ZIBYA ISSACK
La plume du cœur recèle souvent ses intentions et son état d’âme. Derrière son écriture se cache une personne calme, joviale, ironique, ou tout simplement révoltée. Parfois, lorsqu’on écrit, on écoute son cœur plus que sa conscience. On écrit, on extériorise ce qu’on ressent et on passe à côté des différentes sensibilités des lecteurs. Bien trop imbu de soi-même pour regarder les choses en face, on tombe alors fatalement dans ce qui est moralement indéfendable. Et c’est ainsi, sans remords qu’on se lance, aveuglé par les sentiments, dans la formulation calomnieuse, qui englobe le mépris et la hargne. L’idée de dénoncer se fait malheureusement souvent devancer par la volonté de détruire. On porte bien évidemment atteinte à la considération et à la réputation d’autrui et on se lance, tel un assassin, dans une bataille acharnée contre des personnalités ou des gens qu’on veut voir disparaître. La volonté de détruire apaise l’âme de celui qui bouillonne de voir l’échec total de l’autre.
C’est ainsi, sous une plume libre et merveilleusement acide qu’on décortique, qu’on déchiquète. On détient le pouvoir des mots et notre écriture devient cette arme tranchante impitoyable. Intouchable, voilà ce qu’on est lorsqu’on sait bien écrire. Notre texte devient alors une exploration de notre vanité, de notre capacité à flatter ceux qu’on aime et à faire souffrir ceux qu’on n’aime pas. On passe à côté de l’essentiel : notre sens de l’objectivité. Les plus pompeux vous diront qu’il s’agit de la liberté d’expression. « La liberté est le droit de faire ce que les lois permettent », nous disait si bien Montesquieu. Mais parfois, on a tendance à s’arroger certains droits et à prendre la loi entre ses mains. C’est ainsi qu’on finira par se faire rattraper par ce qu’on appelle en anglais, la ‘natural justice’.