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Les « platistes » du climat

Tous les indicateurs sont là, qui plus est confirmés – et même précisés – semaine après semaine par les meilleurs experts du monde. Oui, la planète se réchauffe. Et oui, les activités humaines en sont bien responsables. Dès lors, comment peut-on encore douter de la véracité du processus en cours ? Une question légitime tant il semble aberrant de constater qu’encore aujourd’hui, les climatosceptiques sont nombreux, et ce, dans toutes les sphères sociales, y compris politiques. C’est que, tout comme quelqu’un venant d’apprendre qu’il a le cancer peut tout aussi facilement se forcer à le combattre qu’à vite l’oublier, préférant alors se murer dans le silence, les climatosceptiques, eux, préfèrent s’enfermer dans le déni. Bien plus pratique en effet, car n’obligeant alors en rien un changement d’attitude.
Pour autant, cette catégorie de personnes – fort heureusement minoritaires – demeure nuisible pour l’avancement de la cause climatique. Tout d’abord parce que, comme le ferait tout adepte de quelconque secte, elles se font un point d’honneur à convaincre un maximum de la véracité de leurs propos, mais aussi parce que, parmi elles, se trouvent nombre de décideurs qui, de fait, ne décident de plus rien du tout en la matière. Comme ce fut le cas, par exemple, pour Bolsonaro ou Trump lorsqu’ils étaient respectivement présidents du Brésil et des Etats-Unis.
Cela dit, pour arriver à convaincre, encore faut-il avoir des arguments. Et pour bien faire un tant soit peu crédibles, et donc scientifiques. Et c’est justement ce que font les climatosceptiques, quitte à manipuler quelque peu les chiffres et les indices climatiques, et encore plus allègrement l’histoire géologique de notre planète d’ailleurs. Evacuant de facto tout facteur anthropique de l’équation climatique. Quant à ceux qui ne croient pas au changement climatique, mais qui sont dépourvus d’argumentaire, ils se rabattent le plus souvent sur des phénomènes qu’ils peuvent voir, sans pour autant en comprendre les raisons.
C’est notamment le cas en ce qui concerne les vagues de froid. Comment en effet expliquer, alors que le climat est supposé se réchauffer, que les hivers soient ces dernières années si rigoureux ? Comment ces intenses coups de froid polaire, à l’instar de ceux touchant l’Europe et les Etats-Unis, peuvent-ils se produire dans un contexte de réchauffement climatique ? Difficile en effet pour beaucoup de trouver une réponse satisfaisante à ce qui ressemble à singulier paradoxe. Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’existe pas. Pour autant, l’argument aura été maintes fois repris, comme l’avait d’ailleurs fait Donald Trump en son temps. Car pour les détracteurs des discours scientifiques, ces températures anormalement basses sont « la preuve flagrante » que le réchauffement de la planète n’est qu’une « variation classique du climat »… Autrement dit une « fake news ».
Pour répondre à cet exemple, il faut d’abord rappeler que les records de froid, en hiver, ne sont pas forcément toujours battus, contrairement aux records de chaleur en été, toujours plus nombreux et plus intenses. Qui plus est, il convient de réaliser que le réchauffement global de la planète – pour rappel résultant de nos émissions de gaz à effet de serre – a, aussi paradoxalement que cela puisse paraître, un impact sur les coups de froid. C’est d’ailleurs ce qu’a récemment expliqué le Laboratoire des Sciences du climat et de l’environnement français début décembre en faisant le lien entre les blocages précoces d’air froid et l’évolution actuelle du climat.
Plus précisément, le climatologue Robin Noyelle évoque la présence inhabituelle d’un « jet stream » circulant très au sud à des latitudes basses. Ce qui expliquerait pourquoi l’air arctique descendrait aussi facilement et durablement sur l’Europe, dit-il. Par ailleurs, le réchauffement climatique provoque un affaissement du vortex polaire. Avec pour conséquences que les hivers s’en trouvent affectés dans différentes régions du monde, comme l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord.
Ce paradoxe a beau être expliqué, nul doute que les climatosceptiques continueront de camper sur leur position. Tout comme pour les « platistes », toujours nombreux à croire que la Terre est plate, peu de chance en effet de voir leur discours évoluer. À nous de ne pas nous laisser berner, même si la tentation de ne rien changer à nos vilaines habitudes énergivores reste éminemment grande.

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