GEORGES-ANDRÉ KOENIG
Chers compatriotes,
Les élections générales approchant, je pense qu’il est de mon devoir d’écrire un article sur cet évènement capital pour notre pays, car il y va de son avenir.
Aussi, je brosserai un tableau de son évolution sociétale, économique et politique durant les quelque dix dernières années, afin que vous puissiez le comparer aux autres portraits que vous présenteront d’autres commentateurs à ce sujet, et en faire ainsi une synthèse plus objective encore.
Et je ne saurais le faire sans m’inspirer de la philosophie de mon grand-oncle Jules Koenig, celle-là même qui lui servit de boussole durant sa vie professionnelle qui dura quarante-cinq ans.
Pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas sa belle et généreuse carrière, en voici un bref résumé.
En tant qu’avocat et politicien émérite, il défendit gratuitement, en cour de justice, la veuve et l’orphelin, et, comme ministre, député ou conseiller municipal, se battit bec et ongles, entre bien d’autres causes, pour une plus juste répartition de la richesse du pays, entre les classes supérieures et moyennes, et les laissés-pour-compte. Il vécut ainsi en totale conformité avec deux devises qui étaient en parfaite adéquation avec sa foi chrétienne. La première, empruntée d’un proverbe latin : « In medio stat virtus » (Traduisez : « la vertu se situe au juste milieu ») ; et l’autre qui lui était propre : « Que chacun ait sa part, et que tous l’aient tout entière ».
Comment ne pas ajouter ici, qu’il accueillait les pauvres à bras ouvert dans sa demeure, qu’il avait appelé « Providence », et qu’il aimait aussi appeler parfois : l’Auberge du Bon Dieu ».
Aussi, c’est en me glissant dans la peau de ce grand-oncle, que je vais parler des réalisations et des progrès accomplis à Maurice dans les domaines susmentionnés, durant les dix années écoulées. Je me dois donc d’être d’une objectivité sans faille, afin de faire honneur à sa mémoire.
Et je ferai aussi ce bilan, sans mentionner les noms des principaux décideurs, publics et privés, qui ont été à la base de ces réalisations et de ces progrès-là. Et sans, non plus, critiquer certains politiciens et commentateurs politiques, qui n’ont de cesse de clamer sur tous les toits que les décideurs publics susmentionnés n’ont pas, disons-le avec élégance, été à la hauteur de leur tâche ; car rien de grand jamais ne se fait contre.
À chaque fois que je croise un métro léger, je me dis que ce véhicule est le symbole-même de l’essor gigantesque de notre île durant ces années-là.
Venons-en maintenant à ces autres réalisations et progrès, en les accompagnant de quelques commentaires.
La gestion
de la covid-19
Elle fut très efficace sur le plan de la santé, et sur celui de la gestion de la crise financière qui en résulta. En revanche, ce fut une grave erreur, à un certain stade de l’évolution de cette pandémie, que d’abandonner le traitement de cette maladie par l’Hydroxychloroquine, médicament qui n’aurait jamais affecté personne lorsque pris aux doses prescrites. L’Ile Maurice en a fait l’expérience avec la malaria. Mais il nous arrive à tous, hélas, de nous tromper, ce qui n’est pas réprimandable, aussi longtemps que nous choisissons la solution que nous croyons la meilleure pour résoudre le problème auquel nous sommes confrontés.
L’amélioration de la vie des Mauriciens, les plus démunis en particulier
– L’augmentation du salaire minimum
En 2013, le salaire mensuel minimum était de Rs 1430 pour 151 heures de travail. Début janvier 2023, il était de Rs 11,575, mais une décision décrétée à la fin de ce mois-là, le propulsa à Rs 16,500. Qui plus est, avec l’apport d’une allocation gouvernementale y relative, le revenu total mensuel minimum garanti, pour ceux occupant des postes au plus bas de l’échelle, est passé donc à Rs 18 500. Quel bond en avant, en l’espace de si peu de temps !
– L’augmentation de la pension de vieillesse
En 2007, les retraités ne recevaient que Rs 2635/mois dès l’âge de 60 ans. En janvier 2014, cette pension passa à Rs 5,000 par mois. Et, à partir de ce mois-là, elle augmenta plusieurs fois, si bien qu’en septembre 2024, le barème s’étalait de Rs 14,000 à Rs 29,000, en fonction, principalement, de l’âge du bénéficiaire.
– Le développement des
logements sociaux
Entre 2005 et 2014, seulement 2500 logements sociaux ont été fournis, alors que depuis 2019 jusqu’à fin 2024, 6,500 auront été livrés.
– La traque, sans merci, des narcotrafiquants
Ce combat, contre ces semeurs de mort, s’intensifia considérablement durant les quelques dernières années. Nous avons gagné plusieurs batailles, mais pas encore la guerre.
