Huit jours déjà. Maurice a été le témoin impuissant d’un effroyable drame. Six jeunes, encore à la fleur de l’âge, une expression voulant tout simplement transmettre l’idée de beauté juvénile et de vigueur physique, en route pour le pèlerinage de Maha Shivaratree, ont été foudroyés par des flammes intraitables, éliminant inexorablement tout sur son passage.
Aujourd’hui encore, les parents des victimes, leurs amis et surtout ceux faisant partie de ce groupe, qui avait à peine entamé les premiers kilomètres de ce long périple, arrivent difficilement à se réconcilier avec les conséquences de cette fraction de seconde de contact entre ce fil du réseau électrique du Central Electricity Board (CEB) et le Tip du kanwar, confectionné avec amour et passion pendant au moins un mois par des membres du Trikaal Sena de Triolet.
Pourtant, en amont du pèlerinage de Maha Shivaratree, les autorités, notamment sous la forme d’une National Task Force au plus haut niveau de l’État, avaient multiplié les rencontres, voire les mises en garde, pour assurer la sécurité des pèlerins sur la route de Grand’Bassin. Le précédent de Mare-Longue, avec deux victimes, avait marqué les esprits de manière vive.
L’intention noble était d’arriver à des mesures Foolproof pour pouvoir dire : plus jamais ça ! Car avec des vies humaines perdues, difficile à dire que la leçon a été apprise. Le prix est trop élevé. Une victime reste toujours une de trop. L’île Maurice, avec sa caractéristique de nation arc-en-ciel, en est pleinement consciente.
Mais avec le 3 mars, Ashram Road, Arsenal, le bilan est trop accablant. La douleur des proches peut être difficilement soulagée. Tant elle est cruelle. Donc, comme le dit si bien l’Anglais Don’t Cry over Spilt Milk, en s’engageant dans un exercice de Blame Game dans ce drame humain, dépassant toute considération. Sinon que d’alourdir le poids des émotions irrespirables des rescapés et des proches, arrivant difficilement à gérer le post-3 mars.
Toutes les analyses savantes n’auront pas la faculté de ramener les événements à avant ce fatidique 3 mars, 17 h 30. Néanmoins, cette dernière date a le potentiel de remettre en perspective, à la veille du 56e anniversaire de l’indépendance et du 32e de la république, l’importance de la rigueur et de la discipline dans le quotidien. À tous les niveaux et dans n’importe quelle circonstance.
En tout cas, c’est ce qu’a privilégié l’évêque de Port-Louis, Mgr Jean-Michaël Durhône, lors de son message diffusé quasi-intantanément dans la soirée du dimanche 3 mars. Certes compatissant à cette atroce épreuve, il tire la sonnette d’alarme sur un fait, qui pourrait paraître anodin, voire insignifiant.
Mgr Durhône a fait un pressant appel à ceux intervenant sur les réseaux sociaux de ne plus retransmettre ces images choquantes des séquences du drame d’Arsenal, filmées sur le vif. Il ne pointe pas du doigt les auteurs de ces enregistrements. Mais il demande tout simplement à ceux qui seront tentés par la rediffusion en boucle de ces images de faire preuve de rigueur et de discipline dans leur démarche personnelle. Soit geler la propagation de ces palabres en images virtuelles.
Certes, cela n’a pas empêché ces images de continuer à circuler. Mais ce réflexe est susceptible de faire prendre conscience que le plus petit geste de rigueur peut épargner un plus grand malheur.
N’est-il pas aussi vrai que dans tout drame humain l’identité des victimes n’est pas révélée à tour de bras ? Tout policier, qui se respecte, sait que tant que le Next of Kin n’est pas informé, ce détail n’est pas révélé. Qu’y a-t-il à être le premier à annoncer le nom d’une victime ?
Tout cela relève de la discipline et de la rigueur dans le code de la vie de tous les jours.
En plus, le kanwar d’Arsenal n’était pas unique en son genre sur la route de Grand’Bassin. Depuis le début du pèlerinage, il y a plus d’une dizaine de jours, les exemples de difficultés rencontrées par les porteurs de kanwars surdimensionnés pour surmonter les obstacles sur la route de Grand’Bassin étaient légion. Les preuves visuelles ne manquent pas. Avec policiers en tant que témoins de premier plan.
Mais dans ces cas précis, l’uniforme, symbole par excellence de la rigueur et de discipline, pour des raisons inavouables, a joué aux abonnés absents, pour ne pas dire «vir kasket divan deryer », pour garantir la sécurité de tout un chacun sur la voie publique ou encore assurer l’intérêt public.
Les Police Headquarters des Casernes centrales ont jugé plus facile la complaisance de la tizann apre lamor qu’autre chose, encore moins se mouiller l’uniforme en cette période préélectorale…