Razeeyab Nuther Saib avait 71 ans. Elle avait connu une riche carrière dans l’enseignement. Elle était à la retraite et ne présentait aucune prédisposition d’agressivité envers son voisinage à Trèfles.
Marc Henri Collaud était un ressortissant suisse, âgé de 75 ans, et s’était installé à Maurice, croyant trouver un havre de paix pour sa retraite. Il était connu à Terre-Rouge pour sa générosité envers les nécessiteux.
Abdoolah Fakeermahamood avait 63 ans et était employé du Police Executive Service. Habitant Plaine-Verte, il avait cru bien faire en accueillant un tailleur en tant que locataire. Il n’avait aucune raison de s’inquiéter outre mesure. Toutefois, son malheur est que le tailleur a un fils toxicomane sous le même toit.
En moins d’une semaine, ces trois aînés, qui ont connu des vertes et des pas mûres dans leur quotidien, ont été littéralement exécutés par leurs agresseurs sans cœur. De surcroît, ces derniers avaient côtoyé leurs victimes et avaient prémédité leurs crimes odieux.
Ces agressions mortelles sortent de l’ordinaire de par leur séquence en un si court laps de temps. Soit une semaine.
Trop facile de tirer la conclusion que le Law and Order fout le camp. Pourtant, à chaque budget, les parlementaires applaudissent quand le Grand Argentier annonce le recrutement de policiers. Peut-être plus approprié de parler de Misguided Priorities à la tête de la force policière.
À ce titre, qui pourrait éviter de faire allusion au fait que le commissaire de police est engagé dans une stérile campagne à l’encontre d’un autre détenteur d’un poste constitutionnel, en la personne du Directeur des Poursuites publiques ? Sauf pour reprendre le philosophe Blaise Pascal, qui avait trouvé que « le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point ».
La succession de ces viles attaques contre des membres sans défense de la communauté du troisième âge, pourtant si chère dans les priorités du gouvernement, vu les récentes décisions au niveau de la Basic Retirement Pension (BRP), n’est nullement un phénomène nouveau.
Jusqu’ici, les autorités, notamment la police, ont pris pour de Larzan Kontan la multitude de cas de menace et d’agression des toxicomanes contre leurs proches plus âgés, sachant que ces derniers disposent des liquidités pour assurer leurs doses quotidiennes. Les Occurrence Books des différents postes de police à travers l’île pullulent de dépositions de ces victimes. Cette tendance a-t-elle provoqué un sursaut quelque part à l’effet que le tissu social est menacé ?
La police avait cru avoir affaire à des Petty Thefts. Et sans penser que demain, cette propensité s’affichera sous forme de grande criminalité, mettant à risque la sécurité des plus faibles de la société.
Hélas, le cœur de cette situation n’est autre que la dégradation des mœurs avec la prolifération du fléau de la drogue. Le facteur commun est que ces coupables volent et tuent parce qu’ils sont en manque.
Pourtant, l’Hôtel du Gouvernement reprendra le mantra de la police au titre des saisies records de drogue avec la valeur marchande frisant des dizaines de millions de roupies à chaque fois. Même si ces enquêtes policières pour faire condamner ceux en détention alors que les cerveaux demeurent de parfaits inconnus, piétinent depuis une dizaine d’années déjà.
Les opérations de saisie, en tous genres, les unes plus spectaculaires que les autres, se multiplient. Mais les parrains restent intouchables et le réseau de distribution de stupéfiants ne souffre d’aucune pénurie.
Avec la population d’accros en drogues, étant ce qu’elle est, à coup sûr la question qui se pose est qu’il y a une lacune dans la stratégie de lutte contre le trafic de drogue. Ceux qui assurent l’approvisionnement du marché en drogue ne le font pas Pro Bono. Ils le font avec Larzan Kontan.
En tout cas, ces sources de financement des importations de drogue semblent intarissables. Le mécanisme permettant d’assurer le transfert de fonds en amont ne peut être aussi occulte que cela d’autant plus qu’il y a des intermédiaires dans toutes ces opérations. Le cadre légal adopté prévoit des Suspicious Transactions Reports à être soumis à des Law Enforcement Agencies, dont le mandat est de lutter contre le Money Laundering et ses corollaires.
À ce jour, la page à ce chapitre est des plus blanches. Ce triple meurtre de personnes en moins d’une semaine, avec en toile de fond le fléau de la drogue, ne devrait-il pas être un signal d’alarme pour ces LEAs en vue de remettre en question de manière fondamentale leur stratégie et ne pas prendre pour de Larzan Kontan les saisies, aussi conséquentes soient-elles ?
Surtout qu’aux yeux des autorités à travers l’ICTA, personne ne peut bénéficier de la présomption d’innocence vu que tous les détenteurs de SIM Cards doivent se faire réenregistrer pour réarmer la lutte contre les trafiquants de drogue.
Alors Larzan Kontan ou Kontan Larzan.