Le Directeur des Poursuites publiques (DPP), Me Rashid Ahmine, est intervenu lors d’un forum-débat organisé par son bureau sur le thème “Notre efficacité dans le combat contre le trafic de drogue et des biens mal acquis”. Il est revenu sur le travail de la police, qu’il a salué, pour combattre ce fléau.
Néanmoins, il a évoqué certains aspects légaux, en disant : « notre Constitution est pour le combat de trafic de drogue et emmène ceux qui ont fauté à être condamnés devant une Cour de justice. Mais nous devons le faire dans le cadre légal et respecter notre Constitution. » Il poursuit : « Li pa dan nou lintere pou aret enn dimounn, pou Detain li ek pran tou lelwazir dimond pou fer lanket. Apre nou amenn li lakour. »
Il est revenu sur deux Attempts par le Parlement, soit en 1986 sur la possibilité d’éliminer la possibilité de caution à toute personne arrêtée dans un trafic de drogue. « La Cour suprême avait déclaré ce projet de loi anticonstitutionnelle », dit-il. La seconde tentative remonte à 1994 où la Constitution a été amendée pour empêcher toute personne arrêtée pour délit de drogue d’avoir le droit à un recours (application) pour une caution jusqu’à son procès. « La Cour suprême a jugé que c’est anticonstitutionnel et contre la section 1 de notre Constitution. Confirmé par le Conseil privé de la Reine en 2006 » , dit-il ajoutant que : « mo pa kwrar kikenn pou anseyn mwa ou donn mwa leson lor konba trafik dedrog. » Il s’appesantit sur le fait que son bureau fait tout pour apporter des cas de drogue en Cour, mais que « nou bizin azir dapre seki la lwa permet nou. »
D’autre part, il a souligné qu’il y a une « tension » durant la période après l’arrestation d’un suspect par la police jusqu’à ce que le cas soit référé en Cour. « Le DPP doit Monitor le progrès de l’enquête », affirme-t-il. Il maintient que la période entre trois et cinq ans pour compléter une enquête de drogue n’est pas acceptable. Il a déclaré que dans le passé, il y a eu des dossiers qui ont été envoyés à son bureau après un long délai, qui, selon lui, « n’est pas justifié ». Il a souligné que depuis sa nomination comme DPP, il s’assure qu’il y a une période entre une semaine à un mois pour porter un cas devant la Cour. « Il y a des cas qui seront jugés devant la justice en 2026 ! »
Par ailleurs, il a évoqué certains inconvénients rencontrés par son bureau en citant l’exemple de l’arrestation d’un individu qui a avoué sa participation dans une affaire de drogue et dénoncé ses complices. Et que le témoin se rétracte par la suite. Le DPP propose l’introduction d’une Witness Protection Act pour que l’État assure la protection du témoin. « À l’extérieur, cela se fait comme envoyer un témoin de la couronne de Londres à Bristol et changer son identité pour assurer sa sécurité. Aussi le risque de Tampering et Interfering est pratiquement nul », fait-il comprendre.
Finalement, Me Rashid Ahmine insiste pour que la police revoie certains aspects de sa méthode de travail car, selon lui, la majorité des commanditaires de drogue ne sont pas arrêtés. « Si nou anvi konbat ladrog avek efikasite, bizin viz bann komanditer. Sinon nou pa pou kapav gagn sa konba-la », avance-t-il avec force. Il a cité un seul cas à Maurice où l’ex-ACP Lauthan avait pris le risque de laisser passer une cargaison de drogue pour remonter jusqu’à son commanditaire. « Bann lezot pei pa atrap bann ti pwazon. »
Le DPP Ahmine a cité la section 55 de Controlled Delivery qui permet cet exercice. « Isi zot intersepte ek zot pa al one step further. Zot met enn dummy ek kelkepar, lanket pa pou al tro lwin. » Il estime que « le commanditaire est très loin avec la drogue physique, car il y a plusieurs intermédiaires impliqués ». Il ajoute qu’ « il y a des systèmes de surveillance et d’intelligence utilisés dans d’autres pays pour mettre la main sur le commanditaire. Pourquoi pas Maurice ? »
Il se demande aussi comment certains condamnés arrivent à obtenir des cellulaires pour mener leur business de drogue depuis la prison. « Lotorite bizin identifie bann ofisie konplis pou aret sa sistem-la. » Parallèlement, il se demande pour quelle raison la voie maritime est privilégiée par les trafiquants. « Kapav bann trafikan pe trouve li pe vinn boukou pli fasil pou servi vwa maritim. Mo pa kone. Rapor Lam Shang Leen inn dir National Coast Guard (NCG) ena enn rol inportan pou zwe. NCG bizin alye li avek ADSU », propose-t-il.