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Fermez les yeux
Imaginez une belle île,
Dans son écrin turquoise
Toute petite, pour tenir dans le coeur
Pouvoir la transporter partout
Avec son soleil, sa mer
Ses habitants et leurs grands chapeaux
Leurs coquettes maisons où résonnent des rires
Leurs cours fleuries où les poules
Picorent allègrement le maïs
Imaginez maintenant quitter cette île
Au revoir, A très vite,
Femmes, enfants, petits vieux!
Bonjour île Maurice
Quelques jours, deux semaines?
A la quête de la guérison
Ou simple visite
Mais malheur !!
Le sournois virus réapparaît
Pris au piège
Y rester contre son gré
Un mois, deux mois, trois mois
Confinés loin des siens,
Ouf ! déconfinés ! enfin partir !
Hélas confinés à nouveau
Attendre, Espérer, Prier
Imaginez être des hommes et des femmes
Victimes collatérales, impuissantes
D’un virus, ou pire
De la bêtise humaine
Se Lever, Marcher, Crier
Demander encore, s’enquérir toujours
Confusion, Colère, Souffrance
Rester Solidaires malgré tout
Attendre, Espérer, Prier Ensemble
Imaginez les heures
Les jours
Les semaines
Les mois qui passent
Cloués au sol, rester encore?
Alors que la misère nous guette
Loin de nos champs
Qui nous herbergera, céans ?
Combien de temps encore?
Quand enfin serrer dans ses bras
Femmes, enfants, petits vieux?
Imaginez finalement y fermer les yeux
S’en aller pour le grand voyage
Adieu guérison, adieu petite île
Au re-voir
Femmes, enfants, petits vieux
A bientôt
Dans un autre Eden
Imaginez le coeur
Palpitant, ému, agité,
De ceux qui guettent depuis
Des jours, des semaines, des mois
Le retour de l’oiseau de fer
Redoutant le virus invisible
Faut protéger Femmes, enfants, petits vieux
Attendre, Espérer, Prier
Imaginez être un jeune étudiant à Maurice,
Savoir marcher, courir, bondir
Pourtant comment atteindre sa terre natale
Pour rendre un dernier hommage à celui
Qui vous a donné la vie
Impossible dans ce monde cruel !
Seulement Pleurer, Espérer, Prier
Imaginez être jeune et brillant
L’espoir de l’île
Perdre douze longs mois
Point d’examens
Inlassablement reprendre les mêmes livres
A cause d’une épidémie
Par delà les montagnes
Par delà le lagon
Par delà l’océan
Mais demeurer discipliné
Dans ce monde absurde!
Imaginez des hommes,
Des femmes,
Ébranlés par un mal qui sévit au loin,
Toujours Dignes et Forts,
Imaginez être Rodriguais…