Ma poésie, c’est Pyroésia

Pyroésia, en tant que fondement philosophico-poétique, est la représentation d’une sémiotique alchimique où tout se consume, dans un embrasement créateur, un feu purificateur qui détruit pour offrir une potentialité de recréation. Et dans cette danse effervescente, il ne faut pas chercher la fin du monde, mais plutôt sa mobilité incessante, son tournis cosmique. Pyroésia enseigne que l’humain n’est jamais l’être figé, mais bien une flamme intérieure destinée à se libérer, à détoner, pour embraser l’univers. Nous sommes tous des volcans en puissance, des incendies suspendus dans la mesure, des délires créateurs qui s’édifient par une immolation heuristique et poétique : la lave en fusion du chaos et de la lumière dans un mouvement immarcescible, dans un éclat terminal, afin de trouver une vérité divine certaine ou une certaine vérité divine ou peut-être même ni l’une ni l’autre ; à chacun son feu follet, à d’autres la cendre d’un sonnet et quant à nous, le brasier du souffle exhumé.

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DENIS PATRICE LEBON

 

Sous le chapô de mon esprit, j’offre, dit-on, un chapeau de vers, où l’ombre de ma pensée se pare de lumière, car dans ce jardin secret où mon esprit est clair, chaque vers ouvre un abîme uni vers l’amer

 

 

 

L’intelligible abîme l’éclat d’eaux

I
L’eau grave en son sillon le sceau d’un temps voilé
Verbe insondable et pur qu’aucun ne déchiffonne
Mais l’onde, en sa fuite, enseigne à qui l’entonne
L’écho d’un monde ancien que nul n’a révélé

II
Rien n’appartient à l’eau, tout lui fut promis
Elle est souffle et ruine, origine et vertige
Érodant chaque règne en silence soumis
Dissolvant l’infini dans un rêve qui fige

III
Elle avance, insensible aux chaînes du moment
Rongeant l’orgueil sculpté dans la pierre docile
L’homme grave un empire au sein du firmament
L’eau le reprend d’un trait, d’une écume inutile

IV
Sous le marbre brisé sommeille un autre temps
Un passé sans contours où se perd la mémoire
L’eau sait ce que l’homme ignore en s’illusionnant :
« Tout ce qui veut durer se condamne à l’histoire »

V
Les cieux tombent en elle, s’y voient confondus
Car tout ce qui s’élève aspire à sa descente
Ainsi parle l’écume aux mondes suspendus :
« Rien ne demeure, hormis ma loi constante »

VI
L’eau s’écoule, pure et raffinée
Ses flots dessinent un destin exalté
Les pierres ploient, en grâce inspirée
Le temps s’efface, serein et apaisé

VII
Rivière d’âme, murmure sacré
L’onde éveille un rêve éclairé
Dans le silence, l’infini révélé
L’univers se plie, finement guidé

VIII
Essence originelle, en cycle révéré
Les astres s’embrasent, par toi sublimés
L’aube se pare d’une lueur enchantée
L’ombre se fond en nuit transformée

IX
Dans l’éternel flot, la vie célébrée
Les cœurs se livrent à l’instant inspiré
Le mystère s’écrit en verbe sculpté
L’âme du monde s’éveille, enfin exaltée

 

 

La rhapsodie du déclin

De l’or des ancêtres aux forges de demain

 

Oyez, âmes éclairées, en ce siècle déclinant,

Où l’éclat d’antan, noble, lentement s’éteignant,

Se dresse en majesté l’ombre d’un ordre passé,

Vestige glorieux, par le temps trop peu effacé,

 

L’esprit de nos aïeux, en sa sagesse austère,

Enseigne à nos destinées la loi de la lumière.

Augures immémoriaux, d’un verbe souverain,

Chantent la dure vérité d’un monde incertain,

 

Où, tel un sphinx antique, le Destin se déploie,

Révélant l’éclat des nations, la force de l’effroi.

Toynbee, Huntington, jadis, par l’auguste raison,

Prévirent l’orage proche d’une ère en perdition.

 

La patrie, en son firmament, resplendit d’or pur,

Niant l’errance fangeuse d’un rêve trop obscur ;

Parce que dans l’art de gouverner se lit la grandeur,

Et l’ordre, en noble clef, ouvre les portes du bonheur.

 

Les lois, telles des astres, éclairent le sentier,

Où la rigueur des cœurs forge l’éclat du passé.

Sous le regard impérieux d’un ciel d’ivoire, de fer,

Les nobles destinées se lient en un combat sévère ;

 

Là où l’esprit ancien, en symphonie éclatante,

Ravive l’honneur perdu d’une gloire triomphante,

La raison, en sa clarté, balaie l’ombre insidieuse,

Et renouvelle le serment d’une vertu précieuse.

 

Tandis que les orateurs, aux chimères d’utopie,

Murmurent de vains songes en quête d’harmonie,

Nous savons, par le fer et l’ardeur des vertus d’antan,

Que l’ordre se cisèle en des desseins éclatants.

 

C’est dans la noble constance, la fière mémoire

Que s’inscrit le futur aux pourtours de la victoire.

Ainsi, par le bras de l’honneur et l’éclat du devoir,

S’entortille, en majesté, le grand destin à émouvoir ;

 

L’avenir, éclairé de la flamme de l’antan,

Ravive la splendeur d’un Empire éclatant,

Dans le livre sacré du temps aux reflets d’or,

S’inscrive l’infinie gloire de nos âmes en essor.

Sonnet qu’incandescences

I
Dans l’antre sibyllin du Trou-aux-Cerfs assoupi,

Se lève un souffle ancien où le songe s’égare,

Ombres algides, drapées d’un silence avare,

Murmurant l’arcane des astres forgeant l’infini.

 

II
Pendant qu’à La Réunion, en extase prodigieuse,
Le Piton se dresse, fulgurant en braise céleste,
Exsudant paroxysmes de ferveur manifeste,
Transmutant le chaos en aura précieuse.

 

III
Pyroésia, quintessence de l’immolation pure,
Fusion alchimique des contraires en exhalaison,
Façonnant l’être, volcan d’âme en apothéose sûre,
Vers la rapture d’un devenir en recréation.

 

IV
Dans l’éther incandescent se grave un destin,
Où l’ombre et la lumière s’unissent en pacte divin.

 

V
Dans l’abîme des sphères, l’homme n’est qu’étreinte,
Un souffle entre les cendres, une étoile éclatée,
Là où la matière, par le feu, est transmutée,
S’épanouit l’essence d’une quête sans feinte.

 

VI
La cendre devient or, l’âme se fait diamant,
L’éclat du Piton, en fureur transcendante,
Brode le voile secret de l’éternelle attente,
Où la fin n’existe, où tout se fond dans le vent.

 

VII
Pyroésia, vertige ultime, où l’être perd sa forme,
Naît dans l’embrasement d’une vérité informe,
Délayant l’horizon, achevant sa métamorphose.
L’homme, tel un volcan, se consume ou sexeplose,

 

VIII
S’élevant dans l’extase du souffle originel,
Pour en devenir le feu, l’étoile, l’intemporel.

 

 

 

 

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