Avec l’entrée en vigueur depuis le 1er février du nouveau barème des tarifs du Central Electricity Board (CEB) dans la fourchette de 19% à 29,4%, les ménages appréhendent la prochaine tournée des Meter Readers distribuant les premières factures à haute tension.
Même s’il est encore prématuré pour se faire une idée du montant additionnel en vue de se mettre en règle avec le CEB, dans des familles, la prudence est de mise d’autant plus qu’en cette période de veille et d’alerte de fortes pluies, et la poussée de fortes températures, le climatiseur ou le ventilateur travaillent à fond.
En passant, dès ce matin les fumeurs ont dû prévoir Rs 10 de plus pour acheter un paquet de 20 cigarettes. À ce rythme, ils doivent prévoir au moins une somme supplémentaire de Rs 300 par mois pour ce besoin spécifique. C’est vrai que la cigarette est nuisible à la santé. Si demain, le tagabisme est éliminé, ce ne sera pas une grande perte.
Toutefois, en ce début d’année, un chiffre inquiétant et révélateur du mal au plus profond du Mauricien, a été publié par la Banque de Maurice. Ce détail trahit le phénomène du vivre à crédit. D’une année à l’autre, les facilités accordées par les banques aux ménages ont augmenté de quelque Rs 19 milliards, soit un total de Rs 145,5 milliards au 31 décembre.
Certains trouveront que ce n’est rien de grave car la croissance de l’économie, si chère aux locataires du Government House, est soutenue par la consommation. Les banques commerciales jouent le jeu en n’appliquant pas de tour de vis à la demande des crédits des ménages.
C’est vrai car la hausse de Rs 19 milliards en une année représente le double de ce qu’elle avait été pour la période correspondante en 2021. Nul besoin de mettre de l’huile sur le feu pour affirmer que cet endettement ménager représente plus de Rs 100 000 par tête d’habitant. Une indication de cette progression est qu’en 2018, les Household Debts faisaient à peine Rs 100 milliards.
Le prochain Financial Stability Report de la Banque de Maurice dissertera sur les risques de Non-Performing Loans et l’urgence d’adopter des Prudential Measures pour éviter le pire. Le fait que de ces Rs 19 milliards de plus accordées par les banques, quelque Rs 15 milliards sont consacrées au financement de construction résidentielle, peut être brandi comme un facteur d’assurance.
Mais les Rs 4 milliards en plus, qui restent, sont englouties dans d’autres dépenses pas en mesure de garantir l’amélioration du patrimoine des ménages. Sur les Rs 145,5 milliards, presque le tiers (Rs 43 milliards) est pour assurer d’autres dépenses. Probablement pour tenter de faire face à la perte du pouvoir d’achat, notamment, la carte de crédits à la caisse du supermarché du magasin ou du restaurant. Pourquoi pas à la station-service pour combler le trou de Rs 4,4 milliards du Price Stabilisation Account de la State Trading Corporation, elle-même déjà endettée à hauteur de plus de Rs 10 milliards sans garantie du gouvernement.
Déjà inquiétant au niveau des ménages. Pire est que sur le plan national, ces Rs 145,4 milliards propulsent les ménages au titre du plus gros emprunteur auprès des banques. L’Hospitality Sector, avec ses recettes de l’ordre de Rs 60 milliards en devises étrangères par an, est bien loin derrière, ne représentant que le tiers.
Ces statistiques ne révèlent qu’une partie du vivre-à-crédit du Mauricien. Celui-ci peut prendre encore avantage des offres disponibles aux guichets des Leasing Companies. Les dernières informations disponibles laissent voir qu’il faudra ajouter un montant additionnel de plus de Rs 20 milliards en termes de Liabilities pour les ménages.
Il est aussi vrai de dire que plus de Rs 80 sur chaque Rs 100 de Leasing Facilities accordées financent l’achat de nouvelles voitures. À juin de l’année dernière, le nombre de voitures encore sous le régime de crédit-bail était de quelque 36 000.
Tout cela pour faire comprendre que ces facilités pour vivre à crédit, s’apparentant à la spirale du surendettement, imposent des remboursements mensuels accrus de la part des ménages. Surtout dans une conjoncture de rajustement à la hausse des taux d’intérêt bancaires en vue de juguler l’inflation.
Le risque d’entendre le défaut de paiement frapper à la porte des ménages n’est nullement une exagération. Car les spécialistes mettent en garde contre la bombe à retardement devant littéralement chaque porte car avec les nouveaux barèmes de taux d’intérêt, pour chaque Rs 1 million d’emprunt, il faudra compter sur un peu plus de Rs 1 000 additionnelles pour le remboursement des intérêts.
Dans le temps, il y avait une publicité à la Montée S, qui prônait ceci : « Never Start Something You Can’t Stop, Use … Brakes ». Alors les chefs de ménage…