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Le spectre de Sobrinho hante toujours la State House

— La dernière version de Kroll Report relève des cas de soupçons de « misuse of funds of Planet Earth » pour financer des voyages des politiciens, de même que d’autres facilités au “Mauritian Private Secretary to the President of the Republic”

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— En 2016, les autorités de l’Île de Man avaient découvert une opération de blanchiment de fonds pour un montant de 500 M d’euros (plus de Rs 2 milliards) avec en toile de fond le multimilliardaire angolais

Les affaires d’Alvaro Sobrinho, confident de la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, remontent à la surface à la faveur des conclusions d’une Compliance Reputation Review confiée à la société internationale Kroll. Ce nouveau rapport vient complémenter des précédents Preliminary Findings sur le multimilliardaire angolais opérant à Maurice, et sa galaxie de collaborateurs. Ce document remet en perspective les liens étroits entretenus avec la State House et des VVIPs au sein du gouvernement. En outre, ce rapport fait état d’une enquête initiée en juillet 2016 par les autorités régulatrices de l’Île de Man au sujet des allégations de blanchiment de fonds de l’ordre de 500 millions d’euros, soit environ Rs 2 milliards, avec le même Alvaro Sobrinho en toile de fond. Le cas de Mauricio Fernandes est mis en exergue pour son rôle au sein du paravent de Planet Earth Institute destiné à consolider la position d’Alvaro Sobrinho dans les arcanes du pouvoir. Toutefois, la Compliance Reputation Review de Kroll prend le soin de souligner que « it was not aware if any progress has been made or the status of the investigation » par rapport aux faits identifiés relevant du délit présumé de blanchiment de fonds. Il rappelle que « Sobrinho is an influential banker in Angola who is well-connected in the angolan landscape, including through his close association with the country’s president ».

Le dénommé Mauricio Jorge Almeida Fernandes, Chief Executive Officer de Planet Earth Institute et un des directeurs de Vango Property Ltd (un des principaux Investment Arms d’Alvaro Sobrinho à Maurice avec d’importants placements dans l’immobilier), se présente comme le maillon faible du système. C’est ce qu’une première lecture des 32 pages du rapport confidentiel de Kroll — dont de rares copies sont en circulation — permet de comprendre. D’ailleurs, Mauricio Jorge Almeida Fernandes est l’un des rares proches collaborateurs du multimilliardaire angolais à faire l’objet de poursuites au criminel, et ce, pour de fausses déclarations dans les procédures pour l’obtention d’une Investment Banking Licence, en 2016.

Les détails figurant au nom de Mauricio Fernandes dans le rapport Kroll sont encore plus accablants, malgré qu’il a un « limited public profile ». « References primarily concerned his routine activities at Planet Earth Institute », soit l’institut sur le board duquel la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, a pendant un certain temps siégé. Kroll mentionne également l’implication de Mauricio Fernandes « in the Monte Branco Scandal in his capacity as an associate of Sobrinho ». Pas plus loin qu’en avril, alors que la Sobrinho Saga monopolisait l’attention, le même Fernandes est décrit par des milieux avertis comme « a mysterious piece of the puzzle » dans le “Monte Branco Scandal”, après des allégations de blanchiment d’argent pour un montant de Rs 2 milliards et l’achat d’un jet privé pour le clan Sobrinho.

D’autre part, Mauricio Fernandes est impliqué dans 21 procès instruits devant les instances judiciaires compétentes du Portugal. « These cases concern commercial and debt-related disputes and their outcomes are unclear », note Kroll dans son rapport. Abordant les activités du CEO de Planet Earth Institute, la Compliance Reputation Review peint un tableau des plus sombres. « The partner of investments in a Portuguese wealth management firm said that the possible involvement of Fernandez on Monte Branco is tangential but noted that he may have been aware of any misuse of funds at Planet Earth Institute ».

Kroll va plus loin en soutenant que Mauricio Fernandes a déjà fait l’objet d’enquêtes approfondies au Portugal, ayant vu la collaboration de spécialistes britanniques pour faire la lumière sur une série de transactions. « Investigators uncovered Fernandez possible collusion in the misuse of funds at Planet Earth Institute by providing trips to Mauritian politicians… There are suspicions that the Mauritian Private Secretary to the President or former President used Planet Earth Institute cars, and Fernandes may have already been scrutinized with the help of British private investigation companies contracted by Portuguese investigators », affirme également Kroll.

Le rapport passe aussi en revue la série d’enquêtes ouvertes sur le plan international, dont les Monte Branco Investigations, la BESA Investigation et les Panama Papers. Au chapitre de la Monte Branco, de troublantes informations allant dans le sens d’infraction pour blanchiment d’argent sont étalées : « Beginning 2011, Sobrinho is reported to have been subject in a series of money laundering investigations launched by the Portuguese authorities. »

Néanmoins, le cas découvert en Île de Man en juillet 2016 est des plus conséquents. « In July 2016, Isle of Man authorities uncovered an alleged money laundering operation conducted by Sobrinho via the purchase and sale of an airplane in 2014. During the investigations, authorities recorded telephone conversations between Akoya managers, in which they discussed 500 million euros acquired by Sobrinho through unspecified illicit activities. During the investigation, Akoya manager Michel Canals mentioned numerous offshore entities allegedly linked to Sobrinho and his family », lit-on à la page 5 du rapport.

Les autorités du Portugal, soit le Central Department for Criminal Action and Investigations (DCIAP), s’intéresse au dossier des Rs 2 milliards de Sobrinho. Mais Kroll, citant des sources autorisées, avance que « with the complexity of the investigations, it is highly unlikely that Sobrinho will ever be prosecuted due to the amount of investments he has conducted via offshore shell companies ». Et d’ajouter : « Alvaro Sobrinho may be forced to surrender his control over the media as well as his substantial property investments if investigators prove that he broke the law of financial regulations ».

Puis vient le chapitre de la BESA Investigation axée sur des cas allégués de détournement et de blanchiment de fonds. Kroll avance que la Suisse, par le truchement de son Attorney General, avait pris la décision de geler toute forme d’avoirs et de propriétés d’une valeur de 160 millions de francs suisses (Rs 4,8 milliards) en avril 2017. Mais les conseils légaux de l’homme d’affaires angolais rejettent catégoriquement ce fait.

Le chapitre du rapport de Kroll consacré au confident d’Ameenah Gurib-Fakim est assez éloquent quant à ses pouvoirs en Angola et au Portugal, tout en ne faisant pas état de sa Mauritian Connection. Il est concédé que « Sobrinho is an influential banker in Angola who is well-connected in the angolan landscape, including, through his close association with the country’s president ». Toutefois, Kroll Compliance Reputational Review souligne que « most sources, however, acknowledged that he is involved in extensive scandals and were familiar with the Monte Branco Investigation ». Et de poursuivre : « Sobrinho’s name is toxic in Portugal as he has been under investigation by Portuguese prosecutors for about seven years. The source added that Monte Branco investigation is advancing at a slow pace and is under judicial review ».

En résumé, Kroll constate que « no evidence was found that Sobrinho is under any travel restrictions or that he has been convicted of any crime ». Et d’ajouter : « Sources in Portugal were of opinion that the outcome of investigations involving Sobrinho would likely be dependent in the political will in Portugal to expose prominent Angolan nationals to a number of charges. Sobrinho continues to be registered as a company director in Switzerland and the United Kingdom and does not appear to have ever been disqualified as director in neither of these countries or Portugal ».

Et à Maurice, Alvaro Sobrinho dispose d’une armée de défenseurs dans différents milieux, dont l’hôtel du gouvernement…

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