Le diktat du bruit


TARIKH JUMEER

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C’est avec intérêt que j’ai pris connaissance de la nouvelle législation intitulée “Environment Bill”. Toutefois, ce texte ne semble pas avoir pris en compte les défis actuels en matière de pollution sonore, qui devient, osons le dire, un véritable diktat.

Néanmoins, la Section 41 de cette loi confère au ministre la discrétion d’établir des normes en matière de bruit. Donc, attendons de voir.

Certaines catégories de citoyens, souvent des intellectuels, reconnaissent la valeur du silence et en ont besoin. D’autres, comme nos aînés, sont vulnérables aux excès sonores causés par un nombre croissant d’individus dont les valeurs civiques et morales se dégradent.

Une campagne médiatique avait pourtant été menée contre le “tapage qui dérange le voisinage”, mettant en lumière le chaos sonore provoqué par les pots d’échappement modifiés et les systèmes de sonorisation des voitures tunées. Cependant, la situation s’est aggravée au lieu de s’améliorer.

Il n’est pas rare de lire des actualités sur des conflits provoqués par la pollution sonore. Deux personnes ont même été agressées à l’arme blanche par leur voisin tapageur après l’avoir confronté.

Le bruit intentionnellement provoqué par des chauffeurs antisociaux, qui modifient leurs échappements pour maximiser le bruit dans les quartiers résidentiels, est devenu plus intense malgré la campagne susmentionnée.

De plus, les citoyens paisibles sont confrontés à des écueils modernes mettant en péril leur tranquillité, notamment l’utilisation d’outils d’entretien bruyants par des ouvriers sans scrupules. Par exemple, à Vacoas, La Caverne, des jardiniers utilisent chaque semaine des souffleurs de feuilles bruyants pendant des heures, même par temps venteux, ce qui annule la nécessité d’utiliser d’autres machines.

La Section 41 de la nouvelle loi prévoit que le ministre prescrira les normes d’émission de bruit nécessaires pour maintenir et préserver la santé publique, le confort public et l’environnement, et établira des règlements pour la prévention et le contrôle du bruit. Il serait donc pertinent de renforcer les dispositions actuelles, notamment en réduisant le seuil de permissibilité du bruit dans les quartiers résidentiels.

Par exemple, le niveau de bruit acceptable dans les appartements au Royaume-Uni entre 23h et 7h ne doit pas dépasser 34 dBA s’il y a peu ou pas de bruit de fond. Si le bruit de fond est supérieur à 24 dBA, le niveau de bruit autorisé sera de 10 dBA au-dessus du niveau de bruit de fond. Appliquer des seuils similaires à Maurice pourrait grandement améliorer la vie des citoyens, notamment ceux vivant à proximité de bâtiments commerciaux dotés de moteurs électriques.

Les citoyens cherchant la tranquillité se heurtent également à la lenteur de l’administration due au manque de personnel dédié à la sanction des délits de pollution sonore. Souvent, lorsqu’une plainte est déposée, il est trop tard pour que les autorités prennent le contrevenant sur le fait, et le bruit qu’il aurait causé est difficile à prouver par le plaignant, qui est démuni d’équipement professionnel.

Prenons l’exemple des soirées du 12 et du 25 mai à Vacoas : certains riverains ont dû subir une musique tonitruante de 23h jusqu’aux petites heures, sans possibilité d’intervention rapide de la Police de l’Environnement.

Les compagnies ont également un devoir de veiller à ce que leurs services ne causent pas de nuisances. Une banque à Vacoas, qui pourtant fait des profits trimestriels dans les milliards, pourrait, par exemple, employer un gardien pour maintenir l’ordre et la tranquillité sur son parking, afin de prévenir les nuisances causées par les clients de son DAB de la Route St-Paul, tard dans la nuit.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère la pollution sonore comme un risque sanitaire majeur. Selon l’OMS, le bruit excessif peut causer des troubles du sommeil, des maladies cardiovasculaires, des troubles cognitifs chez les enfants, et des problèmes de santé mentale tels que le stress et l’anxiété. La pollution sonore est donc reconnue comme un facteur environnemental ayant des effets néfastes sur la santé publique.

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