Avec la présentation du programme gouvernemental 2025-2029 par le président de la République, Dharam Gokhool, ce vendredi, le gouvernement de l’Alliance du Changement a conclu officiellement un contrat avec le peuple mauricien en vue de reconstruire la nation en tenant en compte les objectifs nationaux d’efficacité économique, de justice sociale, de solidarité et d’unité. À première vue, la rupture, qui a été au centre des discours des principaux leaders de l’alliance durant la campagne électorale qui a précédé les élections du 10 novembre dernier, passera par la consolidation de la démocratie, la gouvernance, l’intégrité et la réforme constitutionnelle. On sait que c’est la carence de l’ancien gouvernement en ce qui concerne la démocratie, la bonne gouvernance et l’intégrité qui a provoqué sa chute, avec la suspension de l’Internet qui a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Le gouvernement présente ce thème comme une priorité et compte lancer le processus dès le premier semestre de cette année avec la création d’une Constitutional Review Commission dans les prochains six mois. « Notre pays compte plus de cinq décennies d’expérience de son cadre constitutionnel et il est donc grand temps de revoir et de mettre à jour notre Constitution. À la suite de cet examen, le gouvernement mettra en œuvre les réformes constitutionnelles et électorales nécessaires pour consolider davantage notre démocratie », peut-on lire dans le programme gouvernemental. Ladite commission sera chargée d’instituer un collège électoral, qui sera appelé à élire un président de la République. Elle doit aussi examiner la révision de la Constitution afin de rendre obligatoire l’organisation des élections des administrations régionales tous les cinq ans.
Elle se penchera également sur les amendements qui devront être apportés au chapitre 2 de la Constitution pour mieux protéger les droits fondamentaux, dont la nouvelle génération des droits concernant l’environnement, la technologie, la santé, l’éducation et d’autres droits économiques, sociaux et culturels. La commission doit également se pencher sur la réforme électorale en vue d’assurer une représentation parlementaire équitable avec l’introduction d’une dose de proportionnelle, et une plus grande représentation de femmes au Parlement. Il est bon que le gouvernement compte se pencher sur la réforme constitutionnelle et électorale dès le début de son mandat. Pour la première fois, il semble que le gouvernement dispose du consensus et de la majorité nécessaires pour mener à bien ce projet. Dans d’autres occasions, des divergences de vues sur ce sujet avaient provoqué la rupture du gouvernement. Cette fois, il semble que toutes les conditions sont réunies pour mener à bien ce projet de réforme. Nous souhaitons cependant que le public en général soit impliqué dans les débats de manière à obtenir l’adhésion de toute la population.
Nous aurons l’occasion de commenter la série de mesures en vue de consolider la démocratie, les droits des individus ainsi que la liberté d’expression. À ce sujet, l’introduction d’un Freedom of Information Act est attendue avec impatience. Le “right of recall” cher à Ashok Subron figure en bonne place. Il permettra de mettre les parlementaires sur les charbons ardents. Autre élément important : l’abolition de l’obligation pour un candidat aux législatives de déclarer sa communauté.
En fin de compte, le discours-programme est une feuille de route qui couvre pratiquement tous les aspects évoqués dans le manifeste électoral de l’Alliance du Changement. Certaines propositions sont traitées en profondeur, d’autres un peu plus superficiellement. Nous aurions souhaité par exemple que le programme donne une direction plus claire en matière de stratégie diplomatique gouvernementale à un moment où l’approche multi-alignement gagne du terrain. C’est à travers cette approche que le pays pourrait se permettre d’explorer toutes les possibilités découlant de la coopération bilatérale et multilatérale dans la lutte contre le changement climatique, le développement durable, le développement de l’économie océanique, la sécurité et d’autres questions urgentes.
La politique de multi-alignement nous aurait permis de traiter avec tous les pays amis, qu’ils soient américains, européens, indiens ou chinois, sur un pied d’égalité. Nous attendons avec impatience les débats, prévus le 4 février prochain.
Jean Marc Poché