La Cour d’investigation, mise sur pied pour faire la lumière sur le naufrage meurtrier du remorqueur Sir Gaëtan, survenu dans la nuit du 31 août 2020, devrait être prête vers la fin de ce mois. Après avoir écouté une vingtaine de témoins, le Chairperson, l’ancien juge Angoh, ainsi que ses deux assesseurs, les capitaines Mahendra Babooa et Jacques Goilot, peaufinent les divers témoignages recueillis lors des travaux avant de soumettre leur rapport. Le capitaine Gervais Barbeau, le Port Master, a été le dernier témoin à être entendu lors des travaux du 19 novembre dernier.
Plus de deux mois après les auditions de la Cour d’investigation pour comprendre les circonstances entourant le naufrage du remorqueur Sir Gaëtan, le panel devrait être en mesure de soumettre ses recommandations vers la fin janvier. Une vingtaine de témoins avaient été entendus dans le cadre de ces travaux, dont plusieurs sont revenus plus d’une fois pour s’expliquer sur des versions jugées contradictoires par l’ancien juge Gerard Angoh et ses assesseurs. Les rescapés de cette opération ont aussi eu l’opportunité de raconter en détail ce qui s’est passé le jour du drame, alors que des employés de la Mauritius Ports Authority (MPA) ont apporté d’autres éléments sur les conditions de travail au sein de cette autorité.
D’autre part, la Cour d’investigation a accordé un intérêt particulier lors des travaux à la question visant à situer le rôle de l’Electrical and Eletronic Engineer de la MPA Yassin Issany, qui avait déposé deux fois devant cette cour, maintenant toujours qu’il n’avait « jamais » été responsable du département de la marine et qu’il ne faisait que donner un coup de main dans les tâches administratives. Les autres témoignages ainsi que des documents ont cependant démontré le contraire.
Les travaux de la Court of Investigation ont pris fin le 19 novembre avec l’audition du Port Master Louis Gervais Barbeau. Ce dernier avait alors insisté sur le fait que le Sir Gaëtan était Seaworthy et, plus encore, « in a good running condition ». Affirmant ainsi que le remorqueur était le choix approprié pour cette opération de sauvetage, et ce, malgré le fait que le témoin ait été confronté aux propos d’autres témoins devant la cour et aux Survey Reports sur l’état de l’embarcation, qui n’avait notamment pas de Safety et de Class Certificate.
Le remorqueur Sir Gaëtan a fait naufrage sur le chemin du retour du site de l’échouement du MV Wakashio le 31 août 2020, soit au large de Poudre-d’Or, après que la barge L’Ami Constant, de la firme Taylor Smith, qui était remorqué par le Sir Gaëtan de Pointe-d’Esny à Port-Louis, ait percuté le remorqueur, créant un trou dans sa coque.
Questionné sur le choix du Sir Gaëtan pour l’exercice de sauvetage, le Port Master avait affirmé qu’il avait bien donné son approbation pour que ce soit ce remorqueur qui soit mis en route, après des discussions avec le High Level Committee en place. Sur la question du trajet du Sir Gaëtan vers Pointe-d’Esny, puis vers Port-Louis, le Port Master avait expliqué que c’est le capitaine Kavidev Neewoor qui était en charge de la planification des opérations, et ce, en consultation avec le capitaine Bheenick. Il avait en outre affirmé qu’il n’était pas impliqué dans cette opération et qu’il n’avait pas été informé que celle-ci aurait lieu le 31 août 2020.
Après l’audition du Port Master, la commission d’enquête se penche depuis sur tous les témoignages recueillis et les documents produits afin de pouvoir soumettre ses recommandations. La première audition a eu lieu le 12 juillet 2021. Ce naufrage avait fait trois morts et un disparu.
Une vingtaine de témoins ont été appelés à la barre lors de ces auditions. Des enquêteurs de police et des officiers de la MPA ont d’abord été entendus. Après quoi cela aura été au tour des rescapés, du Port Master de la MPA, Gervais Barbeau, puis de son adjoint, Kavidev Newoor, par ailleurs arrêté par la police lors de l’enquête.
La Cour d’investigation a pour mission d’enquêter sur les circonstances ayant mené au naufrage du remorqueur, soit la collision avec la barge L’Ami Constant. Ils doivent établir les circonstances du décès par noyade des trois membres d’équipage (Addisson Jimmy Sylvain, Seewoo Sujit Kumar et Laval Lindsay Plassan) ainsi que celles de la disparition du capitaine Moswadeck Bheenick, et les blessures des quatre rescapés. La Cour doit en outre situer les responsabilités sur les actes ayant mené à ce drame en mer.