Nos ambitions de maintenir sous la barre des +1,5 °C le réchauffement climatique par rapport à l’ère préindustrielle semblent d’ores et déjà vouées à l’échec, en attestent de récentes études situant en effet celui-ci à +2,7 °C, avec des conséquences que l’on annonce déjà comme cataclysmiques. Pour autant, laissons un instant ces chiffres de côté pour nous rappeler la seule et véritable certitude, en l’occurrence que l’urgence climatique impose une diminution drastique de nos émissions de gaz à effet de serre. Ce qui relève pour l’heure de l’utopie, au vu de la lenteur des décisions politiques visant à réduire notre production d’énergie fossile. Alors que faire ? La solution, pensent certains, pourrait venir de propositions alternatives afin de décarboner l’atmosphère.
Hélas, ces solutions ont pour l’heure toutes un talon d’Achille. En effet, soit elles ne sont pas assez performantes, sont elles sont trop onéreuses à mettre en place, soit elles ne marchent pas du tout, soit encore, elles sont simplement trop risquées. C’est notamment le cas de celle visant à injecter dans la stratosphère des particules capables de faire baisser les températures. Sauf que, ce faisant, nous risquerions d’impacter le cycle de l’eau et des précipitations, avec des effets potentiellement plus pervers que ceux du réchauffement anthropique. Une autre solution consiste, elle, à retirer durablement le CO2 en excédent dans l’atmosphère, notamment en utilisant un processus biologique. Mais là encore, il y a un hic !
Ici, le principe est simple, puisqu’il s’agit tout bonnement de replanter. À l’instar de l’Australie, par exemple, qui ambitionne de mettre en terre un milliard d’arbres d’ici 2050, ou encore que l’Inde qui, elle, évoque le chiffre de 95 millions d’hectares de « nouvelles forêts » avant 2030. Bref, une mesure d’atténuation du réchauffement totalement biologique et, qui plus est, reste relativement peu onéreuse. Sauf que… ce développement frénétique de projets de reboisement comporte des risques, comme d’engendrer une compétition avec les espèces endémiques. Sans compter que le taux d’échec de repousse est assez élevé.
Une autre solution consisterait, elle, à capter par un procédé chimique le CO2 directement à la source d’émissions, au niveau des sorties d’usine par exemple. Mais que faire alors du CO2 capté ? Facile, répondent les promoteurs : le stocker… au fond des océans. Le principe, ici, serait de comprimer le CO2 à l’état gazeux jusqu’à lui faire atteindre un état dit « supercritique », soit entre l’état gazeux et l’état liquide. Après quoi il serait injecté dans de profonds réservoirs par forage. Une solution, donc, loin d’être écologique. Sans compter que l’alternative – qui consiste donc quelque part à remettre le CO2 d’où l’on en aura extirpé, bien que sous une autre forme – est fortement énergivore, et annihile quelque part l’intérêt du projet.
D’autres solutions existent bien sûr, biologiques ou non, mais aucune ne satisfait pleinement, et donc ne pourra nous sauver à temps des conséquences du changement climatique. En fait, à y voir de plus près, elles sont même en l’état totalement contre-productives, dans le sens où elles nous éloignent des seules et véritables actions qu’il nous faudrait prendre, lesquelles consistent en une révision de notre appareil de consommation, et donc d’émissions polluantes. Réfléchir à ces solutions de décarbonisation, dans la conjoncture, est par conséquent une perte de temps. Un temps qui, rappelons-le, nous est compté.
Bien sûr, loin de nous l’intention de dire que certaines des solutions exposées ne sont pas louables. À l’instar du reboisement qui, s’il est réfléchi, apportera immanquablement une bouffée d’air frais à la planète. En revanche, ces solutions, seules, ne suffiront pas, car ce qu’il convient aujourd’hui avant tout est d’entamer une réflexion sur la manière de nous débarrasser le plus rapidement possible de notre dépendance au carbone. Et donc sur notre mode sociétal, axé plus que jamais sur le flux de marchandises et de personnes, et une économie de marché qui, en quelques décennies à peine, aura mis en danger d’extinction imminent notre espèce et des milliers d’autres. Bref, de mettre en place une structure favorisant l’émergence d’un effort intellectuel collectif. Ce que nous sommes encore loin de vouloir faire…
- Publicité -
EN CONTINU ↻