvernance doit être clairement conçue pour inclure tout le monde. L’intelligence artificielle est perçue de manière relativement positive. 35,5% la considèrent comme une opportunité alors que 45,5% la perçoivent comme une menace et une opportunité. 25% des sondés pensent que l’intelligence artificielle ne penchera pas sur un scénario pessimiste ou optimiste.
La Halley Movement Coalition avait organisé le Mauritius Internet Governance Forum (IGF). Pour la première fois, les îles de l’océan Indien étaient aussi de la partie avec le concours du secrétariat de l’IGF et Missions publiques. Le thème retenu lors de cet événement était « Connecting the digital dots in Africa ». Cette rencontre était axée sur l’importance de la société civile dans l’avenir de la gouvernance de l’Internet en suscitant l’engagement politique pour répondre aux défis de l’Afrique et, plus spécifiquement au niveau de Maurice et des îles de l’océan Indien. L’événement de l’année dernière était d’inclure ceux qui sont impactés par l’avenir de la numérisation, en d’autres mots, tous les citoyens du monde.