Pour y arriver, il est impératif que les peines infligées pour ce crime contre l’humanité – car il s’agit de la mort, à petit feu, d’hommes, de femmes et d’enfants – soient bien plus dissuasives qu’elles ne le sont actuellement. Et seules celles en cours à Singapour sont à même d’y parvenir. Elles se lisent comme suit : « Le trafic de plus de 500 grammes de cannabis et de 15 grammes d’héroïne est passible de la peine de mort par pendaison ». Il nous suffirait, dans ce complément de la législation mauricienne, d’enlever les deux derniers mots, car il y va des droits de l’homme. Précisons, ici, que ce n’est qu’une suggestion du simple patriote que je suis.
Il est impossible d’évoquer toutes les améliorations apportées par l’État sur le plan sociétal dans le cadre d’une seule chronique de presse. Sachez, toutefois, que les prix des denrées de base, le coût des transports, la Contribution sociale généralisée (CSG), les réformes fiscales, et les frais d’examens du SC et du HSC, ont été aussi pris en compte dans cette série de réformes.
L’intensification des activités économiques
– L’augmentation du Produit intérieur brut
L’augmentation du PIB de Maurice en 2023 fut de 7% (alors qu’à Singapour, pays de référence, elle n’était que de 2.7%). Et la prévision de cette augmentation pour 2024 est de 6.5%. Précisons ici que le Tourisme fut le secteur clé de ce résultat, avec des revenus de 86 milliards de roupies en 2023, par rapport à 63 milliards en 2022.
L’Épargne
La possibilité d’épargne augmenta en conséquence de cette croissance-là, pour le plus grand bien des ménages et de notre économie. Elle permit aux premiers de financer des projets et d’assurer son avenir, tout en contribuant au financement de l’investissement des entreprises et de l’État.
Le Chômage
Le taux de chômage, lui, passa de 9.2% en 2020, à 6.1% en 2023, le taux le plus bas depuis 1996.
Le « Key rate »
Pour ce qui est du taux d’intérêt de la Banque de Maurice, la direction de cette institution s’évertue à trouver un juste équilibre, entre ses effets sur le prix des produits de consommation importés et ceux sur les matières premières qui, elles aussi, viennent de l’étranger. La consolidation de nos relations politiques et commerciales avec l’Inde et la Chine, fut un des principaux facteurs qui nous ont permis de trouver cette bonne balance, si bien que le 20 septembre 2024, ce taux d’intérêt fut réduit de 4.5% à 4%, avec une prévision à la baisse, à moyen terme, de 3.5%.
La rétrocession des Chagos
– Cette rétrocession est encore à l’état de principe, mais est déjà, toutefois, un accord historique dont les Mauriciens et les Chagossiens ne peuvent que se réjouir. La porte leur est aujourd’hui ouverte sur toutes les îles de cet archipel, à l’exception de Diego Garcia, qui est exclue de l’accord. Le bail, accordé aux Anglais sur cette île, a été renouvelé pour une période de 99 ans, avec la possibilité d’un autre renouvellement par la suite. Qui pouvait penser le contraire ? Personne, car il y va de la sécurité de l’Occident, ce qui n’est pas négociable pour les Gouvernements anglais et américains.
Faut-il continuer sur cette lancée-là ? Je le crois et je l’espère, pour ce pays qui m’a tant donné, et son peuple que j’aime et que j’admire.
Bien sûr qu’il y a encore du pain sur la planche comme la solution des problèmes liés à la fourniture et la distribution d’eau et d’énergie. L’insuffisance des infrastructures pour la production et la distribution d’eau, et la chute importante de la production d’énergie hydroélectrique, qui est passée de 4,1 % en 2022 à 2,9 % en 2023, en sont les constats les plus frappants. Les autorités devront donc impérativement se mettre au travail dès l’aube de 2025, afin de remédier à ces défaillances.
Ce que l’on peut affirmer en revanche, n’en déplaise aux détracteurs acharnés de ceux qui tinrent les rênes de notre pays durant les dix dernières années, est que l’Ile Maurice s’est développée de façon fulgurante, si bien que le ratio impôts/PIB de 20%, en cours à Maurice en 2021, était supérieur de 4.4 points de pourcentage à la moyenne du ratio impôts/PIB des 33 pays d’Afrique en 2023 qui était, elle, de 15.6%
Par ailleurs, l’Ile Maurice, selon l’indice de démocratie 2023 de l’Economist Intelligence Unit (EIU), reste le seul pays africain considéré comme “démocratie complète”.
Mes chers compatriotes, puisse donc le résultat des urnes, en cette fin d’année 2024, permettre à notre merveilleux pays de continuer sur cette lancée-là.
Et c’est sur cette pensée positive que je prends congé de vous, non sans vous avoir souhaité, auparavant, un heureux et paisible avenir.