Il y a déjà près de neuf ans, et après 20 sommets aux résultats mitigés du fait « d’agents de pouvoirs » volontairement apoplectiques, la Conférence des parties sur le changement climatique (la 21e du nom, donc) accouchait enfin d’un accord digne de ce nom. L’accord de Paris prévoyait ainsi de maintenir la hausse de la température moyenne de la planète sous la barre des 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels; et de préférence sans dépasser les +1,5 °C. Chose inédite alors : 194 États, en plus de l’Union européenne, auront ratifié le traité international, poussant le monde à qualifier l’accord « d’historique ». Et il faut admettre qu’en ce sens, il l’était.
C’était cependant sans se douter que ce regain d’espoir ne durerait pas très longtemps, car en tant qu’organe décisionnel, les COP auront conservé des Nations Unies leur aspect non contraignant. Résultat : aucune obligation pour les parties signataires de respecter leurs engagements, si ce n’est d’un point de vue éthique. Or, l’on sait tous qu’en matière politique, la morale n’occupe que peu de place, voire aucune, tant d’intérêts jugés hautement plus importants entrent en ligne de compte, surtout d’un point de vue économique. Autant dire que les résolutions n’auront été que très peu respectées, et même aucunement dans une bonne partie des cas.
Les COP suivantes auront d’ailleurs été pour la plupart décevantes. En atteste la dernière en date, tenue fin d’année dernière à Dubaï, première ville des Émirats Arabes Unis, et dont la prospérité tient essentiellement à la production pétrolière. Et si vous trouviez d’ailleurs l’idée saugrenue que d’instaurer une conférence sur le climat, supposée amener un changement dans notre production énergétique, dans un lieu dominé par l’or noir, vous n’êtes pas au bout de vos surprises puisque la prochaine conférence se tiendra en Azerbaïdjan, autre grand producteur mondial de pétrole.
En résumé, les COP n’auront non seulement servi qu’à peu de chose, si ce n’est de remettre sur le tapis la question climatique sur les devants de la scène médiatique, mais l’on aura même assisté, malgré la pandémie de Covid, à une hausse continue de nos émissions de gaz à effet de serre. Et comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, une autre devrait bientôt, selon toute vraisemblance, constituer une nouvelle douche froide pour les défenseurs du climat : l’élection de Donald Trump à la présidentielle américaine – celui-là même qui, durant son premier mandat, aura jeté aux orties l’accord de Paris.
Le 5 novembre prochain en effet, soit une semaine seulement avant l’ouverture de la COP29, les Américains se rendront aux urnes pour élire leur nouveau président. Or, à en croire les observateurs politiques, le prochain locataire de la Maison Blanche devrait sans nul doute être l’homme à la chevelure jaune, du fait notamment d’un Joe Biden qui, bien que s’étant aujourd’hui retiré de la course, aura largement hypothéqué les chances du camp démocrate, mais aussi du capital sympathie bénéficiant à un Trump combatif, quasi élevé en « héros » en laissant échapper un poing levé après avoir frôlé la mort sous les tirs d’un forcené. Tout ça pour dire qu’en matière de lutte contre le changement climatique, le pays de l’Oncle Sam risque très rapidement de basculer à nouveau du côté obscur.
Relevant en effet le fossé béant entre Joe Biden (alors encore candidat à sa réélection) et Donald Trump en termes de politique environnementale, une analyse menée par le site Carbon Brief mettait d’ailleurs récemment en relief les conséquences désastreuses pour le climat en cas d’un second mandat de ce climatosceptique. Ainsi, selon ses auteurs, une victoire du Républicain entraînerait une augmentation de pas moins de 4 milliards de tonnes de gaz à effet de serre que son adversaire au niveau des émissions américaines.
Non seulement l’ancien président ne se cache pas de vouloir annuler l’ensemble des mesures environnementales de Joe Biden, mais il compte aussi investir davantage dans les énergies fossiles et supprimer les subventions encourageant l’achat de véhicules électriques. Comme il l’a dit lui-même à la primaire républicaine : « Nous allons forer, bébé, forer. »
Un risque moindre, croyez-vous ? Un cas isolé, anecdotique ? Détrompez-vous ! Les conclusions de Carbon Brief sont sans équivoque : « Un second mandat de Donald Trump, qui parviendrait à démanteler les politiques climatiques de Joe Biden, mettrait probablement fin aux espoirs mondiaux de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 °C. » Et pour cause : après la Chine, les Etats-Unis sont le deuxième plus gros émetteur du monde. La probable élection de Donald Trump réduira ainsi à néant les quelques maigres espoirs qu’il nous restait d’offrir un temps de répit à l’humanité et au reste du vivant !