1,8 milliard en 1920, 5 milliards en 1985, 7,8 milliards en 2020… En un siècle seulement, la population mondiale aura quasi quadruplé. Et nous ne nous arrêterons pas là. À ce rythme, prédisent les experts, nous aurons atteint les 10 milliards d’individus d’ici 2050. Pour autant, cette démographie galopante est relativement nouvelle, en ce sens qu’elle est intrinsèquement liée à notre espérance de vie, elle-même en hausse constante depuis l’avènement de l’ère industrielle et, dans son sillage, des progrès accomplis depuis, entre autres dans le domaine de la médecine, de la recherche et des soins de santé. En témoigne d’ailleurs l’arrivée expresse de différents vaccins anti-Covid, soit un an à peine après la découverte du virus, chose impensable il y a quelques décennies à peine.
Ce problème démographique est évidemment extrêmement important, car outre la question de l’accroissement des inégalités entre différentes zones géographiques, il est un fait que personne ne peut nier, à savoir que notre planète n’est pas extensible. Qui plus est, la mer gagne du terrain, réduisant de fait les espaces de vie. Et pas seulement… puisqu’à la hausse du niveau des océans viendront s’ajouter un ensemble de calamités dont nous sommes, pour l’heure, incapables d’imaginer ni l’intensité ni la durée, à l’instar d’ouragans dévastateurs, d’inondations de plus en plus soudaines et de périodes de sécheresse prolongées.
Autant dire que la question du réchauffement climatique risque très vite d’engendrer une autre problématique, tout aussi létale : celle de l’immigration. Une récente étude vient d’ailleurs de le démontrer. Ainsi, selon ses auteurs, 2020 aura connu un nouveau record en termes de déplacements forcés de populations. Le Rapport mondial sur le déplacement interne révèle ainsi que 55 millions de personnes avaient été contraintes l’année dernière à se déplacer à l’intérieur même de leurs frontières en raison de conflits. Et pas moins de sept autres millions du fait de catastrophes naturelles. Soit un chiffre total deux fois plus élevé que le nombre de réfugiés ayant traversé leurs frontières pour se mettre à l’abri durant cette même période. Le tout évidemment dans un contexte sanitaire imposant des restrictions en termes de déplacements.
Cette tendance devrait non seulement se poursuivre, mais il est prévu qu’elle s’accélère. Avec une nuance cependant, du moins si on extrapole sur les décennies à venir, en l’occurrence que la répartition risque de très rapidement s’inverser. Car si les déplacés liés à des conflits, armés ou non, continueront de nourrir ces pénibles statistiques, les réfugiés climatiques, eux, accentueront davantage qu’aujourd’hui la problématique migratoire. Et pas qu’un peu ! Sur la question, tous les experts sont d’ailleurs unanimes : avec le réchauffement climatique, des populations entières seront forcées à l’exil. Pour les plus optimistes, cela concernera quelques dizaines de millions d’individus à l’horizon 2100, et pour les autres, pas moins… d’un milliard.
Il va sans dire que cet exode massif aura de lourdes conséquences sociales et géopolitiques. Comment imaginer en effet que ces migrations se feront sans heurts lorsque l’on sait à quel point ce dossier aura été épineux pour à peine quelques milliers d’individus se pressant ces dernières années aux portes de l’Europe ou des Etats-Unis ? Avec le risque bien réel que ces conflits finissent bien sûr un jour en bain de sang. Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement, car pour des peuples entiers, tout ne se résumera finalement qu’à une simple question de survie, quitte à laisser derrière eux leurs terres, leur culture, bref, leur vie.
Cette conséquence du réchauffement, trop peu en parle aujourd’hui. Et pourtant, l’on peut aisément imaginer à quel point elle sera douloureuse. Sans compter que nous ne parlons là que de la seule espèce humaine. Or, la biodiversité, dont dépend tout autant notre survie, fera elle aussi les frais de notre actuelle insouciance, sans espoir de fuite cette fois. Autant dire, et n’en déplaisent à ceux qui espèrent des jours meilleurs en ces temps de pandémie, que le pire est assurément devant nous !