Mardi 7 février 2023. Une date comme une autre au calendrier. Toutefois, ce jour-là, l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) avait pris la décision de convoquer le dénommé Franklin, auteur de multiples fracas médiatiques dans le sillage de l’arrestation de Bruneau Laurette du vendredi 4 novembre 2022.
Déjà, cette initiative de l’ICAC renvoyait dos à dos la PHQ Striking Team de l’ASP Jagai et l‘Anti-Drug and Smuggling Unit du DCP Bhojoo. Pour ne pas dire K.-O. The Writings were on the walls quant aux effets néfastes des activités de celui surnommé le Roi de l’Ouest. Au fil des informations filtrant dans la presse, il était devenu évident que Franklin et consorts ont bénéficié d’un laxisme caractérisé, une opération Ferm Lizie sans précédent.
Au point même où des appels formels à la collaboration venant d’un pays ami en vue de démanteler un important réseau de trafic de stupéfiants dans cette partie de l’océan Indien ont été ignorés, presque qualifiés d’insignifiants. Plus d’un mois après, aucun éclairage sur cet épisode sombre sous la Mutual Legal Assistance.
Sauf ce limpide commentaire du chef de la diplomatie, Alan Ganoo à l’effet que « saki bizin fer, inn fer ». Ni plus ni moins. Diplomatie oblige, rien ne remontera à la surface à l’exception de la confirmation que Franklin sans intervention de la Commission de Pourvoi en Grâce, comme cela a été le cas du fils du commissaire de police, Chandra Prakashsing Dip, échappera à sept ans de prison pour trafic de drogue.
Ce cas de dysfonctionnement impliquant un gros bonnet de la drogue, avec pour mission d’empoisonner la jeunesse mauricienne, devenu un intouchable, se présente comme la genèse de cette série d’Indictments des institutions.
Pourtant, déjà le 9 septembre 2019 au pied du Monument Marie Reine de la Paix, le pape François avait lancé un vibrant appel : « Ne nous laissons pas voler le visage jeune de l’Église et de la société; ne laissons pas les marchands de la mort voler les prémices de cette terre ! »
Depuis et jusqu’à aujourd’hui, les drames se multiplient au sein de la société, avec des jeunes sombrant dans la drogue devant des parents impuissants. La parade que propose l’ICAC depuis ce 7 février dernier constitue la preuve flagrante de l’échec de ce combat contre les trafiquants de drogue.
Pour les limiers de l’ICAC, c’est un exploit de voir leur QG être transformé en salle d’exposition de berlines et de grosses cylindrées ou encore de hors-bord sans pareil à faire baver plus d’un. Chaque jour apporte son lot de saisies et de mises sous séquestre d’Unexplained Wealth en tous genres. À coup sûr, ce n’est que le bout de l’iceberg, car l’on ne s’attaque pas à Mama Poro–la, le trafic de drogue.
Si les institutions que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, accuse d’infiltrations par la mafia, avaient exécuté leurs missions respectives dans les paramètres déterminés, cette prolifération de la drogue n’aurait, certes, pas connu un tel essor.
D’ailleurs, la Mauritius Revenue Authority se doit de faire son Mea Culpa. Avec la douane et la Customs Anti–Drugs Section (CANS), cette institution dispose de moyens logistiques de premier plan pour protéger les frontières de la république contre tout ce qui est illicite. Mais la drogue a continué à entrer dans le pays. Malgré les saisies record. Pourquoi?
D’autre part, les premiers signes d’Unexplained Wealth n’auraient-ils éveillé des soupçons du côté de cette même MRA? Les inspecteurs de la taxe, comme ils étaient connus du temps de l’Income Tax Department, sont-ils efficaces que pour la traque de ces salariés à la retraite, qui ont toujours réglé leurs impôts rubis sur ongle? Par contre, pour Franklin, la MRA trouve qu’il a payé en trop et qu’il fallait effectuer des remboursements.
Pour financer les importations de stupéfiants de valeur marchande allant dans les milliards, des devises étrangères doivent être disponibles. Les trafiquants semblent ne pas souffrir des mêmes contraintes que les opérateurs économiques pour s’approvisionner en devises. Pourquoi? Un Kadnasaz en amont aurait pu assurer une protection pour cette jeunesse vulnérable.
De par le constat de ces derniers jours, la Financial Intelligence Unit (FIU), l’une des armes les plus efficaces pour lutter contre les crimes financiers, semble s’être égarée en chemin. Les Restraining Orders obtenus sur des entités se transforment davantage en embarras pour les autorités que de moyens de lutte pour mettre hors d’état de nuire les hors-la-loi.
Au lendemain des célébrations Low Profile marquant le 55e anniversaire de l’indépendance et le 31e de la république, les institutions doivent passer en High Gear pour redorer leurs blasons et éviter un Indictment encore plus implacable du peuple hors de la vue du CP et du DPP…