L’érosion inéluctable du pouvoir d’achat des ménages préoccupe le Mauricien. Le dernier sondage d’AfroBarometer, dont les premiers chiffres ont été rendus publics récemment, confirme une réalité qui saute aux yeux de tout un chacun arpentant les étagères des supermarchés, si ce n’est les caisses des pharmacies.
N’empêche que dans cette conjoncture de surenchère électorale et de razzmatazz d’Allowances découlant du budget 2024/25, cette piqûre de rappel d’AfroBarometer revêt toute son importance. La hausse des prix affecte tout le monde et tous les jours. Cela, c’est pour aujourd’hui, car personne ne sait de quoi sera fait demain avec les Price Tags des commodités.
Cette question occupera sans doute les premiers rangs de la campagne électorale avec sa bonne dose de promesses, pour ne pas dire de démagogie.
Un autre sujet susceptible d’intéresser plus d’un, même si demain dépendra à coup sûr de ce qui est fait aujourd’hui, concerne l’éducation. Mais à ce jour, les allusions de la part des états-majors politiques peuvent être qualifiées de circonspectes. L’éducation n’est-elle pas apte à faire partie des Vote-Catching Measures ?
Pour les prochaines élections générales, un électeur sur dix, soit 129 281 inscrits sur le One-Million Register de la Commission électorale, votera pour la première fois, laissant comprendre que cet électeur potentiel vient de quitter le cycle secondaire ou qu’il s’est inscrit dans le cycle tertiaire.
À côté de cet étudiant se trouvent des parents, en principe une mère et un père, soucieux de l’éducation de leur enfant. Donc, deux autres potentiels inscrits pour les registres de la Commission électorale. À ce jour, l’équation de l’éducation se résume à une question de financement. D’où l’offensive de Lakwizinn du Prime Minister’s Office sur le front de la gratuité de l’éducation du pré-primaire au tertiaire au sein de la république de Maurice.
Historiquement parlant, la Free Secondary Education, dont l’introduction avait été annoncée à la lumière de la campagne pour les législatives repoussées du 21 décembre 1976, est un Offshoot d’un malaise profond prévalant dans le secteur de l’éducation au lendemain de l’accession de Maurice à l’indépendance.
Le Mai-75 des étudiants mauriciens, événement qui fêtera ses 50 ans l’année prochaine, est la manifestation de cette jeunesse, qui avait conscience que l’un des principaux ascenseurs sociaux reste l’éducation. La dernière pyramide démographique, élaborée par Statistics Mauritius, indique qu’un électeur sur dix dans les registres revus et corrigés avait vécu, de loin ou de près, Mai-75.
Le premier point positif avec la rentrée scolaire de 1977 est qu’avait pris fin le calvaire de l’étudiant de se voir aligner contre le mur en pleine assemblée du matin, tout simplement parce que le paiement de l’écolage, qui était de Rs 13 par mois pour les Upper Forms, était en retard à partir du 2 de chaque mois.
L’autre fait saillant est que les lauréats aux examens de Higher School Certificate n’étaient plus l’apanage des seuls Royal Colleges ou QEC. D’ailleurs, juste avant l’avènement de l’éducation gratuite avec les élections de décembre 1976, la performance académique d’un Félicité, d’un Sithanen ou d’un Oozeer, d’un Ng Ping Cheung ou d’un Ng Cheong Tin, étudiants d’un collège privé aujourd’hui centenaire, rivalisant avec les ténors des deux collèges d’État d’alors, équipés de toutes les facilités, était un signal que l’heure de l’élitisme colonial dans l’éducation avait sonné.
La Secondary Free Education de 1977 est synonyme d’ouverture, d’accès à l’éducation aux Down-Trodden. Au cours de ce demi-siècle, avec deux années manquantes, du chemin a été parcouru. Mais aussi, des laissés-pour-compte en bordure de l’autoroute du développement socio-économique sont légion.
Un demi-siècle après, l’éducation peut-elle se permettre le luxe d’un déni d’ouverture en jouant le mort sur l’introduction du Kreol Morisien au programme des examens pour le Higher School Certificate ? Pourtant, l’aggiornamento politique n’est nullement hostile à la reconnaissance valorisante du KM au sein de la république et ne lèse aucun autre intérêt.
Les clameurs de la campagne électorale sont-elles si puissantes, à la manière du Loud Speaker sévissant à l’Assemblée nationale, que tout débat sur le Kreol Morisien ou encore les dérives dénoncées de l’Extended Programme est étouffé ?
Le programme électoral en gestation des partis politiques ne devra-t-il pas être une plateforme d’ouverture, car avec l’Artificial Intelligence, le profil du monde du savoir est en pleine mutation et le programme d’éducation d’aujourd’hui risque de ne plus répondre aux desiderata de demain…